Ce que nous sommes.

Chapitre 21 : Tensions et Révélations

Chapitre 21 : Tensions et Révélations

Les cours avaient repris, et l'atmosphère était étrangement tendue. Chaque matin, je voyais Lenie s'asseoir avec Candice, riant et chuchotant comme si rien ne s'était passé entre nous. Pendant ce temps, Pierre se rapprochait de moi, et bien que je l'appréciais, je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable de ce que Lenie ressentait. Je savais qu'elle était en colère, et je voulais lui donner de l'espace pour qu'elle se calme avant d'aller la voir pour m'excuser. Mais plus le temps passait, plus la tension entre nous semblait palpable.

Chaque fois que je croisais le regard de Lenie dans les couloirs, mon cœur se serrait. Ses yeux brillaient d'une frustration que je comprenais trop bien. Je voulais lui parler, lui dire combien j'étais désolée, mais je craignais que mes mots ne fassent qu'aggraver la situation. Lenie avait besoin de temps, mais cela ne l'empêchait pas d'accumuler de la colère.

En plus de ça, la rumeur concernant son coming out avait commencé à circuler dans notre classe. Je savais que cela devait être difficile pour elle, et je m'en voulais de ne pas être à ses côtés. Au lieu de ça, je me retrouvais à me concentrer sur mes cours avec Pierre, tandis que Lenie devait gérer les réactions des autres. Je voyais des regards glissés dans sa direction, des murmures et des rires moqueurs à son passage. J'étais impuissante, et la frustration grandissait en moi.

Trois semaines après notre dispute, je ne pouvais plus ignorer ce qui se passait autour de Lenie. Un jour, alors qu'elle quittait la salle de classe, un groupe de filles s'en prit à elle. Je n'étais pas dans les parages, mais les cris résonnaient dans le couloir. Lenie était prise à partie, bousculée, insultée. Je n'arrivais pas à y croire.

Louis, qui jusqu'alors avait été assez silencieux, fut le premier à réagir. Il s'élança, repoussant les filles qui entouraient Lenie, son regard déterminé. Je n'étais pas loin, retenue par Pierre, qui savait que je n'étais pas en état d'affronter la situation. Mes mains tremblaient de colère et de frustration alors que je voyais Clara tendre la main à Lenie, qui était tombée à terre, le visage marqué par la confusion et la douleur.

— Laissez-la tranquille ! s'écria Louis, tandis que Candice et Pierre se tenaient en retrait, le regard inquiet.

Julien, qui observait la scène, lançait des regards noirs vers moi. Je pouvais sentir son reproche à travers l'espace qui nous séparait. Tout cela, c'était ma faute, à ses yeux, et je ne savais pas comment m'en défendre.

Le regard de Pierre était empreint de douleur et d'inquiétude, tout comme celui de Candice. Nous étions tous là, mais rien ne semblait suffisant pour protéger Lenie.

— Viens, Lenie, prends ma main ! dit Clara, l'encourageant à se relever.

Je voulais me précipiter vers elles, mais Pierre me retint fermement.

— Non, attends.

Je me tournais vers lui, exaspérée.

— Quoi ? Je ne peux pas rester ici à rien faire !

— Je sais, mais regarde...

Lenie se leva enfin, son visage déformé par la colère et l'humiliation. Elle ne voyait que Clara, tandis que les autres filles reculaient, réalisant que la situation était devenue trop sérieuse.

— Laissez-moi tranquille ! cria Lenie, sa voix tremblante mais forte.

Il y avait quelque chose de résolu dans sa voix, quelque chose que je n'avais pas vu depuis longtemps. Je voulais lui crier que j'étais désolée, que j'étais là pour elle, mais mes mots restaient coincés dans ma gorge.

Le bruit des pas s'éloignant résonna dans le couloir alors que les filles se dispersaient, et la tension retomba lentement. Mais je savais que la tempête était loin d'être terminée. Lenie était blessée, et je me sentais de plus en plus comme une spectatrice impuissante de sa douleur.

Alors que nous quittions les lieux, je croisai le regard de Lenie, et cette fois, je vis la détermination dans ses yeux. Je savais que notre relation était en train de changer, et j'avais peur de ce que l'avenir nous réservait.