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— En revanche, je ne pensais pas que tu cherchais à accomplir le rêve de grandeur de ton défunt père.

Nott ricana. Ils étaient si proches qu'ils auraient pu se toucher. Un pas suffirait et, pourtant, sans trop savoir pourquoi, personne n'effectuait le moindre geste. Ils parlaient, tout simplement.

— Jusqu'à où serait allé ce manège ? Jusqu'à ce que ta poule aux œufs d'or est épuisée son stock et que tu n'es plus rien à espérer d'elle ?

— Précisément.

— Et maintenant, que comptes-tu faire ?

Le sourire qui couvrit les lèvres de Nott déplut immédiatement à Draco, comme s'il décelait déjà l'atrocité qu'il s'apprêtait à dire. Severus ne prononçait pas un mot plus haut que l'autre, calme, froid, presque aussi calculateur que son interlocuteur. Pourtant, il paraissait suspendu au creux de ses lèvres.

— Vous êtes misérables, vous deux !

Cette fois, et pour la première fois depuis de longues minutes, Nott s'adressait à Draco et à Severus. Il se gaussa grassement durant quelques secondes, comme pour extérioriser une part du rôle qu'il lui avait fallu jouer.

— Vous croyez que je n'ai pas compris votre petit jeu ? On n'est pas seulement là pour faire la causette. Vous, vous voulez juste me faire perdre mon temps et m'éloigner des festivités, mais moi... moi j'ai d'autres projets !

La respiration des deux hommes se suspendit lorsqu'ils virent apparaître un pistolet entre ses doigts. Un pistolet pointé dans leur direction.

Le temps se suspendit, Draco et Severus s'immobilisèrent. Chacun connaissait la menace d'une telle arme et, surtout, savait que Nott n'hésiterait pas un seul instant à s'en servir. Il ne s'agissait pas seulement d'une menace en l'air, d'un objet destiné à soumettre autrui à sa volonté. Si le jeune allemand le présentait ainsi à eux, c'était bel et bien pour en faire usage.

— Je ne pense pas que ce soit la solution, avança Severus, qui se trouvait déjà dans l'optique très pragmatique de gagner du temps.

— Ah oui ? Et qu'est-ce que vous en savez ? C'est la guerre, je vous rappelle, qui est-ce qui ira pleurer sur un mort de plus ou de moins ?

— Mon père ne pleurera peut-être pas sur ma dépouille, mais je peux t'assurer qu'il mettra tout en œuvre pour que son unique héritier soit vengé, articula Draco, d'un calme qui l'étonna lui-même.

— Pas s'il sait quels penchants immondes sont les tiens, persifla Nott, qui ne semblait pas prêt à en démordre.

La gueule du pistolet pointé dans leur direction, l'urgence primait sur tout le reste. Les cerveaux fonctionnaient à toute allure. Ils se devaient de sauver leurs peaux et si l'envie de fuir la menace de l'arme à feu grandissait à chaque instant, Draco avait cessé depuis longtemps d'incarner la victime qui se serait enfoui en larmoyant. La guerre l'avait endurci, impitoyablement, et il s'apprêtait à en donner la preuve.

— Qui viendra le lui prouver lorsque je serais mort ? Si je disparais, tu dis adieu aux privilèges que tu voulais me dérober, cette place que tu n'obtiendras jamais.

Le pistolet souffrit un tremblement.

— Encore votre petit jeu ! Si vous saviez à quel point vous êtes pathétiques à vouloir sauver vos vies à tout prix. Je pourrais vous descendre tous les deux, comme des lapins !

— Tu as l'occasion rêvée, consentit à admettre Severus. Qu'est-ce qui t'en empêche ?

Un nouveau sourire. De ces rictus glaçants que Draco avait appris à craindre, à haïr, à souhaiter annihiler. La nuit les enveloppait et il craignit de ne jamais s'en échapper. Il refusait pourtant de mourir ainsi, alors qu'il se trouvait si proche de retrouver Harry, de le sauver pour de bon. Nott ne pouvait pas lui refuser cette chance.

Cueillir les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant