Chapitre 19 : Jalousies et Tensions

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Chapitre 19 : Jalousies et Tensions

La deuxième semaine d'examens s'annonçait encore plus stressante que la première. Entre les révisions intenses et les longues heures passées à étudier, la tension était palpable dans l'appartement. Chacun était plongé dans ses livres, mais moi, j'avais l'esprit ailleurs. Lenie et moi n'étions pas en bons termes, et ça me rongeait de l'intérieur.

Je savais que quelque chose n'allait pas. Elle était distante, presque froide, et ses regards trahissaient une frustration que je n'arrivais plus à ignorer. Ce n'était pas seulement à cause des examens. Il y avait autre chose, quelque chose de plus profond, quelque chose qui la blessait.

Ce soir-là, nous étions tous réunis autour de la table : Pierre, Candice, Margot, Axel, Lenie et moi. Mais contrairement aux autres soirs où l'on riait pour décompresser, l'atmosphère était lourde. Pierre lançait quelques blagues de temps en temps pour alléger l'ambiance, mais même ça ne semblait pas suffire.

Je jetai un coup d'œil à Lenie. Elle semblait absorbée par son manuel, mais je savais qu'elle ne se concentrait pas. Son corps était tendu, ses gestes nerveux. Et à chaque fois que Margot parlait ou riait à mes blagues, je sentais Lenie se raidir encore plus.

Cela me surprenait, car Margot et Axel formaient un couple solide. Ils étaient ensemble depuis un bon moment et étaient fous amoureux. Ils étaient inséparables et, honnêtement, je ne comprenais pas pourquoi Lenie semblait si perturbée par notre amitié. Margot était ma meilleure amie, et il n'y avait rien d'ambigu entre nous.

Soudain, Lenie se leva brusquement, sa chaise raclant le sol avec un bruit strident. Tout le monde leva les yeux, mais elle ne dit pas un mot avant de quitter la pièce. Je me sentais mal à l'aise sous le regard interrogateur de Candice, mais je fis mine de ne rien remarquer. Je savais que c'était à moi d'aller la voir.

Je me levai à mon tour et me dirigeai vers la chambre. Je frappai doucement à la porte.

— Lenie, c'est moi, Helena. On peut parler ?

Pas de réponse. Après un moment d'hésitation, j'ouvris la porte. Elle était assise sur le bord du lit, ses bras croisés, fixant le sol.

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu ne peux pas continuer à me fuir comme ça, ça me fait mal... dis-je doucement.

Elle tourna enfin la tête vers moi, ses yeux remplis de frustration.

— Je suis fatiguée, Helena. Fatiguée de cette situation. Fatiguée de ne pas savoir où on en est. Je ne veux plus continuer comme ça, à faire semblant, à nous cacher.

Je fermai la porte derrière moi et m'avançai vers elle, mon cœur battant à tout rompre. Je savais que ce moment viendrait, mais je n'étais pas prête. Pas encore.

— Lenie, je comprends que ça te pèse... mais je t'ai déjà expliqué pourquoi je voulais qu'on prenne notre temps. J'ai enchaîné les relations avant toi, et je ne veux pas te blesser en allant trop vite. Je veux être sûre de ce qu'on vit, qu'on soit prêtes toutes les deux.

Elle leva les yeux vers moi, sa mâchoire crispée.

— Et moi, tu crois que je ne suis pas prête ? Je sais ce que je veux, Helena. C'est toi. Et ça me tue de devoir attendre pendant que tu... pendant que tu passes ton temps avec Margot !

Je restai figée un instant, surprise. Je ne m'attendais pas à ce que Margot soit le problème. Pourtant, Lenie savait que Margot et Axel étaient amoureux. Il n'y avait rien entre Margot et moi, rien du tout.

— Margot ? Mais... tu sais bien qu'il n'y a rien entre elle et moi. Elle est avec Axel, ils sont fous amoureux. Pourquoi est-ce que ça te gêne autant ?

Elle secoua la tête, ses yeux brillants de colère et de tristesse.

— Ce n'est pas à propos de Margot et Axel. C'est à propos de toi et de moi. À chaque fois que je te vois avec elle, je me demande si je compte autant que ça à tes yeux. Vous êtes toujours ensemble, à rire, à parler. Et moi, je suis là, à attendre... Je ne veux pas être celle qui attend tout le temps, Helena.

Je m'assis doucement à côté d'elle, posant une main hésitante sur la sienne. Je pouvais sentir sa frustration, son envie d'être rassurée, mais je ne savais pas comment apaiser sa douleur sans me trahir moi-même.

— Lenie, tu comptes plus que tout pour moi, je te le promets. Mais je suis terrifiée à l'idée de te faire du mal. J'ai besoin de temps pour être sûre de nous, de ce qu'on construit ensemble. Margot est ma meilleure amie, et je ne veux pas que tu doutes de ça. C'est toi que je veux.

Elle baissa les yeux, et je sentis ses doigts se crisper légèrement sous ma main.

— J'ai juste peur de te perdre en attendant, murmura-t-elle. J'ai peur que tu ne sois jamais vraiment prête. Que je finisse par être celle qui souffre.

Mon cœur se serra en entendant ses mots. Je savais que je la blessais en demandant du temps, mais je ne pouvais pas aller plus vite. Pas sans être sûre que c'était la bonne décision.

— Je ne veux pas te perdre non plus, Lenie. Mais il faut que tu me fasses confiance. Si on précipite les choses, on risque de tout gâcher. Et je ne veux pas ça pour nous.

Elle hocha la tête, mais je pouvais voir que mes paroles ne l'apaisaient qu'en surface. La tension était toujours là, latente, et je savais qu'elle ne disparaîtrait pas facilement. Pas tant que nous ne serions pas sur la même longueur d'onde.

— Je t'aime, Helena, murmura-t-elle enfin, les larmes aux yeux. Mais je ne peux pas continuer comme ça éternellement.

Je la pris dans mes bras, la serrant contre moi, espérant que ce geste suffirait à lui montrer que je ne voulais que son bien. Mais au fond, je savais que la route serait encore longue avant que tout redevienne comme avant.

Le silence s'installa entre nous, lourd, chargé d'émotions non exprimées. Le véritable test ne se déroulait pas dans nos examens, mais ici, dans cette chambre, entre elle et moi. Et je savais que si je ne faisais pas attention, je risquais de tout perdre. 

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