Chapitre 130 : "va rire là où tu as pleuré"

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15 février 2019
Monaco
PDV Emie
11H30

-Non non non. Non Kylian non, N'arrêté-je pas de répéter en voyant d'ici l'entrée de notre ancienne rue. Précisément là où se trouve notre ancien immeuble. Je veux pas. Je peux pas. Je veux plus remettre un pieds là bas et surtout pas aujourd'hui. S'te plaît bébé non.

Arrêtée en plein milieu du trottoir, la main dans celle de Kylian, je refuse catégoriquement d'avancer.

-Regarde moi, me demande t'il en levant mon menton avec sa main, même pas surpris de ma réaction.

-Kylian je veux pas y aller, recommencé-je en sentant mes yeux embués alors qu'il se trouve face à moi.

-Je sais bébé mais écoute moi, tente t'il de nouveau d'avoir mon attention.

-Tu comprends pas, secoué-je la tête de gauche à droite. Y a trop de mauvais souvenirs ici. Trop de larmes, trop de cris, trop de pleures. J'ai vécu les pire moment de ma vie ici avec lui Kylian. Je veux pas revoir des flashback. Je veux plus penser à lui. Je veux plus revivre ce qu'il s'est passé il y a deux ans. Ça m'épuise tout ça.

-Tu sais, un jour j'ai un de mes coachs qui m'a dit un truc hyper vrai et je sais que pour toi ça marcherait. C'est exactement pour ça que je t'ai emmené ici, m'explique t'il en me regardant.

-Il t'a dit quoi ?

-Que pour tourner la page il fallait revenir sur les lieux où tu as souffert et qu'à ce même endroit, il fallait créer de plus beaux souvenirs. Il m'a dit, "va rire là où tu as pleuré", m'explique t'il sans me lâcher du regard. Ça a marché pour moi quand je perdais des matchs difficiles. J'avais jamais envie de retourner dans ces villes là. Mais j'ai été obligé. J'ai créé de meilleurs souvenirs, j'ai rit et gagné aux mêmes endroit où j'ai pleuré et perdu. Alors ouais j'voulais pas y retourner. J'avais même plus envie de jouer au foot pour pas y aller. Sauf que j'ai écouté cet homme et grâce à lui et ses paroles, à chaque fois que ça m'arrive je repense à lui et ses mots et j'applique ses conseils. Moi ça m'a fait avancer sur pas mal de chose quand j'étais petit, enchaîne t'il doucement. Je sais que pour toi on est bien loin d'un match de foot, ou de boxe en l'occurrence mais crois moi ça pourra te faire que du bien d'affronter une dernière fois ces lieux pour que tu puisses avancer, sans oublier parce que, comme tu me l'as dit ce matin, tu pourras jamais oublier et je le comprends maintenant, termine t'il son explication avant de reprendre. Alors maintenant je te laisse le choix et dans tous les cas je comprendrais celui que tu prendras et je te soutiendrais. Soit on rentre et on monte, soit on passe à côté sans même ouvrir la porte de l'immeuble. Dans les deux cas t'auras ma main dans la tienne, termine t'il définitivement en lâchant mon visage.

Son discours a déjà fait le chemin nécessaire dans ma tête.

-Je te promets pas d'aller jusqu'au bout. Je te promets pas d'y arriver. Je te promets pas de ne pas avoir de flashback mais si t'es avec moi, si t'es derrière moi à chaque seconde, je te promets que je vais essayer, accepté-je en ayant encore les larmes aux yeux, je le sens.

-On va à ton rythme. Moi je serais toujours là pour toi, me promet-t'il. Parle moi dès que tu sens que ça part en vrille dans ta tête.

Alors ma main fermement accrochée à la sienne, nos visages couverts au maximum et notre valise dans la seconde main de Kylian, nous avançons tous les deux en direction de cet porte de l'enfer que j'ai quitté il y a un an et demi.

Un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant