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/!\ Le chapitre qui comprend un contenu explicite qui ne convient pas aux plus jeunes ni au plus sensibles. N'hésitez pas à sauter cette partie si cela vous met mal à l'aise /!\


Belfort, 10 octobre 1940.

Harry avait suivi chaque geste de son amant, du regard affamé et tendre qu'il avait posé sur lui, jusqu'à la caresse qui combla sa peau fiévreuse. Le baiser qui trouva le chemin de ses lèvres lui coupa le souffle, mais ne le combla pas. C'était bien trop peu.

—Est-ce que tu comptes partir sous prétexte que je suis souffrant ? s'enquit-il, alors que la bouche de Draco narguait la sienne de son insoutenable proximité.

—Cela dépend... T'en sens-tu capable ?

Harry déglutit avec difficulté. Son cerveau conditionné de médecin l'encourageant à la prudence tandis que son désir l'invitait à faire fi de tout ce qui saurait le contraindre. Il se savait faible et n'était pas certain de pouvoir se vanter de la forme nécessaire. Pourtant, une part de lui se moquait bien de la retenue et il était bien tentant d'écouter cette petite voix charmeuse.

—Les rôles s'inversent, il y a peu tu étais le blessé et je jouais les médecins.

—Ma guérison a été optimale, docteur, articula Draco, empruntant ses airs de séducteur.

—Pourvu que la mienne le soit tout autant.

—Laisse-moi m'en assurer.

Soudain, la tournure que prenait la conversation plut à Harry. Le regard serti de luxure de son amant le fit se sentir désiré malgré l'état de son corps meurtri. Il fit d'ailleurs part de cette crainte à son partenaire, masquée derrière un brin d'assurance factice :

—Ce visage ne devrait pas te donner envie de...

—Le mien ne t'a pas repoussé, rétorqua Draco, qui ravala une blague déplacée au sujet de sa beauté exceptionnelle peu importe les circonstances.

Harry se tut, tout esprit de protestation envolé. Seule la migraine qui le torturait demeurait comme argument acceptable. Le regard de luxure que l'homme coulait sur son être ravivait une envie qui n'avait jamais été aussi terrible. Sa main quitta la cuisse de l'Allemand pour se glisser derrière la nuque recouverte de cheveux blonds. Il admira avec une dévotion inchangée la perfection de cet épiderme pâle, presque diaphane.

Draco prit ce geste pour le consentement qu'il attendait et, en effet, le Français ne tenta pas de se soustraire à son toucher. Ses doigts glissèrent le long de l'attache de son vêtement avant de retirer cette entrave d'un geste lent et calculateur.

—Tu as décidé de me faire perdre complètement l'esprit ? s'enquit Harry, qui réalisait qu'ils ne s'étaient jamais risqués à de telles paroles durant ces moments d'abandon.

—J'achève ce que le traumatisme crânien a commencé, sourit Draco, ses lèvres se déposant sur la peau découverte à la naissance de l'épaule.

—Je ne suis pas encore complètement gâteux.

—Mais tu n'es pas suffisamment fort pour m'échapper.

Comme pour lui prouver le contraire, Harry se débattit légèrement, mais la bouche de son amant se faisait pressante. Il abandonna la lutte, la fraîcheur de la pièce heurtant son épiderme nu. Installés sur le petit lit dans une position précaire, ils se fichaient de ces détails. Le juif se débarrassa de la couverture alors que son aîné embrassait ses lèvres avec plus d'impatience. Les effluves de leurs ébats passés revinrent à l'esprit du médecin qui sentit le rouge lui monter aux joues. Les mains inquisitrices posées sur son corps ne lui laissaient pas le moindre répit et il se dit qu'il en avait certainement besoin. Oublier la guerre, les actes qui l'avaient mené à risquer sa vie, l'horreur qui régnait sur ce monde triste.

Cueillir les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant