Chapitre 90 : Attente Silencieuse
Je reste immobile, le téléphone toujours en main, fixant l'écran comme s'il allait me donner des réponses. La voix de Lenie sur son répondeur a résonné dans ma tête, m'écrasant un peu plus. Pourquoi refuse-t-elle de me parler ? Je m'en veux tellement de ne pas avoir réagi plus tôt. Tout cela aurait pu être évité si j'avais su voir au-delà des apparences, si j'avais fait preuve de plus de prudence avec Virginie, de plus de confiance envers Lenie.
Je passe le reste de la soirée dans un état semi-comateux, fixant le plafond, à demi-allongée sur mon canapé. Les lueurs de la rue dansent sur les murs, me rappelant vaguement que la vie continue au-delà de mes quatre murs. Mais moi, j'ai l'impression d'être coincée, de ne plus avancer. Dans un dernier sursaut de lucidité, je me redresse, m'étirant pour essayer de déloger cette douleur sourde au fond de mon ventre. Je décide de prendre un verre d'eau, mais même cette simple action semble nécessiter un effort surhumain.
C'est à ce moment-là que la sonnerie de mon téléphone retentit. Je bondis, le cœur battant, pleine d'un espoir que je ne pensais plus avoir. Mes mains tremblent légèrement alors que je saisis le téléphone. Mais ce n'est pas Lenie. C'est un message de Margot.
Margot : "Ça va ? Tu veux que je passe demain matin ? On pourrait aller se balader et prendre un café, ça te ferait du bien."
Je soupire, un peu déçue. Margot a raison, je devrais probablement me changer les idées. Mais une partie de moi refuse de quitter cet appartement, comme si en restant ici, j'avais plus de chances de retrouver Lenie. Comme si elle allait frapper à ma porte, m'arracher à cette solitude et tout me pardonner. Pourtant, je sais que la vie ne fonctionne pas comme ça. Je lui réponds rapidement, sans promesse, mais en la remerciant pour son soutien.
La nuit est longue. Je tourne et retourne les événements dans ma tête, chaque détail, chaque regard, chaque mot échangé avec Lenie, essayant de trouver un signe que j'aurais manqué. Au petit matin, je m'endors enfin, épuisée. Mon sommeil est agité, peuplé de rêves flous dans lesquels Lenie et Virginie se mélangent, et où je me perds entre mes regrets et mes doutes.
Je me réveille tard le lendemain, avec une migraine sourde qui me rappelle à quel point cette semaine est éprouvante. Je traîne un peu avant de finalement décider de répondre à Margot et de la retrouver en ville. La voir, échanger quelques paroles légères, me changera peut-être les idées, au moins pour un moment.
En la rejoignant, je découvre Margot assise en terrasse, un café fumant devant elle. Elle m'accueille avec un sourire chaleureux, qui contraste avec mon air fatigué. Elle se lève et me prend dans ses bras sans un mot. Je sens sa chaleur, et malgré moi, mes épaules se détendent légèrement.
"Je suis là," murmure-t-elle doucement, comme si elle sentait que j'étais à bout.
On s'assoit, et elle commande un café pour moi. Pendant quelques minutes, on discute de choses banales : des cours, de l'équipe de basket, de la fin d'année qui approche. Elle essaie de me changer les idées, mais elle sait que je finis toujours par revenir à Lenie, à Virginie, et à ce chaos qui me hante.
"Helena," finit-elle par dire en posant sa main sur la mienne, "tu ne peux pas rester comme ça indéfiniment. Tu dois agir, d'une manière ou d'une autre."
Je lève les yeux vers elle, perdue.
"Agir comment ? J'ai essayé de parler à Lenie, de lui expliquer. Elle ne veut même pas entendre mes messages. Quant à Virginie..."
Je m'interromps, sentant la colère monter. Margot serre ma main, m'encourageant sans un mot. Je reprends, plus déterminée.
"Je n'ai pas la force d'aller porter plainte, Margot. Et puis, même si je le faisais, qu'est-ce que ça changerait ? Les dégâts sont déjà faits, et Lenie est déjà partie."
Margot fronce les sourcils, son regard s'adoucissant un peu.
"Peut-être, mais ce n'est pas seulement pour Lenie que tu devrais le faire. Il s'agit de toi, Helena. De ta dignité. Si tu laisses Virginie impunie, elle continuera, et d'autres pourrait subire la même chose que toi."
