Le Français avait conscience de franchir des limites, encore des nouvelles qui entamaient la patience de son homologue et permettaient la construction de liens amicaux qu'ils se refusaient tous deux à envisager. Un secret qui se creusait dans un silence douloureux, une volonté interdite que la conscience écrasait sans égard pour le cœur qui protestait sans voix.
—Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Tout le monde se fichera de son existence comme ça a toujours été le cas. Seul le nom de mon père comptait et maintenant, plus rien ne pourra le protéger. Alors que veux-tu que je fasse, Potter ? Je ne peux rien y faire à part espérer qu'il vive !
Harry resta muet, soufflé par la force désespérée qui animait les paroles de son interlocuteur. Ce dernier s'était retourné avec violence, défiant son cadet de dires qui éraflaient sa bouche délicate. Ses yeux lançaient la foudre et elle manqua de faucher la bonne volonté du garçon.
—Je souhaite qu'il survive, rien de plus ! Le reste n'a aucune importance, j'aurai tout le temps d'y penser plus tard.
—Votre père ne peut pas demander à...
—Mon père lui a trouvé un médecin qui a bien failli le laisser mourir. Bon sang, que veux-tu que je lui demande ? Il estime certainement en avoir fait assez pour lui, qu'il salit la famille Malfoy et que le Führer ne l'accepterait pas. Que veux-tu que j'y fasse ?
La mention du dictateur à la tête de l'Allemagne tira un frisson d'horreur et de dégoût à Harry qui se rembrunit considérablement. Il ravala une réflexion qui lui mordit les lèvres, forçant le passage avant d'y mourir. Le moment n'était pas propice et il ne s'y risquerait pas. Il pouvait sentir la fébrilité qui rongeait Draco alors qu'il lisait dans ses yeux une douleur inédite. Celle du cœur laconique et qui pleurait ses larmes vermeille. Il ferma les paupières une fois encore comme pour chasser les sombres pensées qui l'assaillaient. À moins que ce soit la nausée qu'il tentait d'oublier.
Le Français lui-même ne comprenait pas pour quelle raison la pitié s'invitait ainsi en son sein. Ce type méritait-il ces sacrifices ? Le plus jeune n'arrivait pas à se convaincre que non. L'être qui se tenait face à lui était bien fait de chair et de sang et il souffrait dans une plainte quasi muette.
—Vous devriez vous asseoir, l'opération pourrait bien durer plusieurs heures, prétendit-il, avec tout le calme qui lui était permis.
Draco lui offrit un regard voilé par une angoisse terrible. Celle qui circulait dans ses veines jusqu'à sa poitrine où battait frénétiquement son organe vital. Dans sa tête hurlait une voix, elle hurlait à s'en briser les cordes vocales et lui ne parvint plus à jouer les sourdes oreilles. Sans un bruit, il s'effondra sur l'imposant fauteuil qui trônait dans un coin du petit salon.
—Des heures ? reprit-il, avide de détails qu'il aurait pourtant préféré ne pas entendre.
—On ne peut pas savoir à l'avance, exposa Harry, soutenant les orbes atypiques de son vis-à-vis. Ça varie en fonction de beaucoup de choses.
Pendu à ses lèvres, Draco avait vaguement conscience de se montrer parfaitement ridicule. À l'extrême limite du pathétique. Voilà à quoi Draco Malfoy était réduit.
—Il pourrait y avoir des complications, poursuivit le jeune médecin, avec précautions. On ne peut rien prévoir dans ce type d'opération. C'est très délicat.
—Des heures, répéta le blond, sans relever la maladresse évidente de l'autre.
—Je sais que ça peut paraître interminable, mais c'est nécessaire.
Il enfouit son visage entre ses mains. Harry l'observait, se balançant d'un pied à l'autre sans parvenir à camoufler le malaise qui s'éprenait de lui. Que pouvait-il faire pour soulager la douleur de cet homme ? Il avait toujours eu de grandes difficultés à rassurer la famille d'un patient, encore davantage à leur annoncer le décès de celui-ci. Il priait silencieusement pour que la mort l'épargne, qu'elle ne le cueille pas avant l'aube.
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Cueillir les étoiles
FanfictionLe 1 septembre 1939, le second conflit mondial éclate. Deux idéologies s'opposent et s'affrontent avec pour unique objectif l'anéantissement ennemi. Quelques mois seulement après le début des combats, la France accuse une cuisante défaite. L'Alsace...