[Je vous ai concocté un petit fan-art de Draco. Réalisé au crayon Faber Castell, j'avais envie de le dessiner. J'espère que ce petit bonus vous plaira !]
Harry se décomposa sans même tenter de masquer son désarroi. Mais au fond, qu'avait-il espéré ? Un accès de compassion de la part de cet être certainement caractérisé par sa cruauté ? Un miracle quelconque ? Ou simplement le meilleur ?
Finalement, l'Allemand se redressa et joignit ses mains sur la table en chêne massif. Les pensées affolées de son homologue se matérialisaient dans les orbes pures, offrant à sa vue une faiblesse que le comportement du Français démentait systématiquement. Mais, cette fois-ci, le garçon ne pouvait plus empêcher la terreur de le dévorer. Il s'imaginait subir les pires tortures et si le courage ne lui manquait pas, souffrir sans la moindre raison pesait durement sur son âme.
—M-Mais... articula-t-il, difficilement. Qu'est-ce que vous...
—Ce que je vais te faire ? reprit Draco, de sa voix traînante.
Harry opina vigoureusement tout en s'efforçant de demeurer le plus inexpressif que possible. L'angoisse rongeait chaque cellule de son visage, défigurant l'espoir tandis que l'étau semblait se refermer sur le corps du plus jeune.
L'autre se plaisait à conserver la dureté du silence, à laisser cet univers de mots étouffés et de douleurs exacerbées régner en maître. Cela l'amusait et lui permettait de redessiner les traits légèrement amochés du juif de ses yeux pâles. Il ne savait encore rien de la religion de ses parents et c'était bien mieux ainsi. Cela aurait très bien pu dégrader encore davantage sa situation déjà instable. Le regard attentif de Draco apprécia, bien malgré lui, l'harmonie qui se dégageait d'Harry. Son visage était moins fin, comme taillé dans de la pierre avec attention et précision.
—Tu mérites que je te fasse regretter chacune de tes paroles. Je pourrais me débarrasser de toi que personne ne me ferait le moindre reproche. Après tout, c'est mon devoir d'éradiquer toute trace de résistance.
—Je ne résistais pas, protesta platement le brun.
Un terrible rictus s'invita sur les lèvres de Draco qui retira la feuille noircie d'encre de la machine à écrire.
—Et qui ira prétendre le contraire ?
La respiration du juif se bloqua dans sa poitrine et l'air cessa d'y circuler. L'horreur le dévorait, chassant l'oxygène de son organisme tout en lui arrachant un mouvement nerveux des doigts. Ses phalanges, mises à l'épreuve par la tension extrême de son organisme, se crispèrent douloureusement.
Enfin las de cette comédie, Draco se leva d'un bond. Il rejeta soigneusement ses mèches fines en arrière, se targuant de la haine de son vis-à-vis. Lui-même pouvait se vanter de mépriser chaque être vivant de son entourage, transformant son mal du pays en une méchanceté parfaitement maîtrisée. Il s'avança en direction de sa victime, cette dernière dut se faire violence pour n'accuser aucun mouvement de recul comme un prédateur. L'officier attrapa son cadet par le bras sans la moindre délicatesse, lui intimant explicitement de le suivre.
—S'il vous plaît...
Le manque de coopération certain d'Harry agaça prodigieusement l'Allemand qui gronda :
—Tu n'es pas en position de faire quoi que ce soit alors n'essaie même pas de négocier. Le moindre faux pas et tu goûtes la semelle de mes chaussures, c'est entendu ?
L'intéressé opina. Draco ne possédait pas la moindre envie de déchaîner sa rancune contre ce garçon. Au contraire, l'ennui s'éprenait de lui. La fatigue cruelle de l'existence s'abattit sur son corps et, comme s'il n'avait jamais songé à opérer autrement, il ne demandait rien de plus qu'à effectuer son travail du quotidien. Cette entreprise qui, en cette heure tardive, ne lui apparaissait ni bonne, ni mauvaise. Il ne cherchait pas la justice, ni même quoi que ce soit s'y apparentant, mais seulement à remplir un devoir, celui de tous les jours. Fier soldat du régime nazi, son humanité n'avait rien d'enviable.
