L'exclamation ne tira pas l'intéressé de sa fureur débridée. Il frappa à nouveau. Le geignement de Nott lui procura une satisfaction si brutale qu'il ne put se contraindre à arrêter. Il s'était promis de ne pas être victime des provocations intempestives de l'ignoble personnage. Il avait cédé. Il avait lutté, mais l'insulte avait été de trop.
— Salopard ! cracha Draco, à son visage, après lui avoir asséné un nouveau coup.
Un coup qui cueillit du sang sur les traits de Nott. Une fleur de sang. La douleur dans les phalanges meurtries de l'Allemand n'était qu'une simple éraflure en comparaison et il se satisfaisait de l'idée que l'homme puisse souffrir bien plus que lui. Il avait l'impression de trouver enfin un semblant d'égalité. Cette pourriture méritait cette douleur, il méritait chaque coup qu'il recevait. Brusquement, Draco se demanda comment il comptait en finir avec Nott. Il se surprit de n'y avoir jamais pensé au préalable tant cette question était primordiale. Severus y avait pensé, lui, cela ne faisait aucun doute. Cette idée s'éprit de lui au même moment que la situation la plus charmeuse. Pourquoi ne pas se débarrasser de cet être odieux tant qu'il le pouvait encore ?
— Draco ! Lâche-le !
Cette fois, l'intensité vibrante de la voix de Severus tira Draco de sa fureur. Il le tira de son courroux dévastateur suffisamment longtemps pour qu'il réalise le sang qui coulait le long du visage de Nott. Ce dernier avait probablement le nez cassé et sa lèvre était fendue sur toute sa longueur. Des hématomes ne tarderaient pas à courir sur ses joues, sur son arcade et sur l'œil injecté de sang qui lançait un regard de pur mépris à celui qu'il avait sciemment manipulé. Draco se redressa après avoir pris conscience de l'étendue des dégâts. Il ne regrettait pas encore son acte et la vision du visage meurtri de son ennemi le soulageait, d'une certaine manière. Il relâcha sa vigilance un instant, et un instant seulement, et ce fut suffisant pour que Nott y perçoive une forme de faiblesse. Il enfonça son poing dans l'estomac de Draco, puis, avant que le choc ne se résorbe tout à fait, l'atteignit au visage, juste au niveau de la pommette. Il empoigna le col du blond et s'apprêtait à lui fracasser le crâne au sol, juste à côté de son corps étendu sur les dalles dures, lorsque Severus intervint. Il s'empara du corps de Draco sous les aisselles et l'entraîna hors d'atteinte.
— Cela suffit, tous les deux. Vous voulez donc vous faire prendre ? Ni l'un ni l'autre ne le souhaite, alors tenez-vous en hommes civilisés, vous n'êtes pas des bêtes, ni des enfants en manque d'attention.
Severus crachait ses paroles, mais avant qu'il n'achève ses réprimandes, ce fut Draco qui cracha un mélange de salive et de sang au visage de Nott. Un dernier point marqué avant l'intervention de l'arbitre. Il vit, entre ses cils blonds qui battaient au rythme de sa respiration sifflante, le visage déconfit de Nott et le geste qu'il eut pour retirer le crachat de son visage le dégoût, la haine, tant d'émotions qui déferlèrent sur les traits de son adversaire. Il se redressa à son tour en position assise et sans quitter du regard celui qui avait osé le défigurer de la sorte. Il ne tarda pas à se recomposer une expression transpirant le cynisme et la provocation.
— Alors, Malfoy, il semblerait que tu sois décidément incapable de gérer tes petites affaires seules ?
— Draco n'a aucun scrupule à employer des méthodes déloyales à compter de l'instant où celui qui le manipule n'en possède aucun.
La sempiternelle répartie de Severus laissa bouche-bée Nott l'espace d'une poignée de secondes. Le regard froid, calculateur et méprisant de l'aîné le terrassait sans mal et il avait manifestement affaire à un homme d'une autre trempe. Un homme qu'il ne pourrait pas manipuler à sa guise en usant de sa seule faiblesse. Il étouffa un juron. Une injure qui se perdit dans le silence de la nuit.
— Qu'est-ce que vous me voulez ?
