Strasbourg, 30 août 1940.
Severus avait élu domicile dans l'une des nombreuses chambres de la résidence. Si Hermione s'habituait sans trop de difficultés à ce nouveau pensionnaire silencieux et d'une humeur massacrante, Harry ne parvenait pas à l'imiter.
Le parrain de Draco se montrait particulièrement sévère en sa présence, lui témoignant un mépris singulier. Croiser son visage d'une pâleur mortelle, ses cheveux gras retombant mollement sur son front blême, ne pouvait être synonyme que de mauvais présage.
Le blond n'avait d'ailleurs pas trouvé le courage nécessaire à engager une conversation avec Harry. Il en avait touché un mot à Blaise qui, compatissant, lui avait clairement indiqué que cette solution était de loin la meilleure. Il l'avait rassuré d'un mot, il ne devait pas s'inquiéter pour son sort, il ne courrait aucun danger immédiat entre ses murs. Et Hermione veillait sur lui de son mieux.
Severus poussa son filleul à se décider à aller trouver le juif pour lui expliquer la situation. Ce fut en fin de journée que Draco abandonna la lutte pour héler son cadet, alors que celui-ci quittait la chambre après lui avoir annoncé une partie d'échecs à l'étage inférieur :
—Harry, attends.
L'intéressé se retourna pour lui adresser une interrogation informulée. L'Allemand lutta pour conserver le contrôle qu'il portait encore aux événements. Il articula, conscient de son extraordinaire maladresse :
—Il y a quelques jours, Severus m'a fait une... une sorte de proposition.
—Laquelle ? s'enquit Harry, sur le ton pressant de celui qui feignait l'indifférence.
—Il m'a proposé de rentrer avec lui à Belfort, lâcha Draco, le regard ancré sur celui de son interlocuteur.
Harry s'immobilisa après avoir fait face à l'Allemand, visiblement déboussolé par cet aveu. La partie d'échecs qui l'attendait en bas venait de lui sortir de l'esprit, tout comme tout autre détail insignifiant. Il se reprit rapidement, masquant son drôle par une expression faussement dégagée qui ne dupa personne.
—Quand pars-tu ? demanda-t-il.
—Pressé de te débarrasser de moi, Potter ? grinça Draco, ignorant le pincement au cœur qui le saisit.
—Tu as l'opportunité de quitter Strasbourg sans dommages, tu ne vas quand même pas la refuser.
Le malentendu grandissait de minutes en minutes. La fierté des deux hommes rentrait en jeu, et la situation pourrait bien devenir conflictuelle. Cette joute verbale n'avait plus rien de rafraîchissant et le blond choisit d'y mettre un terme. Il se leva, ignorant la douleur diffuse de ses côtes pour défier Harry d'un regard intransigeant :
—Je n'ai pas l'intention de quitter la ville seul.
—Blaise t'accompagnera, ça me paraît évident.
—Tu es un idiot, Potter.
Draco fit mourir la distance qui les séparait de quelques pas sûrs. Il secoua la tête de droite à gauche, interdit de constater le manque d'esprit de son vis-à-vis. Alors que ce dernier s'apprêtait à protester, il énonça, avec franchise :
—Severus m'a proposé de quitter Strasbourg avec toi.
—Quoi ? Mais tu as perdu la tête ? s'emporta Harry, furibond.
L'Allemand ne se laissa pas démonter par les éclats de voix de son cadet. Il détailla sa masse capillaire désordonnée qui semblait refléter l'agacement de leur propriétaire. Il croisa le regard absinthe pour finalement reprendre, armé d'une patience bien limitée :
VOUS LISEZ
Cueillir les étoiles
FanfictionLe 1 septembre 1939, le second conflit mondial éclate. Deux idéologies s'opposent et s'affrontent avec pour unique objectif l'anéantissement ennemi. Quelques mois seulement après le début des combats, la France accuse une cuisante défaite. L'Alsace...