Munich, 16 août 1940.
Draco tournait comme un lion en cage. La ville de son enfance, celle qu'il avait tellement enviée durant son exil forcé, l'étouffait dans ses tumultes purulents.
Seule la présence de sa mère l'empêchait de rejoindre Strasbourg sur le champ, de fuir lâchement l'ombre oppressante de son paternel. Narcissa remarquait sans peine les tourments de son fils, les apaisant de son mieux au milieu de cette atmosphère irrespirable. La chaleur rendait les corps moites, alourdissait les membres et endolorissait les esprits jusqu'à les rendre inertes. Tout cela dans une effervescence presque outrageante.
L'après-midi touchait à sa fin et la température tendait à chuter, paresseusement. Draco profitait d'un moment rien qu'à lui, libéré des réunions imposées par son père par cette heure tardive. Un journal entre les mains, il se délectait des derniers rayons du jour alors qu'un crépuscule sanglant s'apprêtait à transfigurer le ciel en traînées vermeilles.
Tout était calme, tranquille. Il entendait à peine les bruits de la ville qui vit ses dernières heures. Cette idée traversa son esprit avant de disparaître dans les dernières nouvelles du pays. Les caractères en gras servant de titre et illustraient de nombreux articles. L'aristocrate lisait tout ceci rapidement, captant les termes importants tout en faisant abstraction du reste. Il avait appelé Blaise le matin même, lui exposant sa situation et la leur, insistant sur le danger qui planait sur leurs vies. Il ignorait si son ami avait déjà touché un mot à ses sauveurs et, à vrai dire, il aurait préféré s'en moquer.
—Draco ?
L'interpellé reconnut immédiatement la voix féminine et cette manière particulière de prononcer son prénom. Il se tira de sa lecture à regrets pour cueillir l'instant où Pansy Parkinson se détacha des plantes colorées de la roseraie.
—Pansy, déclara le blond, ne sachant pas si cette visite le ravissait ou, au contraire, l'ennuyait profondément.
—Tu as l'air fatigué, constata-t-elle, avec une retenue dont il ne l'avait jamais vue pourvue.
Elle était vêtue selon la mode de l'époque, d'une robe luxueuse et de couleur vive, ses cheveux lâchés étaient courts et foncés, ils narguaient ses épaules découvertes. Des pommettes hautes surplombaient un nez retroussé et soulignaient des yeux sombres. Elle s'était toujours montrée excessive dans son comportement envers son fiancé et celui-ci avait fini par s'y habituer.
—C'est si horrible que ce que l'on raconte, là-bas.
—Sans doute moins que l'on essaie de le faire croire, la contredit Draco, avec un recul surprenant.
Pansy sourit tandis que son homologue déposait le journal ouvert sur la petite table. Le silence qui les séparait avait tout pour les étonner, jamais il n'y avait eu pareille gêne entre eux.
—J'ignorais ta venue. Je suis surpris de te voir.
—Je viens seulement d'apprendre ton retour. J'imagine que tu ne vas pas rester bien longtemps, ajouta la jeune femme, d'un air peiné.
—Non, je devrais repartir d'ici un jour ou deux, selon l'humeur de mon père.
Pansy eut un sourire indulgent avant de s'asseoir aux côtés de l'homme. Le dévorant d'un regard impudique, tentant vraisemblablement de contenir certaines de ses ardeurs. Elle chercha ses mots un court instant avant d'annoncer, gravement :
—J'ai appris ce qui est arrivé à Blaise. C'est terrible...
—Oui, vraiment terrible... renchérit-il, d'une voix éteinte.
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Cueillir les étoiles
FanficLe 1 septembre 1939, le second conflit mondial éclate. Deux idéologies s'opposent et s'affrontent avec pour unique objectif l'anéantissement ennemi. Quelques mois seulement après le début des combats, la France accuse une cuisante défaite. L'Alsace...