Chapitre 83 : Corps sous tensions

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Chapitre 83 : Corps sous tensions


Le samedi après-midi, nous étions sur le point de retrouver nos amis pour une après-midi au bowling. J'étais à la fois excitée et légèrement nerveuse : rester discrète avec Lenie allait devenir un défi, surtout avec Clara et Julien, qui semblaient parfois lire en nous comme dans un livre ouvert.

Arrivées devant le bowling, nous retrouvâmes le groupe. Candice et Pierre étaient déjà là, rigolant comme à leur habitude. Clara et Louis ne tardèrent pas à nous rejoindre, suivis de près par Julien, qui arrivait avec un sourire malicieux.

« Prêtes à perdre ? » lança-t-il, un éclat de défi dans les yeux.

Je ris, essayant de ne pas trop montrer mon enthousiasme. « Tu devrais plutôt t'inquiéter pour toi, Julien ! La dernière fois, tu n'avais même pas passé les 100 points ! »

Candice éclata de rire, visiblement amusée par ma réplique. « Julien, tu n'as vraiment pas le sens de la compétition ! »

« Eh ! Mais la dernière fois, c'était juste un coup de malchance, » se défendit-il en croisant les bras.

Nous entrâmes tous ensemble dans le bowling, plaisantant et échangeant quelques piques. Après avoir enfilé les chaussures de rigueur – celles qui nous faisaient tous ressembler à des clowns – nous nous installâmes autour de notre piste. Louis se chargea d'inscrire les noms, ajoutant au passage des surnoms ridicules pour chacun. Pour moi, il choisit "Hélénator" ; Lenie devint "La Flèche" ; Clara fut baptisée "Miss Strike", ce qui fit lever un sourcil amusé à Julien.

« La Flèche, sérieusement ? » murmurait Lenie, se penchant vers moi avec un sourire qui me fit aussitôt fondre.

J'eus envie de glisser ma main dans la sienne, juste un instant, mais je me retins, jetant un coup d'œil furtif aux autres pour m'assurer que personne ne nous regardait. Cette proximité était presque un supplice pour moi, et je sentais que pour Lenie, la tentation de me montrer son affection en public devenait de plus en plus difficile à ignorer.

Louis ouvrit le bal avec une démarche exagérément sérieuse, provoquant des éclats de rire lorsqu'il s'arrêta au dernier moment pour effectuer une révérence avant de lancer la boule. Elle roula maladroitement le long de la piste avant de dévier dans la rigole. L'air faussement dépité, il se tourna vers nous.

« Bon, j'ai juste voulu vous mettre en confiance, » déclara-t-il en haussant les épaules.

Pierre et Candice s'étaient lovés l'un contre l'autre en riant, clairement contents d'être là. Lorsque Candice prit son tour, elle marcha avec détermination, ajustant son lancer avant de frapper huit quilles d'un coup.

« Voilà ce qu'on appelle du talent, » dit-elle, adressant un clin d'œil triomphant à Pierre, qui l'embrassa sur la joue.

Lenie prit alors sa boule et se tourna vers moi avec un sourire presque nerveux. « Pas de pression, hein ? »

« Allez, montre-leur ce que tu sais faire, La Flèche, » plaisantai-je en lui adressant un petit clin d'œil encourageant.

Elle s'avança, concentrée, puis lança la boule avec élégance. Celle-ci fila droit vers les quilles, et au moment de l'impact, elle réussit un strike impeccable. Je ne pus m'empêcher d'applaudir avec les autres, fière de la voir triompher ainsi.

Elle se tourna vers moi, et pendant un instant, nos regards se croisèrent, une complicité silencieuse qui me fit battre le cœur un peu plus fort. Elle devait sans doute ressentir la même chose, car elle détourna rapidement les yeux, gênée. Notre lien devenait de plus en plus visible, malgré tous nos efforts pour rester discrets.

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