Severus ne lui fit pas l'honneur de lui répondre. Il s'assura que Draco tenait sur ses jambes avant de jeter un regard derrière son épaule. À quelques pas, la fête battait son plein et les échos des conversations leur parvenaient. Personne ne se doutait de ce qu'il se passait et il devait absolument en être ainsi.
— Nous ne devons pas rester là.
— Vous ne croyez quand même pas que je vais vous suivre bien gentiment ? railla Nott, toute sa verve habituelle retrouvée. C'est la meilleure ! Deux contre un et vous pensez que je vais vous suivre.
— Tu vas nous suivre parce que tu ne veux pas que ces gens apprennent la pourriture que tu es ! siffla Draco.
— Parce que tu t'imagines qu'ils seront enchantés d'apprendre que tu couches avec des hommes ? Des juifs, en plus, tu signes ton arrêt de mort, Malfoy et tu es idiot de penser que tu vas t'en tirer.
L'intéressé se redressa avec hauteur. Il considéra cet homme, une part de sa colère retombée tandis que l'autre pulsait encore lui. Le venin de la rage contrôlait une part importante de ses pensées et son corps, arme dans une guerre sans fin, ne demandait qu'à s'y plier. L'animosité qui régnait entre eux était telle qu'il aurait suffi d'une parole pour que la situation dégénère à nouveau. D'un coup d'œil discret, Draco consulta sa montre. Hermione et George devaient déjà avoir libéré Harry et Blaise. Du moins, il osait encore l'espérer.
— Il suffit.
Severus s'était exprimé d'une voix grave, frémissante d'une autorité que peu lui niait. Nott se campa sur ses jambes et put enfin rendre son regard à Draco. Ils s'examinèrent comme s'ils hésitaient encore à poursuivre cette conversation. Sans l'intervention de Severus, nul ne savait où cela les aurait menés.
— Qu'est-ce que vous voulez ? Que je me repente ? Vous pouvez toujours courir !
— Régler cette affaire, contra Severus.
Nott les gratifia d'une œillade mauvaise. Il les méprisait, il méprisait tout ce qu'ils représentaient et cela n'aurait pas pu être plus réciproque. Il était même difficile de concevoir qu'ils puissent tenir une conversation sans achever ce qu'ils avaient commencé. La tension était identique, puissante et dévastatrice. Ils avaient le choix entre y mettre un terme ou la mener à l'explosion. Une explosion qui leur serait cette fois fatale.
— Tu ferais mieux d'aller rejoindre ta femme là-bas. J'imagine qu'elle ne sait pas pour tes petits penchants.
Severus ne réagit pas. Son visage ne souffrit aucune expression et Draco tâcha de l'imiter. Alors, de la manière la plus imprévisible qui soit, Nott admit, du bout des lèvres :
— Mais je dois admettre que ce n'est pas une si mauvaise idée.
Draco secoua la tête, incrédule. Ce revirement de situation aurait dû l'alarmer, mais il se trouvait tellement obnubilé par sa haine et par l'inquiétude qui nourrissait à l'égard de son meilleur ami et son amant qu'il se révélait incapable de le comprendre. Severus le comprit lui aussi, une ombre planant sur son visage. Le danger était omniprésent, trop proche pour qu'aucun ne l'ignore. Ils avaient tous une idée en tête, un plan, un projet à mener à bien. Quel était celui de Nott ? L'homme avait repris son calme et Draco avait appris à le craindre, à y voir une menace plus qu'une faiblesse. La fraîcheur nocturne éveilla un frisson sur sa peau.
— Ce n'est pas un endroit pour discuter de nos petites affaires. Allons ailleurs !
— Sage décision, souffla Severus, avant d'initier le mouvement qui les éloigna du cœur des festivités.
Sur ces belles paroles, la nuit les happa tous les trois.
Je vous poste le chapitre entier d'un seul coup puisque les deux parties sont courtes et ma coupure était assez aléatoire. Je passe également en coup de vent, mais j'espère que ce chapitre vous aura plu, il n'est pas bien long, mais il fait la transition vers les choses sérieuses, enfin.
Je vous souhaite une belle semaine !
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Cueillir les étoiles
FanfictionLe 1 septembre 1939, le second conflit mondial éclate. Deux idéologies s'opposent et s'affrontent avec pour unique objectif l'anéantissement ennemi. Quelques mois seulement après le début des combats, la France accuse une cuisante défaite. L'Alsace...