Chapitre 70 : Loup-Garou

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Chapitre 70 : Loup-Garou

Après le film, Candice et Pierre vont se coucher dans la chambre de mon père, comme d'habitude. Amélie et Julien prennent ma chambre, tandis que Lenie et moi dormirons dans le divan-lit du salon.

Je m'installe sous la couverture, lançant une série sur Netflix, un truc pas trop bruyant pour ne pas déranger. Comme mon père, je m'endors souvent avec la télé allumée. Lenie revient de la salle de bain, se glissant sous la couette à côté de moi. L'odeur fraîche du dentifrice me parvient, même si elle s'est déjà brossé les dents avant le film. Elle doit être nerveuse.

Je jette un coup d'œil vers elle. Lenie regarde son téléphone, avant de le poser sur la table de chevet en soupirant.

« J'ai trop la flemme pour me relever et le mettre à charger. Tu peux mettre un réveil, pour qu'on se lève à l'heure demain ? » me demande-t-elle doucement.

« Pas de souci, » je réponds en réglant l'alarme sur mon propre téléphone.

Je la sens se tourner vers moi, hésitante.

« Ça va ? » je lui demande.

Elle me lance un regard, puis hausse légèrement les épaules.

« Ça va, mais... il y a quand même un truc qui me chiffonne. »

Je me redresse un peu sur mon coude pour mieux la voir.

« Qu'est-ce qui te tracasse ? »

Lenie prend une profonde inspiration avant de murmurer :

« Depuis le bar... je te sens distante. »

Je cligne des yeux, un peu surprise par sa remarque.

« Je suis pas distante, » dis-je doucement, cherchant les bons mots. « C'est juste que... l'épisode avec ces types m'a un peu perturbée. Je veux dire, tu sais que t'as jamais vraiment eu de relation sérieuse avec une fille, et ça... ça fait partie de mes peurs, je pense. »

Lenie semble réfléchir à ce que je viens de dire, puis se rapproche un peu de moi sous la couverture, cherchant à me rassurer.

« Je comprends ce que tu veux dire, » murmure-t-elle, sa voix plus douce. « Mais tu n'as pas à t'inquiéter pour ça. Je sais ce que je veux, Helena. Et c'est toi. »

Son honnêteté me touche, et un poids invisible se détache de mes épaules. Je prends une grande inspiration, sentant cette connexion fragile entre nous se renforcer à nouveau.

« Merci, » je murmure à mon tour, avant de sourire. « Je crois que j'en avais besoin. »

Elle sourit aussi, puis ferme les yeux, se rapprochant un peu plus de moi. La série continue de tourner en fond, mais l'atmosphère entre nous est apaisante, presque réconfortante.

J'étais allongée, les yeux mi-clos, écoutant le léger souffle de Lenie près d'elle. J'hésitais, son cœur battant un peu plus vite à mesure qu'elle réfléchissait à l'idée de franchir cette ligne. Devrais-je l'embrasser maintenant, là, dans cet instant de calme ? Lenie était tellement proche, et tout semblait si paisible entre nous à cet instant. Mais je finis par me rétracter, se disant que leur prochain baiser devrait avoir lieu dans des circonstances parfaites, lorsqu'elles seraient toutes les deux prêtes. Pas dans l'ombre de doutes ou de peur.

Passant alors doucement un bras autour de Lenie, la serrant contre moi, je sentis ses muscles se détendre tandis que le sommeil me prenait doucement. Je m'endormi avec Lenie dans ses bras, apaisée par la chaleur de sa présence.

Après le déjeuner, une idée me traverse l'esprit.

« Ça vous dit de jouer au Loup-garou ? » proposai-je, un sourire aux lèvres. « Le film d'hier soir m'a donné envie. »

Candice, Pierre, Amélie et Julien échangèrent des regards avant de hocher la tête avec enthousiasme.

« Oh, carrément ! » répondit Julien. « Ça fait un moment qu'on n'y a pas joué. »

Je me tournai vers Lenie, et son sourire léger me fit comprendre qu'elle était partante aussi.

« Je suis partante, » confirma-t-elle, me lançant un regard complice.

On s'installe tous dans le salon, prêts à démarrer la partie. Julien prend le rôle de maître du jeu et distribue les cartes en secret. Je sens une petite excitation monter en moi en découvrant mon rôle : Loup-garou. Un sourire en coin s'affiche sur mon visage.

« D'accord, fermez les yeux, » ordonne Julien, prenant son rôle très au sérieux. « La nuit tombe sur le village... »

Je ferme les yeux, écoutant les instructions avec attention.

« Cupidon, réveille-toi, » continue Julien, désignant le premier rôle.

J'entends un léger mouvement à côté de moi, Julien se lève discrètement. Et puis, la nouvelle tombe : il m'a choisie, moi, et... Lenie. Mon cœur bat un peu plus fort à cette idée. Je dois jouer la partie avec elle comme si on formait un couple secret. Une étrange excitation me parcourt.

« Les amoureux, ouvrez les yeux et reconnaissez-vous. »

J'ouvre lentement les yeux, et mon regard croise celui de Lenie. Il y a un instant de complicité entre nous, un échange silencieux qui me fait sourire. C'est comme si le jeu avait intensifié quelque chose de plus grand entre nous.

« Les amoureux, rendormez-vous. Maintenant, les Loups-garous se réveillent, » annonce Julien.

Je rouvre les yeux discrètement, évitant de bouger trop brusquement. Mon regard croise celui de Candice, elle aussi Loup-garou. On échange un sourire complice avant de refermer les yeux.

La partie commence, et rapidement, les soupçons se tournent vers Lenie. Amélie est la première à l'accuser, mais je fais de mon mieux pour la défendre sans éveiller trop de soupçons. Je dois garder la couverture des amoureux tout en protégeant notre secret.

« Sérieusement, pourquoi tu la protèges autant, Helena ? » demande Pierre en riant, un brin suspicieux.

« Je vous dis qu'elle n'a rien fait ! » répliquai-je, tentant de rester calme pour ne pas me trahir.

La partie avance et, contre toute attente, Candice et moi réussissons à éliminer les autres villageois un par un. Malgré les soupçons et les accusations, on gagne la partie en tant que Loups-garous, sous les éclats de rire et les protestations des autres.

« J'aurais dû savoir que c'était toi ! » s'exclame Amélie, éclatant de rire en réalisant qu'elle s'était fait avoir par Candice et moi.

Lenie rit à son tour, découvrant que nous étions amoureux dans le jeu.

« Franchement, vous jouez trop bien ensemble, » dit Julien en secouant la tête, visiblement impressionné. « Bien joué. »

Je lui adresse un clin d'œil, satisfaite de notre victoire, mais surtout heureuse de ce moment partagé avec Lenie, même si ce n'était qu'un jeu. 

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