Chapitre 108 : L'aveu de Julien.
Quand je me suis réveillée ce matin-là, j'ai tout de suite senti l'absence de Lenie. Le lit à mes côtés était froid, vide. Elle n'était pas là. Mes yeux se sont fermés un instant, et j'ai pris une profonde inspiration en me demandant ce qui avait bien pu se passer en l'espace de quelques heures pour qu'elle se renferme ainsi. Pourquoi cette distance soudaine ? Pourquoi cette froideur, alors qu'hier encore, tout semblait normal, presque parfait ? Je n'arrivais pas à comprendre.
J'étais perdue dans mes pensées lorsque j'ai entendu des éclats de rire provenant du salon. Cela m'a fait revenir à la réalité. Une partie du groupe devait déjà être levée. Je me suis levée à mon tour, attrapant un vieux training dans mon armoire, et je l'ai enfilé sans vraiment réfléchir. Mes pensées se bousculaient. Était-ce l'approche des vacances qui la perturbait ? Ou est-ce qu'elle se faisait du souci pour ses résultats ? Ou peut-être quelque chose que je n'avais pas vu venir ?
Je me suis dirigée vers la cuisine, où l'odeur du petit déjeuner fraîchement préparé flottait dans l'air. Lorsque j'ai franchi l'embrasure de la porte, j'ai jeté un coup d'œil rapide à la pièce, cherchant Lenie du regard, mais elle n'était pas là. Ce fut Julien qui s'est installé face à moi, posant une tasse de chocolat chaud devant moi avec un petit sourire, mais un regard qui ne m'échappa pas. Il savait. Il avait vu la même chose que moi, cette distance entre Lenie et moi.
"Petite mine", me dit-il en m'observant d'un œil attentif.
Je lui rendis un sourire forcé, un peu gênée. "Oui, un peu... J'ai hâte que ces examens soient derrière nous. C'est comme si tout le monde était sur les nerfs."
Julien acquiesça, une lueur d'inquiétude dans les yeux. "Je comprends..., comment tu trouves Lenie, depuis hier ?"
Je sentais le poids de sa question. C'était comme si tout à coup, l'air s'était chargé d'une tension supplémentaire. J'avais presque envie de lui dire que je n'en savais rien, que je ne comprenais plus rien à ce qui se passait. Mais je me suis ouverte à lui, peut-être parce que j'avais besoin de partager ce qui me rongeait depuis un moment.
"Depuis qu'on a parlé des vacances... Elle est un peu... étrange. Je sais pas comment l'expliquer, mais elle semble... distante, tu vois ?" J'ai baissé les yeux sur ma tasse, hésitant. "Je n'ai aucune idée de pourquoi."
Julien fit une grimace et sembla réfléchir un instant avant de répondre. "Je crois savoir. En général, elle passe les deux mois de vacances chez ses grands-parents. Elle y va depuis qu'elle est toute petite, donc c'est un peu une habitude pour elle, une sorte de tradition familiale. Mais cette année... avec toi. Elle sera toute seule, sans toi, sans vous."
Ses mots résonnèrent dans ma tête, et une boule d'inquiétude se forma dans mon estomac. J'avais imaginé tout un tas de raisons pour lesquelles Lenie pouvait être distante, mais celle-ci... Celle-ci, je ne l'avais pas envisagée. Peut-être que l'idée de devoir passer les vacances sans nous, sans son cercle habituel, la perturbait plus que je ne l'avais imaginé.
Je pris une gorgée de chocolat chaud, essayant de digérer tout ça. Cette nouvelle information m'éclairait sur certaines choses, mais en même temps, elle ne faisait qu'ajouter une couche d'incertitude à tout le reste. Pourquoi ne m'en avait-elle pas parlé ? Pourquoi ne m'avait-elle pas fait part de ses inquiétudes ?
"Mais pourquoi ça la perturbe autant, Ju ? Pourquoi ne m'en a-t-elle jamais parlé ?" demandai-je, plus pour moi-même que pour lui.
Julien haussait les épaules avec un air pensif. "Je crois qu'elle ne veut pas t'inquiéter. Ou peut-être qu'elle réalise que ça pourrait t'affecter aussi. Les vacances, l'éloignement de tout, c'est peut-être un gros changement pour elle. Et peut-être qu'elle a du mal à l'admettre."
