Strasbourg, 20 juillet 1943.
La gare grouillait de monde sur les coups de midi. Le soleil n'assommait pas encore la volonté de certains et les quais étaient emplis de retrouvailles émouvantes. Si Draco ne se laissait pas émouvoir par de telles démonstrations, Hermione le sommait de ne rien laisser paraître de son ennui. Ils devaient faire bonne figure, aussi bien l'un que l'autre. La nervosité de l'Allemand n'égalait pas son envie de fuir cet endroit à toute jambe. Le train s'arrêta en gare dans un panache de fumée noire et malodorante. Cela signait leur fin, d'une manière ou d'une autre.
Pansy émergea bien vite des wagons de première classe. Elle y avait effectué à un trajet qu'elle qualifierait d'inconfortable, n'ayant pas en très bonne estime ces engins depuis sa plus tendre enfance. Elle salua son amie de voyage, une personne qui ne représenterait bientôt qu'un vague souvenir, et ordonna à un des responsables de s'emparer de ses valises, bien trop nombreuses pour un court séjour. Elle cherchait d'ores et déjà son époux d'un regard à la fois inquiet, las et impatient.
Elle s'était attendue à des retrouvailles aussi émouvantes que celles des autres passagers de son train, mais allait être fortement déçue. Elle lissa promptement sa robe avant de passer sa main dans ses cheveux, craignant qu'une mèche dépasse de sa coiffure compliquée et typique de l'aristocratie. Ses yeux fardés cherchaient frénétiquement la silhouette familière de son mari dans cette horde d'inconnu. Draco la vit avant qu'elle ne le découvre. Pour un peu, elle l'aurait touché, s'il ne la connaissait pas, il l'aurait pris pour une brebis égarée. Cette femme pourrie gâtée et hautaine cachait bien son jeu.
— Draco ! s'écria-t-elle, avec un fort accent allemand.
L'intéressé demeura parfaitement immobile, même lorsqu'elle abandonna toutes ses manières pour l'étreindre en public. Le blond l'enlaça sans grand enthousiasme, mais y mit plus d'entrain lorsque son regard croisa celui réprobateur d'Hermione. Il referma ses bras autour de la taille gracile de son épouse et attendit que les éclats de leurs retrouvailles prennent fin.
— Je suis heureuse de te revoir ! J'attendais une réponse de ta part, mais...
— Ta lettre m'est parvenue avec du retard, je n'ai pas eu le temps de te rédiger une réponse.
Pansy bougonna une réponse dans sa langue maternelle et à propos du retard fréquent des missives. Elle en oubliait les convenances, pour l'une des rares fois de son existence, trop exaltée par son bonheur pour y songer. Hermione se tenait légèrement en retrait, se prêtant subliment au jeu de la jeune alsacienne effacée et polie.
— Draco, tu ne m'as pas présenté à cette jeune femme.
L'interpellé outrepassa le manque cruel de politesse de cette remarque malgré l'air pincé et qu'à moitié souriant qu'affichait la bourgeoise.
— Pansy, je te présente Hermione, elle s'occupe de ma résidence.
La jeune allemande sourcilla. Que faisait-elle ici s'il s'agissait d'une vulgaire femme à tout faire ? Son éducation ne lui permettait pas d'en exprimer l'interrogation, mais son expression en disait long sur sa pensée.
— Elle est rapidement devenue une amie, je l'ai rencontrée lors de mon premier séjour ici, ajouta Draco, comprenant que son épouse ne se laisserait pas duper par si peu.
— Enchantée ! lança Hermione, mue d'un naturel désarmant.
Pansy fut forcée de serrer la main que l'Alsacienne lui tendait avec une réticence presque grotesque. Elle dévisagea celle qu'elle considérait d'ores et déjà comme une menace potentielle. Une concurrente et peut-être même la cause de tous les problèmes qui accaparaient son couple. La jeune Parkinson se promit de garder un œil sur elle.
VOUS LISEZ
Cueillir les étoiles
FanfictionLe 1 septembre 1939, le second conflit mondial éclate. Deux idéologies s'opposent et s'affrontent avec pour unique objectif l'anéantissement ennemi. Quelques mois seulement après le début des combats, la France accuse une cuisante défaite. L'Alsace...