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Strasbourg, 16 août 1940.

La journée touchait à sa fin et Hermione rangeait soigneusement chacune de ses affaires. Les quelques heures qu'elle venait de passer à surveiller son patient avaient été d'un calme plat, mais reposant. Cela la rassurait dans un sens, alors qu'autrefois elle aurait haï cette douce accalmie. Aujourd'hui, elle lui permettait d'espérer en silence, de prier pour que tout rentre dans l'ordre avant qu'ils n'y laissent leur peau.

Blaise Zabini se portait mieux, bien mieux qu'à son arrivée. L'hémorragie interne avait été maîtrisée et les os brisés commençaient à se ressouder. Le processus serait long encore malgré toute la bonne volonté du blessé qui espérait se revoir sur pied le plus rapidement possible. Il cachait habilement la souffrance qu'il traversait par un sourire ravageur, mais les deux médecins voyaient les grimaces qu'il ravalait à chaque inspiration trop forte ou à chaque quinte de toux. Une douleur aiguë qu'une fierté purement masculine rendait honteuse.

Harry pénétra dans l'antre, sur son front perlant de grosses gouttes de sueur. Il passa une main dans ses cheveux humides, interceptant le sourire narquois de son amie. Il crut bon de se justifier :

—La chaleur dehors est épouvantable !

En réalité, ces températures restaient élevées même à l'intérieur et tout le monde vivait dans une éternelle économie de mouvement, limitant les efforts inutiles. Chaque geste était synonyme d'inconfort, encore davantage lorsque l'on était convalescent.

—Tu vas pouvoir profiter de la fraîcheur cette nuit, ne pense pas une seule seconde à te plaindre, rétorqua Hermione, menaçant son homologue à l'aide du torchon qu'elle pliait plus tôt.

—Très bien, je ne me plains pas. La journée était si longue ?

—Pas tant que ça, j'exagère un peu. Il a insisté plusieurs fois pour se lever et faire quelques pas.

—Et tu songes très sérieusement à l'attacher à son lit ? s'enquit Harry, un sourire en coin sur les lèvres.

Elle rit légèrement, rassemblant le reste de ses affaires. L'attacher au lit ? Elle préférait ne pas songer au sens caché de cette drôle d'expression. Il n'y avait que le Français pour imaginer une telle répartie sans la moindre pensée à son égard. Ses joues rosirent alors qu'elle s'apprêtait à quitter les lieux, sans rancune.

—Je ne pense pas qu'il apprécierait que je l'attache au lit. N'y pense pas, Malfoy te tuerait.

—Malfoy n'est pas là, la contredit le juif, une sorte d'amertume servant d'inflexion à sa voix.

Hermione secoua la tête de droit à gauche, ses boucles brunes absorbant le mouvement docilement. Ce garçon était impayable, quoi que l'on lui dise. Elle lui lança encore, en guise de salut :

—Tu ferais bien d'oublier cette idée, Harry. Et ne t'endors pas cette fois !

—Hé ! Pourquoi je m'endormirais ?

—Tu n'avais aucune raison la dernière fois !

Et elle disparut. La nuit serait longue et il fallait se montrer discret, les rideaux et les volets rabattus pour que personne ne voie la lumière qui baignait les lieux. Des précautions que les deux médecins suivaient scrupuleusement jour après jour.

Il entra dans la chambre du métis qui observait droit devant lui, bien éveillé. Il n'était pas un patient particulièrement difficile, mais avait la fâcheuse manie de souhaiter se remettre plus vite que son corps le lui autorisait. Une volonté salutaire qui allait à l'encontre des possibilités humaines.

Cueillir les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant