Ce que nous sommes.

Chapitre 34 : Le Poids des Émotions

Chapitre 34 : Le Poids des Émotions

L'entraînement battait son plein, mes directives résonnant alors que chacun s'efforçait de suivre. C'était un jour comme les autres, du moins en apparence. Jusqu'à ce que Marie Maude n'apparaisse au bord du terrain.

Je n'avais jamais prêté trop d'attention à elle, mais la façon dont Lenie lui sauta dans les bras me paralysa sur place. Mon souffle se coupa brièvement, alors que mon regard se figea sur elles. Lenie rayonnait, ses bras entourant Marie Maude avec une aisance qui me fit serrer les poings.

Je savais que leur amitié était récente, mais voir Lenie si proche d'elle me rappelait cruellement à quel point je me sentais distante. Il y avait un monde entre nous, et dans ce moment précis, c'était comme si je l'avais perdu, définitivement.

Julien se tenait à côté de moi, l'air un peu renfrogné. Nous échangions un regard, et je compris rapidement qu'il partageait ma frustration. Marie Maude semblait monopoliser toute l'attention de Lenie, nous laissant, Julien et moi, spectateurs impuissants.

Je m'approchai de Margot pendant une pause, cherchant des réponses dans les yeux de ma meilleure amie. « Tu savais que Marie Maude serait là aujourd'hui ? » demandai-je à voix basse.

Margot haussa les épaules, son regard compréhensif. « Elle est proche de Lenie en ce moment... mais ça va passer, Helena. »

Alors que l'entraînement reprenait, je tentais de me concentrer, mais mes yeux étaient irrésistiblement attirés vers Lenie. Elle riait avec Marie Maude, ignorant presque les autres. Chaque éclat de rire semblait souligner un fossé grandissant entre nous.

Je continuais à donner des consignes, mon ton plus sec qu'à l'accoutumée.

Lenie me lança un regard surpris, un sourire encore accroché à ses lèvres, comme si elle n'avait pas remarqué le changement dans ma voix. Mais moi, je le sentais. Tout mon corps était tendu, comme une corde prête à se rompre. Le poids de mes émotions menaçait de me submerger, mais je ne pouvais pas craquer ici, devant tout le monde.

Pendant la pause suivante, je pris mon courage à deux mains et me dirigeai vers Julien, qui observait la scène avec un froncement de sourcils.

« Ça te dérange aussi, non ? » demandai-je, presque soulagée de ne pas être la seule à ressentir ça.

Julien hocha la tête, les bras croisés, le regard fixé sur Lenie et Marie Maude. « Ça m'agace, ouais. Je pensais que... » Il laissa sa phrase en suspens, puis soupira. « Mais plus je les vois ensemble, plus je me rends compte que ce n'est pas elle. »

Je le regardai, étonnée. « Pas elle ? »

« Lenie. Je croyais que je... enfin, que je l'aimais vraiment, mais ce que je ressens maintenant, c'est juste de la jalousie. J'ai l'impression qu'elle nous oublie, et c'est ça qui me fait mal. Pas forcément parce que je l'aime comme toi tu peux l'aimer. »

Je restai silencieuse, assimilant ses paroles. « Comme moi je l'aime », avait-il dit. Est-ce que mes sentiments étaient si évidents ?

Julien me regarda alors, un sourire un peu triste aux lèvres. « Tu sais, Helena... c'est toi qui comptes vraiment pour elle. Moi, je suis juste un ami. Et ça, Marie Maude ne pourra jamais le changer. »

Son commentaire me fit chaud au cœur, même si une pointe de doute restait. J'observai Lenie de l'autre côté du terrain. Elle riait toujours avec Marie Maude, et j'avais du mal à croire que j'avais encore cette place spéciale dans sa vie.

Je restai silencieuse, absorbée par ses paroles. Il avait raison. Je devais affronter Lenie, lui dire ce que je ressentais, avant que cette distance entre nous ne devienne irréversible.