Chapitre 83 : Le regard humide

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23 Mai 2018
Paris
PDV Kylian
8h30

Nous sommes le vingt trois mai deux mille dix huit, jour officiel du début du huis-clôt avec les bleus, jusqu'au, je l'espère, quinze juillet prochain.

J'ai à la fois très hâte de commencer ce long stage, mais pas du tout envie de quitter Emie aussi longtemps. D'autant que pour les trois matchs amicaux à venir, elle ne pourra pas être présente dans les gradins puisqu'elle a la boxe à assurer, le travail avec son frère et ses résultats de partiel à récupérer. Enfin ça elle se débrouillera surement pour les recevoir par mail. Mais bref, quoiqu'il en soit, elle ne pourra pas être près de moi et j'avoue que ça m'embête un peu mais bon...

Nous ne sommes rentrés de Milan qu'hier et aujourd'hui je dois repartir. Habitant à Paris, je ne suis pas très loin de Clairfontaine donc je suis censé quitter la maison en milieu d'après midi. Pourtant nous ne sommes que début de matinée et je suis déjà réveillé. Enfaite, j'ai juste envie de profiter au maximum de ma dernière journée, incomplète, ici.

Emie dort encore bien sûr bien profondément à coté de moi. Son visage de poupée bien callé entre le coussin et mon bras, la couverture à moitié sur elle et l'une de ses mains qui m'agrippe presque le bras comme pour m'empêcher de partir.

Je suis partagé entre le fait de la réveiller pour l'embêter, de la réveiller juste pour être avec elle ou de descendre pour la laisser dormir. Deux tiers un tiers, je vais la réveiller. Pour faire quoi ? Je sais pas encore. Mais enfaite, je n'ai même pas le temps d'entamer ce que je voulais faire que je vois déjà ses yeux papillonner puis s'ouvrir et se refermer plusieurs fois avant de bouger la tête pour se caller encore plus contre moi.

-T'es déjà réveillé ? me demande t'elle en me regardant entre deux yeux mi-clos.

-Mh, confirmé-je en hochant la tête.

-Dors encore. Tu veux déjà partir ? me demande t'elle en faisant complètement fausse route.

-Non, j'ai pas envie, lui répondis-je en passant ma main sur sa joue.

Sa tête est tellement enfoncé dans le coussin que son œil droit a disparu, me laissant uniquement voir la partie gauche de son visage.

Son bras gauche se ressert autour de mon torse et je sens toute la force qu'elle y met pour me serrer contre elle.

-Tu sais, je vais pas m'envoler, rigolé-je doucement. Marco va venir vers deux heures trente et c'est à peine huit heure et demi, lui expliqué-je alors.

-Y a de la place dans ta valise ? Me demande t'elle en me regardant avec ses petits yeux.

-Ça peu se tenter, affirmé-je en rigolant.

Elle aussi rigole quelques secondes, puis finit par delaisser son sourire par une petite moue qui me fait mal au coeur à chaque fois que je dois partir.

Un jour, je te le jure, je ne partirai plus.
Un jour, on restera au lit toute la journée sans aucune obligation.
Un jour on repensera à ces moments là en se disant "un jour on pensait à aujourd'hui".
Mais aujourd'hui ce n'est pas encore ce jour.

-Je veux pas que tu partes, me dit-elle presque timidement en enfuissant son visage contre mon bras. Mais tu reviens pas sans la médaille autour du coup hein, ajoute t'elle en relevant juste le regard dans le mien.

-Sinon quoi ? Pouffé-je.

-Sinon je fais changer les serrures, me dit-elle le plus simplement du monde, ce qui me fait exploser de rire.

Un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant