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Sur ce commun accord fraîchement décidé, l'Alsacienne s'attela à sa tâche. Avec tout le sérieux qui la caractérisait, elle passa en revu tous les membres de son patient. Elle examina avec précaution et minutie l'épiderme blessé avant d'aligner le matériel médical sur un linge propre. Une sueur froide descendit le long de la colonne vertébrale de Draco qui s'efforçait de demeurer impassible. Ces « instruments de torture » ne lui attiraient guère confiance.

—Racontez-moi ce qui lui est arrivé, exigea Hermione, autant par curiosité que par volonté de meubler un semblant de conversation.

—Des hommes l'ont frappé, répondit sommairement l'Allemand.

—Et c'est tout ce que vous savez ? sourcilla la jeune femme, sans y croire une seule seconde.

Draco songea à mentir, à ne pas faire part de la vérité à son interlocutrice. Il n'avait pas la moindre envie de se confier à elle, jugeant que se livrer au juif avait été suffisamment humiliant. Une énième preuve de son inavouable faiblesse. Il soupira lourdement, s'approchant du lit pour surveiller les actes de la prétendue médecin et l'état de son meilleur ami. Il articula finalement, à contre cœur, ne remarquant même pas la venue discrète du second homme :

—Il n'a pas pu m'accompagner ici, en Alsace. Le seul endroit où il a été accepté malgré l'influence de mon père a été le camp situé à côté de Munich. Il y était gardien, un parmi les autres. Des types l'ont attaqué. J'ai décidé de le faire venir ici pour le soigner. C'est tout ce qu'il y a à savoir.

—Le voyage a dû aggraver ses blessures, affirma Harry, tout en déposant son butin sur la table de chevet.

—Oui, approuva Hermione, d'un hochement de la tête. Il n'a reçu presque aucun traitement vu son état et il semblerait qu'une infection se soit développée. Je ne sais pas encore de quel type mais...

—Mais elle compte bien le découvrir, acheva l'autre, soucieux de supprimer les doutes du blond.

Draco semblait réellement soucieux de l'état de son ami, une inquiétude sourde rongeait ses traits. Son homologue le dévisageait tout en secondant le médecin. Il distinguait le même abattement sur son visage fin, une peur panique de perdre un ami très cher. Il semblait ainsi terriblement humain, capable d'attiser la pitié voire la sympathie. Et, cette fois encore, Harry s'y risqua, se laissant amadouer par le reflet qu'il apercevait, derrière le masque. L'onde troublait la surface lisse de l'eau, repoussant l'image uniforme qui s'y trouvait pour qu'une autre se dessine, à la fois mystérieuse, attirante et éphémère.

Les doigts fins et délicats d'Hermione effleuraient l'épiderme de Blaise principalement à l'endroit où l'inquiétant hématome prenait place. Elle palpa précautionneusement la zone meurtrie, tentant d'en deviner les secrets. De quel mal souffres-tu ? Es-tu prêt à endurer les soins nécessaires à ta guérison ? Me laisseras-tu te sauver la vie ?

Elle repoussa une nouvelle fois la couverture qui couvrait la nudité de son patient. Sans égard pour la virilité de l'homme, elle poursuivit son auscultation. Une longue minute lui suffit pour annoncer, gravement :

—Je compte trois côtes cassées, dont une qui m'inquiète particulièrement. Je ne peux pas en être certaine, mais il est possible que l'os brisé ait crée une hémorragie interne. Si c'est le cas, je dois l'opérer de toute urgence, il est déjà étonnant qu'il ait survécu autant de temps dans cet état.

—L'os a pu se déplacer pendant le voyage, proposa Harry, muni du même sérieux que sa cadette.

Draco demeurait silencieux, penché au-dessus de son ami inconscient. Par réflexe, il réarrangea le drap afin que celui-ci couvre son sexe. Il déglutit péniblement, une boule semblant se former au creux de sa gorge, identique à celle qui écrasait son estomac. Un bref vertige le prit, mettant à mal son équilibre. Pendant ce temps, Hermione reprenait son énumération de plus belle :

Cueillir les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant