Chapitre 56

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- Avez-vous travaillé avec une certaine Angel ?

La femme avalait difficilement sa salive, toute à l'heure, elle était plus sereine derrière son téléphone. Tandis que là, elle tremblait affolée.

- Non, bégayait-elle.
- Grazisn, enfin. Nous connaissons déjà la réponse.
- Vous nous faite perdre notre temps. Si vous continuez ainsi, nous allons passer un mauvais moment.

Kyle se plaçait derrière le canapé, où était installée la vieille dame. Il posait son flingue contre le crâne de celle-ci, pendant que je m'asseyais sur la table basse, poussant au passage les livres, qui ne manquaient pas de tomber au sol. Une arme en main, je ne faisais pas attention à mes mouvements brusques quand je parlais. Ses yeux paniqués chercher du réconfort dans les miens. Était-elle insouciante ? Qui osait demander de l'aide à un mec sans pitié ? Tout le monde sauf elle.

- Oui, j'ai travaillé avec elle.
- Quand ? Où ? Pourquoi ?
- L'année précédente, murmurait-elle crispée, chez moi, elle devait s'occuper de la maison.
- Comment ça ?
- Elle était notre servante, ajoutait-elle en évitant mon regard. À mon ex-mari et moi, pendant six mois.

Je roulais des yeux, en inclinant la tête sur le côté. Cette nana était tout sauf crédible. Quelque chose me faisait penser qu'elle n'était pas honnête. Comme si, elle cachait un truc. Qu'est-ce que pouvait-elle cacher ?

- Je vois, râlais-je en me levant, c'est tout ?

Devant elle, je la surpomblais, l'intimidant. Pour faire office de coup de pression, je plaçais calmement mon flingue sur son crâne, en l'observant. Nos pupilles étaient encrés. Elle me suppliait de la laisser. Mais je n'en avais pas fini. Même avec deux armes à feu sur elle, elle restait muette.

- Non, s'écriait-elle alors que j'allais tirer, non. Elle nous servait de revenu, c'était notre plus gros salaire.

Honteuse elle baissait la tête, et continuait difficilement son récit.

- Mon mari avait aménagé une salle spécialement pour cette fillette. Il l'avait obligé à rester là... Chaque soir ils y avaient différents hommes, pleurait-elle coupable, c'est de notre faute.

J'en avais assez de lui donner l'heure. Alors je passais aux choses sérieuses.

- Écoute, j'ai pas envie d'écouter tes miolement. Passe moi ton charabia.

Kyle appuyait fermement sur son flingue, baissant légèrement la tête de la femme.

- Un homme s'occupait de son cas chaque soir.

Ma gorge se nouait. Étions-nous sur la même longueur donde? Mon visage se relâcher, et je restais figé, à la fixer. Le cœur cessant de battre. J'aspirais nerveusement mes lèvres. L'avaient-ils touché ?

-Était-elle consentante ? demandais-je avec faible espoir.
- Je ne sais pas. Peut-être, enfin,... Non.

Kyle avec l'arrière de son flingue frappait son crâne. La femme gémissait douloureusement. Scarlett, enfin, Angel avait vécu tellement de choses incomparable à sa douleur. Pourquoi pleurait-elle ?

- Ta douleur n'est rien comparer à celle d'Angel.

Mon regard se levait sur Kyle, qui avait prononcé ses mots d'une voix sèche et furieuse.

- Connaissais-tu son âge ?

Elle secouait négativement la tête, alors Kyle reprenait le relais.

- Elle n'avait que quatorze ans. Quatorze ans, insistait-il.

La nana secouait la tête, elle n'y croyait pas. Pourtant elle l'avait tué. Mentalement comme physiquement. Tous avaient contribué à sa mort. Je craignais même qu'elle ait donné fin à sa vie, comme elle avait disparu des radars. Mais je ressentais une chose au fond de mon cœur, je ne pouvais pas croire à sa mort, ni même y penser. Personne n'avait pensé à cette fin, pourtant, cette idée avait traversé mon esprit.

- Elle était si jeune, blâmait finalement la femme, d'une voix fébrile.

Elle n'eut seulement le temps de finir sa phrase, qu'une balle avait traversé son front. Nous n'avions eu aucune information, mais j'en avais suffisamment vu.

- Bien joué, s'exclamait Kyle en tapant sur mon épaule.

Je ne répondais pas et sortais de sa baraque. Je montais difficilement dans le véhicule, troublé. Avait-elle dit la vérité ? Scarlett avait-elle vécu des choses affreuses ?

- Je crains que non ne la retrouve pas.
- Moi aussi, susurrais-je inaudiblement.

Kyle me jetait un regard avant de mettre sa ceinture. J'avais tué cette femme sans vraiment l'envisager. Normalement, j'étais censé lui faire avouer des informations, et non la buter. Mes émotions avaient pris le dessus, et je craignais que cela devienne plus difficile à contrôler. Il fallait que je laisse Kyle gérer cette merde, j'allais seulement assister aux interrogatoires et faire office de pression psychologique.

- Je me suis emporté, avouais-je après un moment silencieux.
- Elle est courageuse.

Je me retournais vers Kyle, étonné. Comment pouvait-il dire cela ? Courageuse était un grand mot. Nous ne connaissons rien d'elle, il ne pouvait pas ressentir de la compassion pour Angel. Putain je ne savais plus comment appeler cette nana, Angel, Scarlett? Pourquoi avait-elle utilisé un pseudonyme ? Cachait-elle des choses ? Rares étaient les personnes qui utiliser un autre nom pour le plaisir.

- On ne sait rien d'elle.
- Mais le peu que je connais d'elle, m'a marqué. Alors j'ai le droit d'avoir de la peine pour cette gosse. Elle n'avait que quatorze ans, elle était une adolescente. Elle n'avait pas voulu ça.

Mon téléphone vibrait et je le sortais directement.

- Allô ?

Je m'attendais à entendre la voix de Scarlett, mais j'entendais finalement celle de Steph. Bordel, j'étais tellement pressé de répondre que je n'avais pas lu le nom.

- Connor, tu as des informations ?
- Non, prononçais-je froidement.
- Oh, peut-être que la prochaine personne t'aidera.

Je soupirais, sérieusement ?
Je raccrochais.

Sur huit milliards d'humains, j'étais tombé sur elle. Et je savais que pour retrouver Scarlett ça allait certainement prendre quelque temps. Le hasard avait joué avec moi. Il avait fait en sorte de mettre cette fille sur ma route. Et ce n'était sûrement pas pour rien. C'était la streapteseuse du coin, mais c'était aussi celle qui m'attirait les foudres. C'était moi qui me chargeais de son cas, je ne pouvais qu'en vouloir en moi-même, c'était moi qui avais accepté ce marché à la con.

Je doutais de pouvoir la retrouver un jour, mais j'avais ce sentiment, incontrôlable qui cessait de me faire penser qu'elle était en vie. Je devais écouter mon intuition, et ne pas laisser tomber.

- Parole d'un Crows, on la retrouvera.
- Parole d'un Crows, répétait Kyle.

Cette promesse avait fait de nous des marionnettes.

Love hard Où les histoires vivent. Découvrez maintenant