Hermione observait le ciel, campée devant la fenêtre menant à la rue déserte. L'horizon abandonnait de timides couleurs écarlates alors que le crépuscule s'apprêtait à laisser place à la nuit. Un noir d'encre qui était sur le point de s'abattre sur la ville et bien au-delà de ses simples frontières. La journée touchait lentement à sa fin, cueillant les dernières âmes esseulées avant que le couvre-feu ne soit définitivement dépassé.
Harry n'était toujours pas revenu et l'inquiétude rongeait déjà les nerfs sensibles de la jeune femme. Avait-il omis de la prévenir d'une éventuelle sortie nocturne ? Elle préférait l'envisager et oublier la raison qui lui soufflait une autre possibilité bien moins réjouissante.
Anxieuse, elle fit au mieux pour vider son esprit des multiples perversités dont il était capable. Elle patienta de longues minutes, observant le ciel devenir uniformément sombre. La nuit était tombée et son père vint à elle dans l'optique de la rassurer :
—Il va venir, Hermione.
—Ça va bientôt faire plus de deux heures qu'il devrait être de retour, articula l'intéressée, la gorge nouée. Je lui avais fait promettre de toujours me prévenir dans les cas où il se rendrait chez les Lovegood et Luna m'a dit aujourd'hui que le prochain rendez-vous n'était que dans deux jours. Il devrait déjà être là, papa !
—Il a peut-être été retenu chez un patient, contra l'homme, sagement.
—Il ne rentre jamais aussi tard, ce n'est pas normal. Il a dû se passer quelque chose. Il a forcément dû se produire quelque chose de grave...
—Il a peut-être dû faire face à une urgence, ces choses-là arrivent, Hermione.
Oui, mais pas en période de guerre. Durant un conflit, le moindre retard, qu'il soit d'une poignée de secondes ou de plusieurs heures, était source d'une peur inconsidérée. Qu'était-il arrivé ? Son ami aurait très bien pu faire une mauvaise rencontre ? Peut-être croupissait-il déjà dans le coin sombre d'une ruelle étroite ? Qui pouvait deviner par avance ce qu'il se tramait exactement ? Même le brillant esprit d'Hermione ne parvenait pas à y discerner la vérité.
—Peut-être que c'est les boches. Il a dû rencontrer les boches sur le chemin du retour et ... Oh mon dieu, faites qu'il ne lui arrive rien de mal !
Son géniteur passa son bras au-dessus de ses épaules, lui proférant un soutien précieux. Peu après, il fut contraint de rejoindre son lit, abandonnant à regret sa fille qui faisait désormais les cent pas dans la cuisine. La table avait été débarrassée à l'exception d'une assiette remplie de soupe désormais froide qui attendait, comme toutes les bonnes âmes de cette maison, le retour d'Harry.
Elle avait déjà perdu Ron, elle ne supporterait pas de voir son ami l'abandonner à son tour. Le rouquin se portait bien selon la lettre reçue en fin de matinée. Il s'était à nouveau montré très vague concernant sa position géographique, mais avait toutefois rapidement mentionné les activités auxquelles il s'adonnait avec ses deux frères, Fred et Georges : des actes de résistance. Des activités isolées, désorganisées et d'une courageuse spontanéité.
Une dizaine de minutes glissa encore hors de portée, laissant au supplice l'Alsacienne. Ce ne fut qu'à l'instant où elle se décidait à partir à la recherche de son ami, initiative proscrite ou non, qu'une silhouette se détacha du néant de cette nuit sans lune.
Elle le reconnut d'un regard : Harry !
Hermione se précipita à la porte et la déverrouilla avant de s'engouffrer dans l'embrassure. La fraîcheur de la nuit la frappa, mais elle ne ralentit pas, arrivant en quelques enjambées à la hauteur de son ami qui s'écriait, dans un haut murmure :
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Cueillir les étoiles
FanfictionLe 1 septembre 1939, le second conflit mondial éclate. Deux idéologies s'opposent et s'affrontent avec pour unique objectif l'anéantissement ennemi. Quelques mois seulement après le début des combats, la France accuse une cuisante défaite. L'Alsace...