Chapitre 63 : Échos de tensions

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Chapitre 63 : Échos de tensions

Nous sortîmes du restaurant, l'ambiance encore vibrante de nos rires et de notre célébration. Le ciel était dégagé, et l'air frais me caressait le visage alors que nous marchions ensemble. Pourtant, cette joie ne tarda pas à se dissiper, remplacée par une tension palpable. À quelques pas derrière moi, Lenie et Marie Maude s'étaient mises à discuter, mais leur échange devint rapidement plus intense.

« Je te jure que c'est bon, je dormirai avec toi ! » lança Lenie, sa voix résonnant plus fort que prévu. Je me retournai, surprise, juste à temps pour voir Marie Maude ouvrir la bouche, prête à répliquer.

Le regard de Lenie croisa le mien, et je pouvais lire une pointe de regret dans ses yeux. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, je détournai le regard, sentant une vague de confusion m'envahir.
« Allez, avancez ! » dis-je à l'équipe, espérant que mes mots seraient un pont vers une atmosphère plus légère.

Juste devant moi, Julien était avec Amélie. Il ralentit, se mettant à mes côtés alors que Candice était plongée dans une conversation.
« Qu'est-ce que tu comptes faire ? » me demanda Julien, baissant la voix comme s'il savait que la situation était délicate.

Je pris une profonde inspiration.
« Je ne peux pas choisir à la place de Lenie. Elle est dans une position tellement inconfortable... et vous aussi, avec le retour en voiture demain. On verra bien à notre retour en Belgique. Surtout que nous, on repart en avion. »

Candice hocha la tête, approuvant mes paroles.
« Tout à fait d'accord. Il vaut mieux laisser faire les choses et voir comment ça évolue. »

Julien acquiesça, mais un sourire taquin se dessina sur ses lèvres.
« Mais tu es sûre que tu vas survivre sans Lenie à côté de toi pour dormir ? »

Amélie, amusée, lui lança un regard faussement sévère.
« Tu pourrais arrêter d'embêter Helena, s'il te plaît ? »

Je me mis à sourire, reconnaissante.
« Merci, Amélie. »

Les échanges de taquineries et de rires apportaient un semblant de normalité à cette soirée. Mais au fond de moi, je savais que la situation avec Lenie et Marie Maude n'était pas encore résolue. En attendant, je pouvais seulement espérer que tout se calmerait avant notre départ.

Je jetai un coup d'œil en arrière, mais Lenie était toujours là, le visage fermé, tandis que Marie Maude marchait à ses côtés, visiblement contrariée. Le chemin de retour était encore long, et je priais pour que cette tension ne gâche pas notre dernière soirée ensemble. À cet instant, je réalisai que je ne voulais pas voir Lenie souffrir, mais je ne pouvais pas non plus intervenir sans qu'elle ne me le demande.

Alors, je me concentrai sur le moment présent, sur mes amis, et sur l'espoir que tout finirait par s'arranger.

Dans la chambre, Lenie s'affairait à rassembler quelques affaires pour la nuit. Je la regardais avec un mélange de tristesse et de compréhension. Je savais qu'elle avait besoin de cet espace, mais cela me laissait un goût amer dans la bouche. Je décidai de m'éclipser sur la terrasse, m'appuyant contre la rambarde en contemplant la mer.

Je sortis un paquet de cigarettes que j'avais toujours sur moi, au cas où. Je n'étais pas une fumeuse régulière, mais ce soir, j'en avais besoin. Les vagues venaient s'écraser contre le rivage, leur bruit apaisant un peu le tumulte dans mon cœur. Alors que je me perdais dans mes pensées, je sentis Lenie s'approcher derrière moi, ses bras m'enveloppant doucement.

Je restai immobile, prenant le temps de finir ma cigarette, savourant la sensation de son étreinte. Lorsque je me retournai enfin, elle avait retiré ses bras. Je l'attrapai par le bras, la serrant contre moi. C'était ma façon de lui faire comprendre que tout irait bien, qu'il était normal qu'elle dorme avec Marie Maude. Je l'embrassai doucement sur le front, me détachant ensuite avec un léger sourire.

« Vas-y, Lenie. Je n'ai pas vraiment envie de voir Marie Maude débarquer devant ma porte. »

Alors qu'elle sortait, elle se retourna, les yeux pleins d'hésitation. « Pardon... » commença-t-elle, laissant sa phrase en suspens. Je compris ce qu'elle ne disait pas, ce que nous ne pouvions pas vraiment aborder. Je lui souris, tentant de lui transmettre toute ma bienveillance.

« Bonne nuit, Lenie. Tu as la clé, au cas où. »

Elle déposa un baiser furtif sur ma joue avant de disparaître rapidement, me laissant seule sur la terrasse. Une fois seule, je me laissai tomber sur le lit, m'étalant en étoile de mer, et poussai un soupir de soulagement.

Le calme de la chambre ne dura pas longtemps. On frappa à la porte.

« Helena ? C'est nous, Candice et Margot ! »

J'ouvris la porte et les laissai entrer. Elles avaient l'air préoccupées.

« On voulait savoir comment tu allais et ce que tu pensais du fait que Lenie va dormir avec Marie Maude, » dit Candice, son ton empreint d'inquiétude.

Je secouai la tête, amusée malgré moi. « J'aurais dû jouer la carte du 'tu es majeure' à Marie Maude. Lenie est mineure, et elle est sous ma responsabilité. Ses parents me l'ont "confiée". Mais je suis mal placée pour mettre Lenie dans l'embarras. »

Margot émit un petit rire. « Au contraire, tu aurais dû ! Je n'y avais pas pensé, mais je te parie que si j'avais été à ta place, je l'aurais sûrement dit. »

Nous éclatâmes de rire, et je me sentis un peu mieux. Nous continuâmes à discuter, partageant des anecdotes et des plaisanteries, jusqu'à ce que Candice décide de rejoindre Pierre pour dormir.

« Je compte bien profiter de cette soirée avec ma meilleure amie, » annonça Margot avec un sourire.

Je rigolai et lui demandai :

« Et Axel, il est où ? »

Elle se renfrogna légèrement.

« Il est parti jouer au terrain avec les gars, Louis et Julien. »

« Oh, ne dis pas que je suis devenue une roue de secours ! » taquinai-je.

Elle me tira la langue avant de revenir sur un sujet plus sérieux. « Et sinon, comment ça se passe avec Lenie ? »

Je pris une profonde inspiration, réalisant à quel point j'avais besoin de partager ce que je ressentais. « Eh bien... Il s'est passé tant de choses depuis le début du séjour. Comme ce baiser. Je... je suis perdue. »

Margot m'écouta attentivement, et je continuai. « J'ai peur de m'engagement. J'ai toujours cette peur, tu sais ? Mais avec Lenie, c'est différent. Je ressens quelque chose de fort, mais je ne veux pas la blesser. »

Margot hocha la tête, ses yeux remplis de compréhension. « Parfois, il faut se lancer, Hele. La vie est trop courte pour rester dans le doute. »

Je la remerciai de son soutien, sachant que j'avais encore du chemin à parcourir, mais au moins, j'avais des amis sur qui compter. La nuit continuait d'avancer, et avec elle, mes pensées vagabondaient entre l'incertitude et l'espoir. 

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