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— Es-tu certaine qu'il ne t'a rien dit d'autre.

— Non. Non, je t'assure ! Il m'a ordonné de rester immobile et il est parti. Il était déjà loin au moment où je me suis retournée.

Draco faisait les cent pas dans le salon au point de raviver l'angoisse d'Hermione. Il était revenu des heures après le retour de la jeune femme dans la bâtisse cruellement vide et il ne se défaisait pas de cette rage froide et dominatrice. La médecin le lisait à travers la vitre imperméable de ses yeux, elle lisait l'orage qui dévastait ses prunelles grises et ne pouvait qu'en frémir. Elle ne saurait endiguer une pareille colère.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ? Tu ignores de qui il s'agit.

— Je ne vais certainement pas faire de mal à Harry et Blaise, gronda le blond. Merde, mais comment cela a-t-il pu se produire ?

— C'est un accident, tu n'y peux rien et moi non plus. Quelqu'un souhaite te voir souffrir et s'il est capable de mettre la main sur deux personnes pour ce faire, c'est que...

— C'est que cette enflure est capable de tout, persifla Draco, d'une voix rauque, ses yeux courant sur les murs, sur les meubles, sur cette absence omniprésente.

— Nous n'en savons rien, protesta Hermione, qui s'acharnait à calmer la fureur de son homologue allemand.

— Il t'a menacé avec un revolver, cela ne te semble pas assez clair ?

— Il n'avait peut-être pas l'intention de s'en servir.

— Celui qui porte une arme sur la tempe d'une femme désarmée est forcément prêt à s'en servir !

Hermione pinça les lèvres. Peut-être tentait-elle d'ignorer la réalité, peut-être se préservait-elle inconsciemment d'une peine trop grande pour être encaissée. Draco ne lui accordait aucun répit et il paraissait sans pitié ainsi, dressé au beau milieu du salon avec tant de gravité.

— Nous n'avons aucun moyen de savoir de qui il s'agisse.

— Décris-le-moi. Il doit s'agir d'un homme qui travaille à mes côtés puisqu'il savait pour Blaise et qu'il a pu briser, part par part, tout le plan que nous avions établi.

— Je ne comprends pas pourquoi il m'a épargné. Il a enlevé Harry et Blaise, mais il m'a laissé repartir, murmura Hermione, songeuse.

— Ce n'est certainement pas par pitié.

— Je suis une femme, peut-être que cet homme se répugnait de faire subir un tel traitement à une femme, suggéra-t-elle, un éclat de dégoût perlant dans sa voix face à une dissociation aussi révoltante.

— Je ne pense pas, il n'a pas hésité à te menacer, il n'aurait eu aucun scrupule à te séquestrer aussi. Or, il avait besoin de quelqu'un.

— De quelqu'un qui jouerait le rôle de messager.

Ils se jaugèrent en silence. La nuit commençait à tomber, le crépuscule laissant place à une nuit d'encre. La journée avait été interminable et semblait s'étaler sur des semaines. Hermione était épuisée, sa dernière vraie nuit de sommeil parut remonter à des mois entiers. Elle étouffa un bâillement dans le creux de sa main. Moralement et physiquement, l'épuisement la gagnait, mais comment pourrait-elle fermer l'œil alors que la situation ne pourrait être pire ?

— Tu ne peux pas te jeter dans la gueule du loup, désapprouva-t-elle, avant même que son interlocuteur n'en ait formulé le souhait.

— Je refuse de rester ici en attendant que les choses se passent. Je refuse de n'avoir aucune emprise sur les événements ! rugit Draco, toujours hors de lui, le temps ne semblant pas apaiser son courroux.

Cueillir les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant