Chapitre 95 : Quand les Non-Dits S'effacent

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Chapitre 95 : Quand les Non-Dits S'effacent

La soirée touche à sa fin. Nous sommes tous réunis dans le salon, des rires fatigués remplissent encore l'air, et une douce chaleur émane de chacun de nous. Pierre, qui s'est installé près de Candice, lève soudain la tête et laisse échapper un soupir dramatique. « Bon, les gars... maintenant que les matchs sont finis, on va devoir commencer à penser aux examens, non ? »

Quelques gémissements de protestation s'élèvent de part et d'autre, mais il continue, un sourire en coin. « Et si on faisait comme pour les examens de Noël ? »

Mon esprit repense à cette période de révisions intensives, où nous nous étions tous retrouvés ici, à réviser ensemble. Malgré le stress, c'était des moments qui avaient solidifié notre amitié, une sorte de rituel presque rassurant. « Ça me va ! » je réponds, enthousiaste. « On peut recommencer chez moi, comme la dernière fois. »

Julien, qui écoute sans rien dire jusque-là, fronce les sourcils, intrigué. « Attendez... de quoi vous parlez exactement ? »

Pierre explique rapidement comment on avait tous décidé de se réunir pour étudier ensemble. « Et ça avait plutôt bien marché, si on en croit nos notes. »

Julien, Louis et Clara échangent un regard approbateur. Louis, l'air déjà un peu assommé par l'idée des examens, hausse les épaules. « Allez, va pour ça alors. »

On parle un moment de nos futurs plans, de nos sujets à réviser, mais petit à petit, chacun commence à se lasser, laissant la fatigue s'infiltrer. Les adieux se multiplient, des accolades chaleureuses, des éclats de rire encore flottant dans l'air.

Je me retrouve bientôt seule, ou presque. Lenie est toujours là. Elle traîne, ramassant quelques verres, ses gestes lents, comme si elle cherchait une raison de rester un peu plus longtemps. Je ressens un mélange d'appréhension et d'espoir en la regardant. Bien que nous nous soyons embrassées plus tôt, je sais que tout n'est pas réglé entre nous. Des non-dits planent encore, des incertitudes également.

Quand la dernière personne s'en va et que je referme la porte, Lenie est là, ramassant quelques assiettes vides. Elle me jette un coup d'œil en coin, mais son visage reste impassible, difficile à lire. Prenant une inspiration, je m'avance vers elle et lui prends doucement ce qu'elle tient dans les mains. Mon regard plonge dans le sien, et une sensation de calme s'installe entre nous.

Je serre ses mains dans les miennes, et après un instant d'hésitation, je murmure : « Est-ce que je peux te serrer contre moi ? »

Elle hoche la tête sans un mot, et c'est tout ce dont j'ai besoin. J'entoure mes bras autour d'elle, la serrant tout contre moi, comme si j'avais peur de la perdre à nouveau. Son parfum familier, sa chaleur, tout me rassure, mais je sens aussi le poids de ce qui a été dit entre nous, et je ne peux pas l'ignorer.

« Je suis désolée, Lenie... pour tout ce qui s'est passé, pour mes erreurs... » Mes mots sortent difficilement, ma voix s'effritant sous l'émotion. Mais elle me coupe, posant un doigt sur mes lèvres.

« Non, Helena. C'est à moi de m'excuser. J'aurais jamais dû mettre ta parole en doute... j'ai réagi sans réfléchir, et je sais que je t'ai blessée. » Elle baisse les yeux, comme pour rassembler ses pensées. « J'étais en colère, je me sentais... je ne sais même pas comment l'expliquer. Je t'ai dit des choses injustes, des choses que je ne pensais pas. »

La voir ainsi, la voix pleine de regrets, me touche plus que je ne le montre. Lentement, je lève une main vers son visage, et je la caresse doucement avant de l'embrasser, avec une tendresse fragile, presque craintive. Ce baiser n'a rien de fougueux, il est lent, comme si chaque seconde avait son importance. Je ne sais pas si c'est elle ou moi qui suis la plus fragile dans ce moment.

Nos regards se rencontrent de nouveau, et il y a dans ses yeux une lueur que je n'avais pas vue depuis longtemps, quelque chose qui me réchauffe le cœur. Pourtant, des questions restent en suspens.

« Lenie... » Je chuchote, hésitante. « Où en est-on, toutes les deux ? »

Elle inspire profondément avant de répondre, ses yeux plongés dans les miens. « Helena... je n'ai jamais voulu dire que c'était fini entre nous. Même si je suis encore en colère, même si j'ai encore des doutes, j'ai compris que je ne pouvais pas imaginer ma vie sans toi. »

Ses mots sont comme un baume, apaisant certaines de mes peurs. Je l'attire un peu plus près de moi, savourant ce moment de proximité retrouvé, et je ressens une sérénité que je n'avais pas ressentie depuis longtemps.

Alors, je murmure doucement : « Tu veux rester dormir ici, ce soir ? »

Elle acquiesce, son visage s'éclairant d'un sourire. Nous n'avons pas besoin de parler davantage. Juste sa présence ici, dans cette maison pleine de souvenirs, est tout ce dont j'ai besoin pour ce soir.

La fatigue nous rattrape, mais il y a aussi un apaisement dans l'air, quelque chose de précieux, une harmonie retrouvée. Une fois allongées côte à côte, j'éteins la lumière, et je ressens la chaleur de sa main cherchant la mienne sous la couette.

« Helena ? » murmure-t-elle dans le noir, sa voix douce.

« Oui ? »

Elle reste silencieuse un instant, comme pour choisir ses mots. « Je veux qu'on prenne notre temps. Je ne veux pas tout précipiter, mais je veux aussi avancer, avec toi. »

Son honnêteté me touche profondément. « Moi aussi, Lenie. On fera ça à notre rythme. »

Le silence s'installe entre nous, mais c'est un silence confortable, empli de promesses et de réconciliation. Ma main dans la sienne, je ferme les yeux, prête à embrasser ce nouveau chapitre, à reconstruire notre complicité et à avancer, ensemble.

Alors que je commence à m'endormir, une vague de gratitude me submerge. Malgré toutes les épreuves, malgré les doutes, malgré tout ce qui aurait pu nous séparer, elle est là, avec moi. Ce soir, je sais que nous avons fait un pas de plus vers ce que nous sommes réellement l'une pour l'autre. 

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