Strasbourg, 25 juillet 1940.
Harry se promenait dans les rues désertes de Strasbourg au beau milieu de l'après-midi. Il venait de terminer la consultation de son dernier patient en compagnie du père d'Hermione qui avait immédiatement rejoint le domicile. Mais le jeune homme souhaitait profiter de cette journée, de la chaleur de ce mois de juillet.
Il n'était pas pour autant tranquille, jetant des regards inquiets derrière son épaule comme pour guetter la venue du moindre ennui. Les rues n'étaient pas entièrement désertes, des enfants jouaient ici et là et des vieillards flânaient paresseusement. Le calme n'était qu'illusions, sombre clameur d'une solide mascarade. Harry ressentait cela, respirait ce mensonge à pleins poumons comme pour s'en imprégner.
La ville, vidée d'une majeure grande partie de ses habitants, subissait la politique de germanisation des nazis. Le jeune homme lisait du coin de l'œil les affiches écrites en Allemand, les journaux où l'encre noire portait un bien sombre message. Tout cela le terrifiait bien au-delà des mots. Les fidèles soldats du Reich s'affairaient à effacer toute trace d'un passé français sans se préoccuper des quelques centaines de Strasbourgeois qui avaient refusé, tant bien que mal, à l'ordre d'évacuation.
Le jour déclinait lentement et le jeune homme décida qu'il se rendrait chez les Lovegood juste après avoir avalé quelque chose. Il hâta le pas, songeant avec nostalgie à l'atmosphère presque étouffante. La température, très élevée, n'en était pas l'unique responsable.
Harry ne pouvait s'empêcher de retenir sa respiration lorsqu'un Allemand passait à quelques mètres seulement de lui. Il pouvait sentir son regard sur lui, comme une accusation à laquelle il devait répondre. Comme si n'importe lequel de ces soldats pouvait lire en lui ses secrets. Le juif voyait le visage de ce dénommé Malfoy à chaque coin de rue, au détour du moindre visage. Il s'attendait à tout instant à croiser le regard d'argent liquide de celui qui lui avait, contre toute attente, sauvé la vie.
Harry repoussa cette pensée loin de lui. Le visage angélique de cet homme le hantait bien trop souvent et cela l'encourageait à le haïr davantage. Il refusait de voir de la pitié dans le geste de l'Allemand et ne comprenait toujours pas ce qui l'avait motivé à l'épargner de la sorte. Cela n'avait aucun sens à ses yeux, aucune explication valable.
Le jeune juif essuya quelques gouttes de sueur qui perlaient sur son front avant de pénétrer dans la maison. Tout était calme et Harry fut accueillit par la fraîcheur du logis avec un bonheur non-dissimulé. Il bailla bruyamment avant de remarquer la silhouette d'Hermione, les mains ancrées à la table. Plusieurs secondes furent nécessaires pour que le Français ne relève la mine défaite de son amie. D'une voix malhabile, il balbutia :
—H-Hermione ? Qui y a-t-il ?
Un vague silence suivit. Harry avançait d'un pas hésitant, sans comprendre la raison de l'expression terrifiée de l'Alsacienne.
—Le journal, répondit le père de cette dernière, d'une voix éteinte.
L'intéressé ne prit pas la peine de renchérir une quelconque banalité, il orienta son attention sur le quotidien qui reposait sur la table, juste en face d'Hermione. Cette dernière se décala afin que son homologue puisse prendre connaissance de l'objet de toutes les pensées.
Sur le papier, des lettres capitales formaient un titre en langue allemande dont un mot, « JUIF », se démarquait. Harry comprit immédiatement de quoi il s'agissait. Il recula d'un pas, fermant les yeux comme pour s'échapper de cette contraignante réalité.
—Ne me dis pas que...
—Si. Si, Harry, le coupa son amie.
L'espace d'un instant, il faillit perdre l'équilibre, accusant la nouvelle avec une évidente difficulté. Cela lui coûtait énormément de réaliser une telle horreur et il le fallait pourtant. Ses yeux parcoururent inopinément les quelques lignes présentes sur le papier tandis que son visage se marquait d'une infâme épouvante.
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Cueillir les étoiles
FanfictionLe 1 septembre 1939, le second conflit mondial éclate. Deux idéologies s'opposent et s'affrontent avec pour unique objectif l'anéantissement ennemi. Quelques mois seulement après le début des combats, la France accuse une cuisante défaite. L'Alsace...