Je baisse les yeux, triturant mon verre. Elle a raison, mais je n'arrive pas à imaginer affronter tout ça, encore moins seule.
"Je vais y réfléchir," dis-je finalement, d'une voix faible.
Elle me sourit, compréhensive, et on change de sujet, essayant de s'accrocher aux moments plus légers. Mais mon esprit retourne toujours à Lenie, inlassablement.
Quelques jours passent, et l'angoisse d'aller en cours sans avoir de nouvelles de Lenie m'oppresse. Je décide finalement de demander un certificat médical pour éviter de la croiser. Je compte étudier de chez moi jusqu'aux examens. Cette distance est peut-être la meilleure chose pour m'aider à respirer et réfléchir.
Je passe mes journées à réviser, m'efforçant de me concentrer, mais la solitude de mon appartement me pèse. Je ne vois presque plus personne, et mon esprit retourne toujours à cette même question : que ferais-je quand je reverrai Lenie ? Comment lui prouver que ce qu'elle a vu n'était qu'un mensonge, une mise en scène perverse de Virginie ?
C'est le jour de l'entraînement, et bien que l'idée de me présenter m'effraie, je ne peux pas abandonner mon équipe. C'est notre dernier match vendredi, et même si je suis épuisée mentalement, je sais que je dois être là. Quand j'arrive au gymnase, Candice m'attend devant la porte, son regard plein de sollicitude.
"Comment tu te sens ?" demande-t-elle, posant une main rassurante sur mon épaule.
Je hausse les épaules, esquissant un faible sourire.
"Ça va, je suppose. Merci d'être là, vraiment."
Elle me sourit, et on rejoint le reste de l'équipe. L'entraînement commence, mais mon esprit est ailleurs. Mes gestes sont mécaniques, et je sens que mon énergie est absente. Candice finit par remarquer mon état et décide de faire une pause pour que l'équipe se ressaisisse.
Quelques minutes plus tard, Margot, qui supervise en retrait, décide d'abréger l'entraînement.
"Allez, rentrez tous chez vous," annonce-t-elle. "Vous en avez tous besoin."
Axel s'approche de moi, me proposant de me raccompagner, mais je secoue la tête, préférant rester seule. Margot, elle, insiste pour passer la nuit avec moi, mais je décline. La perspective de rentrer chez moi et d'affronter la solitude ne m'enchante pas, mais je ressens le besoin de m'isoler.
À peine arrivée chez moi, je m'effondre sur le canapé, épuisée. Mon téléphone est dans ma main, mes doigts tremblants au-dessus de l'écran. J'envoie un dernier message à Lenie, désespérée de recevoir une réponse, même minime, de sa part.
Moi : "Lenie, je t'en supplie, laisse-moi une chance de m'expliquer. Ce n'est pas ce que tu crois. J'ai besoin de te parler, en face à face."
Le message reste sans réponse, tout comme les précédents. Je prends une profonde inspiration, hésitant à l'appeler une fois de plus. Finalement, je compose son numéro et attends, le cœur battant. Mais encore une fois, c'est son répondeur qui décroche. Sa voix, froide et impersonnelle, semble être la seule chose qu'il me reste d'elle.
Je laisse un message, ma voix tremblante.
"Lenie, je sais que tu m'en veux. Mais je t'assure que ce n'est pas ce que tu penses. Virginie a... elle a tout manipulé, elle m'a piégée. Je ne sais pas comment te le prouver, mais s'il te reste un peu de confiance en moi, écoute-moi. J'ai besoin de te voir, ne serait-ce que pour quelques minutes. Juste... rappelle-moi, s'il te plaît."
Je raccroche, mon cœur se serrant dans ma poitrine. Un poids immense m'écrase, et je réalise à quel point je suis impuissante face à cette situation. Tout ce que je peux faire, c'est attendre, espérer que Lenie me donne une chance, une dernière chance, de réparer ce qui semble déjà irrémédiablement brisé.
VOUS LISEZ
Ce que nous sommes.
FanfictionHello, nouvelle histoire Helenie dans un autre univers. Elle se retrouve en secondaire (Lycée pour les Français je pense) Ont du coup entre 16 et 18-19 ans. Extrait : Bang, un seul son, pas de cri, pas de traces de freinage, rien, juste se bang, u...