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Aux alentours de Strasbourg, 19 août 1940.

Draco Malfoy ne possédait plus la moindre notion du temps depuis un long moment déjà. Certain d'avoir perdu connaissance, il s'était éveillé au milieu des décombres un court moment avant de sombrer dans le néant une nouvelle fois.

Il avait à peine eu le temps de distinguer les corps dispersés et les quelques gémissements brisant le silence. Avant de cesser de lutter contre la douleur qui irradiait l'ensemble de son être, une silhouette sombre s'était penchée en sa direction, refermant l'étau autour de lui. L'obscurité s'était éprise de Draco. Encore.

Ce ne fut que quelques heures plus tard qu'il s'éveilla pour de bon. La pièce humide dans laquelle il se trouvait ne lui était pas familière. Il frissonna. Où se trouvait-il ? Pas dans un hôpital visiblement, bien que sa condition nécessite des soins urgents. Que s'était-il passé ? Il se souvenait très nettement de l'accident, du choc qui avait ébranlé toute la carcasse du wagon, mais ensuite ?

Il se redressa péniblement, étouffant une plainte quand ses membres hurlèrent de protestation d'un long cri commun. Une sévère migraine empêcha le moindre mouvement brusque et, après un rapide coup d'œil circulaire, Draco remarqua de nombreuses silhouettes allongées ici et là. Malgré le vertige qui le submergea, il parvint à reconnaître cinq des six voyageurs du train direction Strasbourg. Il n'était donc pas seul. Était-ce censé le rassurer ? Non, au contraire, cela ne fit que l'effrayer davantage. Quelqu'un leur voulait du mal et la solution à cette énigme paraissait, tout à coup, douloureusement évidente.

L'attente commença sans qu'il ne sache quelle heure il se faisait. Le temps s'écoulant comme pour le narguer de son évidente supériorité. Il ne pouvait lutter contre une telle force et se laissait envahir par ses pensées, sombres illustrations des perversités de son esprit.

Le sort qui l'attendait n'avait rien d'enviable et Draco ne se permettait aucun sursit. Il ne devait en aucun cas se montrer idéaliste, les personnes qui les avaient parqués ici comme du bétail n'auraient pas la moindre pitié pour eux tous. Ils finiraient par les abattre un par un et la mort leur apparaîtrait comme une bien délicieuse délivrance.

Le jeune aristocrate regroupa ses membres contre sa poitrine, le dos pressé contre le mur glacé. Bien que conscient de la saleté qui l'entourait, ce constat lui sembla immédiatement bien dérisoire. Si les gémissements de ses congénères l'importunaient, il se garda bien de s'en plaindre. Bientôt, il n'aurait plus à s'en soucier alors les excès de zèle étaient inutiles.

Draco songea à Blaise, honnêtement navré de l'abandonner de la sorte au milieu d'un monde qui n'hésiterait pas à dévorer ses restes encore chaud. Au milieu d'une terre qui ne le méritait pas. Que lui adviendrait-il ? Quelles étaient ses chances de survie ? Presque nulles, il ne fallait pas rêver à l'impossible. L'Allemand s'excusa aussi auprès de sa mère, à peine conscient de brûler les étapes et dramatiser la gravité de sa situation. Narcissa ne méritait pas cette guerre et la manière délicate dont elle était impliquée. La tendresse qu'il éprouvait pour elle étreignit son cœur douloureusement alors que le visage d'Harry s'imposait à lui. Il ne regrettait pas un seul instant d'avoir sauvé sa vie à de multiples reprises certain, au fond de lui, que le juif le méritait. Il espérait seulement qu'il protégerait son meilleur ami et pensa qu'il aurait dû les payer plus grassement, cela leur aurait permis d'être à l'abris du besoin.

Et de se montrer plus fidèles, même par-delà la mort, lui souffla perfidement une petite voix dans son esprit.

Draco passa une main lasse et tremblante sur son visage. La poussière recouvrait ses traits ainsi que des coupures légères et quelques hématomes. Le reste de son corps ne faisait pas exception, le choc avait été rude et la souffrance ne semblait pas prête à renoncer à lui.

Cueillir les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant