Hermione sortit comme une furie de la maison familiale, sa masse capillaire impressionnante semblait illustrer son humeur du jour. La moue boudeuse, elle reconnut Harry et Ron dans l'allée, marchant sans grande volonté. La jeune femme les rejoignit en quelques enjambées, toisant froidement le rouquin pour se planter face au second.
—Ça fait un quart d'heure que je vous attends. Viens, Harry, il est à l'intérieur.
Sans trop comprendre le comportement de l'Alsacienne vis-à-vis de son nouvel ami, l'interpellé se laissa entraîner sans manifester la moindre résistance. Hermione n'était pas toujours ainsi mais se montrait victime des événements de la vie. Son intelligence lui faisait parfois défaut et l'entraînait vers des interrogations douloureuses. Si elle les gardait pour elle la plupart du temps, l'arrivée des deux garçons dans sa vie l'amenait à se confier, à leur faire part de ses peurs.
—Tu ne m'as pas dit de qui il s'agissait, ni de quoi il souffre, l'apostropha Harry alors qu'elle claquait la porte derrière elle.
Son père et elle avait aménagé une petite chambre au rez-de-chaussée pour accueillir les malades. Dépourvue d'un quelconque diplôme, Hermione exerçait malgré tout la profession de son paternel qui, quelques années auparavant, travaillait dans le plus grand hôpital de la région. Il avait abandonné cet emploi à la mort de sa femme afin de s'occuper de sa fille unique. Une histoire qui avait forgé cette famille sans problème qui offrait leurs services aux plus nécessiteux.
—Richard Lebois, il a des maux de ventre depuis deux jours et il ne mange plus. Sa femme me l'a ramené il y a une heure, débita la femme.
Harry hocha la tête, les sourcils froncés. Ils pénétrèrent ensemble dans la petite pièce où leur patient du jour attendait leur venue. Ils ne le connaissaient que trop bien et l'homme passait certainement plus de temps à s'inventer des maladies qu'à travailler véritablement. Il était l'un des nombreux boulangers de Strasbourg et amenait toujours quelques pâtisseries lorsqu'il venait se plaindre d'une nouvelle douleur. Le voir ainsi alité tira un sourire au jeune juif qui reprit rapidement son sérieux.
Pendant plus de deux heures, ils s'affairèrent. Les malades se succédaient et repartaient toujours soulagés. Hermione conserva son professionnalisme sans défaillir une seule fois, forte et performante dans le métier qu'elle exerçait. Harry la seconda avec brio, s'accoutumant aux gestes opportuns et aux réflexes qu'il lui fallait acquérir.
Finalement et aux alentours de midi, ils purent prendre congé. Le front légèrement humide, l'Alsacienne soupira. Sa sombre humeur s'était quelque peu dissipée et travailler aussi farouchement l'avait soulagée d'un poids. Elle défit le tablier et le plia soigneusement sur la chaise sans accorder un mot à son homologue.
—Hermione ? la héla le plus âgé, d'une voix propre aux circonstances.
—Oui, Harry ?
—Est-ce qu'il y a un problème avec Ron ?
Elle se tourna brutalement en direction de son vis-à-vis, ses yeux noisette semblables à des braises ardentes. Son courroux ne fut que de courte durée et elle finit par répondre, tout en stérilisant les instruments :
—Il ne me comprend pas et j'en ai assez de me justifier sans arrêt.
Le jeune homme sourcilla, une expression perplexe sur ses traits qui conservaient quelques légères rondeurs dues à l'enfance. Implicitement, il invita son amie à lui apporter les explications nécessaire et celle-ci s'attela à cette tâche :
—Je ne suis pas dupe, je sais qu'il ne me croit pas. La guerre va éclater et je ne peux pas croire que tout le monde persiste à espérer des dégâts minimes. Le conflit qui se prépare n'aura rien en commun avec ce que nous avons déjà connu. Mon père a peur et moi aussi. Le régime qu'Hitler a mis en place devrait tous nous alerter et on .... on devrait tous y penser. On n'est pas de taille à tenir tête à l'armée allemande, ça va être un massacre !
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Cueillir les étoiles
FanfictionLe 1 septembre 1939, le second conflit mondial éclate. Deux idéologies s'opposent et s'affrontent avec pour unique objectif l'anéantissement ennemi. Quelques mois seulement après le début des combats, la France accuse une cuisante défaite. L'Alsace...