Chapitre 65 : Retour au pays

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Chapitre 65 : Retour au pays

Après cette journée à la piscine, la réalité me frappa comme un coup de vent froid. Notre séjour touchait à sa fin, et le temps des vacances semblait avoir filé en un instant. Nous étions tous réunis dans le salon de l'hotel, nos valises bouclées, prêts à repartir vers nos quotidiens. Pourtant, cette perspective me laissait une sensation amère. Ces derniers jours avaient été chargés d'émotions, de moments partagés, mais aussi de tensions non résolues.

Lenie, assise à l'autre bout du canapé, discutait avec Margot et Djebril. Je la regardais du coin de l'œil, me demandant si les choses seraient toujours aussi électriques entre nous une fois rentrés. Ce jeu dangereux que nous jouions finirait-il par nous consumer ? Ou bien trouverions-nous un équilibre ?

Axel, qui rangeait quelques affaires, vint s'asseoir à mes côtés, brisant le fil de mes pensées.

« Prête à rentrer ? » demanda-t-il doucement.

Je haussai les épaules, le regard perdu. « Je ne sais pas... ce sejour m'a un peu chamboulée. Je ne suis pas sûre de savoir où j'en suis, ni avec Lenie, ni avec le reste. »

Axel sourit, l'air compréhensif. « C'est normal. On est tous un peu perdus. » Il me donna un léger coup de coude, comme pour alléger l'atmosphère. « Mais c'est ce qui fait que la vie est intéressante, non ? »

Je souris malgré moi. Axel avait toujours eu cette capacité à relativiser les choses, même les plus complexes.

« Peut-être, » répondis-je. « Mais j'ai l'impression qu'à force de jongler avec tout ça, quelque chose va finir par me tomber dessus. »

Axel hocha la tête, pensif. « C'est sûr que tout change... mais je pense que tu vas t'en sortir. Et puis, on est là. » Il me donna une tape amicale sur l'épaule avant de se lever. « Allez, il est temps de bouger. »

Le trajet du retour fut relativement calme. Nous étions tous un peu fatigués par l'intensité des derniers jours. Candice dormait la tête posée contre l'épaule de Pierre, qui lui-même luttait pour rester éveillé. Margot et Djebril s'échangeaient des blagues discrètes à l'arrière, tandis que je fixais le paysage défiler par la fenêtre.

Mon esprit vagabondait entre les souvenirs du séjour et l'inquiétude de retrouver notre quotidien. Chaque retour de vacances apportait ce poids, cette transition parfois difficile entre un temps suspendu et la réalité. Et cette fois-ci, tout semblait plus compliqué. Je repensais à la piscine, à ce moment avec Lenie, à la façon dont elle avait su brouiller mes pensées en un clin d'œil. Est-ce que tout redeviendrait normal une fois rentrés ? Ou est-ce que tout avait irrémédiablement changé ?

Je traînai ma valise jusque dans ma chambre, où la réalité me rattrapa : les cours, les révisions, les examens à venir. De retour, l'agitation habituelle reprit rapidement ses droits. Les étudiants revenaient peu à peu, les couloirs se remplissaient de rires, de discussions animées, et de pas pressés. La vie normale, en somme.

Candice, toujours joyeuse, arriva, un sourire aux lèvres.

« Alors, prête pour la reprise ? » demanda-t-elle en s'asseyant sur mon lit.

Je haussai les épaules. « Prête ou pas, on n'a pas vraiment le choix. »

Candice hocha la tête, compréhensive. « Oui, mais c'est peut-être l'occasion de mettre certaines choses au clair, tu ne penses pas ? »

Je fronçai les sourcils. « De quoi tu parles ? »

Elle me lança un regard amusé. « De Lenie, bien sûr. Vous deux, c'était... » Elle laissa sa phrase en suspens, me laissant comprendre le reste.

Je soupirai. « Oui, c'était quelque chose. Mais je ne sais toujours pas ce que c'est. »

Candice se redressa et croisa les bras. « Eh bien, c'est peut-être le moment de le découvrir, non ? »

Les jours suivants se succédèrent à un rythme effréné. Entre les cours qui reprenaient et les entraînements de basket, je n'avais que peu de temps pour penser à Lenie. Mais inévitablement, elle se trouvait toujours quelque part dans mes pensées, comme un fond sonore constant que je ne pouvais ignorer. Chaque interaction entre nous devenait un terrain glissant, un jeu de regards et de gestes qui laissait planer une tension palpable. Parfois, je me surprenais à l'éviter volontairement, par peur de ce que je pourrais dire ou faire.

Puis, un soir, alors que je trainais après un long entraînement, je la vis, adossée contre un mur, les bras croisés, son regard fixé sur moi. Elle attendait quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Mon cœur accéléra.

« Tu comptes m'éviter encore longtemps ? » lança-t-elle, sa voix légèrement teintée d'amusement.

Je me figeai un instant, ne sachant pas comment répondre. Mais au lieu de fuir, je m'approchai lentement.

« Je ne t'évite pas, » répondis-je finalement, même si nous savions toutes les deux que ce n'était pas tout à fait vrai.

Lenie inclina la tête, un sourire en coin. « Tu mens mal, tu sais. »

Je baissai les yeux, mal à l'aise, avant de reprendre d'une voix plus ferme :

« Je ne sais juste pas quoi faire de tout ça. De nous. »

Lenie s'avança vers moi, réduisant la distance entre nous en quelques pas. « Pourquoi ne pas laisser les choses se faire ? Pourquoi toujours vouloir tout contrôler ? »

Je relevai les yeux vers elle, et je vis la sincérité dans son regard. Peut-être avait-elle raison. Peut-être que je devais simplement me laisser porter, comme Axel l'avait dit. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. La peur de me brûler, de tout gâcher, était toujours là.

Lenie tendit la main, effleurant doucement mon bras, un contact qui me fit frissonner.

« On est rentrées, » murmura-t-elle, presque comme une promesse. « Mais ça ne veut pas dire que tout doit revenir à la normale. » 

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