Je me sentais perdue, tout d'un coup. Pourquoi n'avais-je pas vu ça plus tôt ? C'était évident, en fait. Cela faisait sens, dans un sens. Lenie avait toujours eu cette routine, cette stabilité pendant les vacances, et l'idée de devoir tout gérer seule cette année devait la perturber d'une manière que je ne comprenais pas encore complètement. Mais pourquoi était-elle aussi distante avec moi alors ? Peut-être que tout ça la faisait douter, et que je n'étais pas la personne qu'elle voulait avoir autour d'elle dans ces moments-là. Peut-être que, pour une raison ou une autre, elle se renfermait sur elle-même.
Je me redressai dans ma chaise, mes mains légèrement tremblantes alors que je reposais ma tasse de chocolat vide. Mon esprit tournait à mille à l'heure. "Tu crois que je devrais lui en parler ? Peut-être lui demander ce qui ne va pas ?" Je n'étais même pas sûre de ce que je voulais dire. "Je ne veux pas la pousser, mais je m'inquiète pour elle, pour nous..."
Julien me regarda longuement, un air sérieux sur le visage. "Si tu veux vraiment savoir, il vaut mieux lui en parler. Mais fais attention, ne la force pas. Elle doit être prête à en parler, et si elle ne l'est pas, alors laisse-la venir vers toi."
Je hochai la tête lentement, m'efforçant d'absorber ses paroles. Il avait raison, bien sûr. Forcer quelqu'un à s'ouvrir ne mène à rien. Mais si Lenie me fuyait à chaque fois, si je restais à attendre, ça finirait par devenir insupportable. "Merci", murmurais-je, ne sachant pas vraiment quoi ajouter. Il n'y avait pas de solution facile à cette situation. Tout semblait plus compliqué, plus fragile qu'auparavant.
Juste à ce moment-là, la porte de la cuisine s'ouvrit doucement, et Lenie entra dans la pièce, les cheveux encore humides de la douche. Elle portait un vieux t-shirt et un pantalon confortable, mais son regard fuyait. Ce n'était pas la Lenie que je connaissais. Il y avait quelque chose de triste chez elle.
"Salut", me dit-elle d'une voix absente en me lançant un sourire qui n'atteignait pas ses yeux. Je lui répondis par un sourire timide, mais je pouvais sentir ma propre inquiétude grandir.
"Comment ça va ce matin ?" demandai-je doucement, essayant de capter son regard, mais elle évita mes yeux.
"Ça va", répondit-elle, une simple phrase, comme si tout était normal, mais je savais que ce n'était pas le cas.
Elle s'avança vers le réfrigérateur pour prendre une bouteille d'eau, son geste automatique trahissant encore plus son état d'esprit. La tension entre nous était palpable, et je ne savais pas comment briser ce silence qui pesait sur nous.
Je restai silencieuse un instant, observant ses gestes. Puis, après un moment qui me parut une éternité, je pris la parole, ma voix douce, presque timide. "Lenie, je sais qu'il y a quelque chose qui te tracasse. Si tu veux en parler, je suis là."
Elle se tourna lentement vers moi, mais ne me regarda pas dans les yeux. Elle baissa la tête, comme si mes mots étaient trop lourds à entendre. "Je... Je ne veux pas en parler", murmura-t-elle presque à voix basse, puis se détourna pour ouvrir la bouteille d'eau, évitant encore mon regard.
Je me sentis désemparée. Pourtant, je n'avais pas envie de lui forcer la main. Si elle n'était pas prête, je devais attendre. Mais l'inquiétude, elle, ne partait pas. "Ce n'est pas grave", répondis-je doucement, en me rapprochant d'elle. "Tu n'es pas obligée de parler si tu n'en as pas envie. Mais je veux que tu saches que je serai toujours là, quand tu seras prête."
Lenie s'arrêta un instant, comme si mes mots avaient frappé quelque part en elle, mais elle ne dit rien. Elle se contenta de hocher vaguement la tête, toujours sans me regarder. Puis, dans un silence lourd, elle se détourna à nouveau pour rejoindre le reste du groupe. Je savais que ce n'était pas fini, que ce silence cachait bien plus que ce qu'elle voulait me montrer. Mais pour l'instant, je n'avais pas d'autres choix que d'attendre.
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Ce que nous sommes.
FanfictionHello, nouvelle histoire Helenie dans un autre univers. Elle se retrouve en secondaire (Lycée pour les Français je pense) Ont du coup entre 16 et 18-19 ans. Extrait : Bang, un seul son, pas de cri, pas de traces de freinage, rien, juste se bang, u...