Le blond entraîna le plus petit à sa suite, ouvrant la porte sur son passage. Goyle patientait à deux pas de cela, sursautant à l'irruption de son supérieur et du fautif. Prêt à interrompre une tentative d'évasion présumée, et parfaitement illusoire, sa carrure de colosse s'élança en direction des deux hommes avant que l'un d'eux ne l'arrête, d'une parole :
—Il va passer la nuit au frais, je l'emmène.
—Je peux le faire, émit le géant, de sa voix grasse et forte.
—Certainement pas, et je ne veux pas entendre tes objections.
Harry assista à cette brève altercation échangée en Allemand, captant quelques expressions sans chercher à déchiffrer ce que sa maîtrise imparfaite de la langue ne lui permettait pas de comprendre. Il se laissait entraîner presque sans réagir mais en gardant toujours en tête l'idée qui ne le quittait plus : survivre.
Draco le traîna presque dans son sillage et ce, sans le moindre regard. Ils descendirent de nombreuses marches afin d'atteindre le sous-sol du bâtiment. La police autrefois française avait gardé son rôle, les soldats SS dirigeaient ce lieu d'une main forte et inébranlable. De nombreuses cellules s'alignaient désormais et l'obscurité leur octroya une atmosphère suffocante. Des ombres glissaient au sol et des murmures de prisonniers s'élevaient, tantôt en Allemand, tantôt en Français. Harry tâchait d'y rester insensible alors que l'officier accélérait encore l'allure.
Finalement, Draco bifurqua à droite et attrapa les clés qui pendaient à sa chemise. Il haïssait cette part de son rôle ici, bien trop pénible et répétitif à ses yeux. Affronter les regards larmoyants ou haineux des captifs ne le laissait pas toujours de marbre. Cela atteignait vivement l'humanité qui résistait difficilement à l'endoctrinement de ces dernières années. Il n'était pas habitué au dur labeur et avait même songé à se plaindre auprès de son père. Il savait pourtant que cela ne durerait pas et qu'il comptait déjà parmi les officiers les plus privilégiés. L'absence soudaine de l'un de ses subalternes expliquait cette épuisante mascarade.
Il poussa sans ménagement sa victime de la nuit à l'intérieur de la cellule. La lassitude se couplait à la fatigue de l'homme, empiétant sur sa patience déjà bien limitée. Harry se rattrapa de justesse et fit face à son aîné, bien moins certain que quelques minutes auparavant.
—Tu passes la nuit ici, l'informa Draco, comme s'il s'agissait de la chose la plus normale qui soit.
Si le juif s'était douté de cela, le fait de l'entendre sans autre forme de procès lui fit l'effet d'une douche froide. Son visage se décomposa dans la pénombre.
—Et après ? réussit-il à demander, la gorge tellement nouée que sa voix s'apparenta davantage à un croassement.
Cette conversation ne possédait plus le moindre sens pour Draco qui ne rêvait que d'une chose : y mettre un terme. En cet instant, il se fichait pas mal du désespoir de son homologue et n'y tirait plus la moindre fierté. L'épuisement le gagnait et il imaginait déjà son masque d'impassibilité se fissurer sous l'accès subite d'émotions lourdes de conséquences.
—Tout dépendra de toi, lâcha le blond, du bout des lèvres.
Et, sans ajouter la moindre parole, il quitta la cellule avant de la refermer derrière lui, abandonnant Harry dans cette obscurité terrible, synonyme d'incertitudes.
Un tout petit chapitre compensé par le petit dessin de Draco !
Le découpage du chapitre est fait sur un coup de tête, j'espère que ça ne nuira pas à votre lecture.
Oh, et petite dédicace à @margo_psd pour ton entrée chez les vieux ! Encore joyeux anniversaire, des bisous ma guimauve <3
La nuit sera longue pour Harry, comme vous pouvez vous l'imaginer et la suite, pas forcément agréable à vivre pour lui.
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Cueillir les étoiles
FanfictionLe 1 septembre 1939, le second conflit mondial éclate. Deux idéologies s'opposent et s'affrontent avec pour unique objectif l'anéantissement ennemi. Quelques mois seulement après le début des combats, la France accuse une cuisante défaite. L'Alsace...