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— J'ai toute ton attention, maintenant ? Sache que s'il te vient l'envie de me doubler, de remettre ma parole en question, ce n'est pas un simple objet que je leur déroberai. Même si ton précieux Harry n'était pas ravi que je lui emprunte cette vulgaire boîte ! La prochaine fois, je lui couperai un doigt !

Draco déglutit. Ainsi, Nott ne plaisantait pas et sa cruauté dépassait l'entendement. Il le lisait dans son regard, dans la folie et l'ambition démentielle qui y luisaient. L'autre soupira, retirant finalement ses bottes des papiers souillés de boue.

— Je me demande bien qu'est-ce que tu peux trouver à ce sale juif ! Entre lui et le nègre, tu as des fréquentations qui ne plairaient ni à ta tendre fiancée, ni à ton père.

— Tu as perdu la tête, Nott ! Tu comptes maintenir tes petits arrangements ici ?

— Bien sûr, et je compte sur ta discrétion. Rappelle-toi, un pas de travers et je couperai un doigt au Français. Ou peut-être toute la main, qui sait !

Le blond fut saisi de nausées. Il conserva sa contenance, ne laissant que peu d'émotions le trahir. Son adversaire, plus redoutable qu'il l'avait imaginé, pourrait s'en servir contre lui et il n'en était pas question. Il ne lui offrirait pas une chance supplémentaire d'asseoir cette répugnante autorité. Lui qui avait toujours refusé les ordres, qui avait toujours été celui qu'on obéissait, y voyait une humiliation du destin.

— Tiens, je te le donne ! En gage de sûreté, lança Nott, lui tendant l'écrin si précieux aux yeux d'Harry.

Draco s'en saisit et le rangea soigneusement. C'était désormais la seule chose qui le rattachait à son amant. La peur aveuglait son jugement et sans doute qu'Hermione aurait agi différemment à sa place, davantage portée sur la réflexion qu'il ne le sera jamais. L'autre souriait de cette docilité étonnante, mais jouissive.

— Je te contacterai pour les modalités de notre... accord.

— Lorsque tu auras décidé ce que tu exiges de moi, ironisa Draco, que ce jeu dangereux agaçait franchement.

— Ne soit pas mauvais joueur ! Tu as toujours eu ce que tu voulais, un parfait enfant gâté et tu n'as jamais pensé à partager. C'est dommage ! Et si nous commencions par de l'argent ? Je te donne une somme et tu me la ramènes dans les plus brefs délais.

Draco s'étrangla. De l'argent ? Nott était-il réellement en train d'élaborer les règles de son propre jeu juste sous son nez ? C'était démentiel au point où il peinait à y croire. L'air satisfait, son homologue proposa une somme. Une somme élevée qui estomaqua l'aristocrate allemand.

— Je ne dispose pas d'un budget infini, Nott ! Ma fortune est avant tout celle de mon père.

— Je suis certain que tu sauras te montrer ingénieux. Après tout, rien n'est impossible pour l'héritier Malfoy !

Le blond serra la mâchoire et encaissa, une fois de plus. L'argent n'était pas la pire chose que cet odieux chantage pouvait comprendre, il savait que des clauses bien moins aisées ne tarderaient pas à apparaître. Il ne demandait qu'une chose : fuir de la pièce où l'homme avait élue domicile et réfléchir à tête reposée à tout ceci. Hermione trouverait bien une solution, elle qui avait réponse à tout. La jubilation de Nott et sa fatigue ne rendaient pas grâce à son jugement et il craignait de laisser passer un détail, un infime détail. Pourquoi n'abattrait-il pas cette enflure lorsqu'il serait autorisé à récupérer son arme ? Non, qui sait quel autre homme avait été mis dans la confidence et il ne saurait jamais où se situe sa planque. Non, il n'était pas un assassin et refusait de salir ses mains du sang impur de ce lâche.

Cueillir les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant