Un jour

Chapitre 38 : Silence de plomb

16 octobre 2017
Paris
PDV Emie
7H27

-Est ce que on les voit là ?

Cette question, ça fait plus d'une dizaine de fois que je la pose à Kylian depuis que je me suis décidé à aller me préparer et à chaque fois il me donne la même réponse. Pourtant je continue encore et encore de la lui poser à chaque nouvelle veste ou même haut que j'essaye.

Aujourd'hui, trois jours seulement après ma rentrée de l'hôpital je retourne en cours, avec deux semaines de retard sur tous mes camarades.

Ce week-end je n'ai pas fait grand chose de spécial hormis me reposer et passer presque tout mon temps au téléphone avec mes amis et ma famille. Mon frère est passé à l'appart samedi en fin de journée juste avant que Kylian ne parte pour son match, ce qui a fait que je n'ai pas passé mon samedi soir toute seule.

Là nous sommes lundi, cette nuit j'ai dormi chez mon copain et dans quelques heures, lorsque lui sera à l'entraînement, moi je serais à la fac.

J'avoue j'appréhende un peu mon arrivée. Pas mon retour puisque c'est une nouvelle fac et que je n'y suis jamais allée, alors mon arrivée. Mais quoiqu'il en soit, que ce soit ici ou à Monaco, ça aurait été le même stress avec ce qu'il m'est arrivé.

Certains de mes bleus plutôt coriaces sont encore visibles sur ma peau et plus particulièrement sur mon bras, alors c'est pour cela que je tente depuis près d'une demi heure de trouver une tenue qui puisse me les cacher. Hors de question que j'attire l'oeil avec ça. Je vais déjà assez les attirer je pense.

-Bébé, je t'assure qu'on voit rien. Promis, me rassure une énième fois Kylian.

-Je veux pas y aller, finis-je par souffler en m'asseyant lourdement sur le pied du lit.

-Eh oh, non ! S'exclame tout de suite Kylian en s'approchant de moi. Relève la tête là. Tu regardes droit devant et les autres tu les emmerdes, me dit-il en relevant mon visage avec sa main.

Il faut dire que depuis ma sortie de l'hôpital, comme il le dit, j'ai envie de me foutre de ce que les autres penses, mais y a certaines fois, mon coup de mou reprend le dessus. Et c'est dans ces moments là que je me déteste le plus. Et c'est dans ces moments là qu'il est mon meilleur soutient.

-Tu vas retourner en cours parce que tu en as envie, tu vas montrer à tout le monde que tu es plus forte que ceux qui voulaient te voir à terre, et tu vas te prouver que tu es capable d'aller en cours, enchaîne mon copain en me regardant. De toute façon, s'il te regarde mal ça sera pas à cause de tes bleus, assure t'il avant de s'arrêter quelques seconde puis continuer. Ça sera grâce à ta préstence que tu auras en les regardant droit dans les yeux. Je sais que tu sais faire ça. Ça marche sur tout le monde et encore plus sur moi, déclare t'il alors, ce qui me fait esquisser un sourire.

-Je t'appelle dans la matinée pour te raconter, déclaré-je à mon tour en le regardant.

-Pas de problème. Allez, vas y tu vas être en retard, m'incite t'il à retourner en cours.

Et c'est de cette manière que je suis partie déterminée à affronter les regards de personne que je ne connais pas.

7h57

Premier jour de cours et je suis déjà presque en retard. Il y avait du monde sur la route et en plus à cause de ma putain de cicatrice je n'arrive pas à courir sans que ça me fasse un mal de chien.

Alors je marche le plus vite que je peux pour enfin rejoindre l'entrée de ma nouvelle fac, mais ce que je vois au loin me fige quelques seconde. Je regarde donc face à moi, pile dans l'axe de cet appareil photo pointé sur moi avant que dans un réflexe je baisse ma tête en mettant ma main devant puis continue à avancer.