Chapitre 66 : Promesses Sous les Réverbères

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Chapitre 66 : Promesses Sous les Réverbères

L'air frais de la soirée apportait un peu de calme après l'agitation de la journée. Je sentais une certaine nervosité monter en moi alors que Lenie et moi marchions côte à côte, seules pour la première fois depuis notre retour.

Lenie finit par briser le silence d'une voix douce :
« Je suppose que tu veux savoir pour Marie Maude... »

Je hochai la tête, hésitante. « Oui... Qu'est-ce qu'il en est ? »

Elle s'arrêta un instant, réfléchissant à ses mots, puis reprit :
« C'est fini. Depuis notre retour, en fait. Ça ne collait pas, et je crois qu'on le savait toutes les deux. »

Je fronçai légèrement les sourcils, me sentant prise de court.
« Pourquoi tu ne m'as rien dit plus tôt ? »

Un léger sourire apparut sur ses lèvres, mais ses yeux reflétaient une pointe de tristesse.
« Tu m'as évitée toute la semaine... Ce n'était pas facile de te le dire dans ces conditions. »

Je laissai échapper un soupir, consciente qu'elle avait raison. « Ce n'est pas faux... Je ne savais pas comment gérer tout ça. »

Lenie se rapprocha légèrement, nos regards se croisèrent. Ce moment de sincérité flottait entre nous, chargé de non-dits.

Je pris une grande inspiration, puis lui demandai doucement :
« Tu veux que je te raccompagne chez toi ? Ou... tu préfères rentrer avec moi ? »

Elle me fixa un instant, avant de secouer la tête, un sourire en coin.
« Je viens avec toi. »

Nous reprîmes la marche en direction de chez moi. Les mots revenaient peu à peu, mais une étrange tension agréable s'installait entre nous. Nos mains se frôlaient de temps à autre, comme par accident, mais aucun de nous ne faisait un geste pour briser le silence plus intime qui s'était créé.

« Alors, tu as avancé dans ta série ? » demandais-je, l'air de rien.

Elle rit légèrement, reconnaissante de cette tentative de conversation légère.
« J'ai à peine eu le temps, mais oui, je suis à jour. Toi, tu as lu quelque chose de nouveau ? »

Le reste de la conversation suivit ce même schéma, fluide, naturel, entre les frôlements de mains et nos sourires échangés. C'était comme si le temps s'était suspendu, loin de toute complication.

Lorsque nous arrivâmes devant chez moi, la première chose que je remarquai fut la lumière allumée à l'intérieur. Je m'arrêtai net.

« Attends... Mon père ne devait pas rentrer avant la semaine prochaine... » dis-je, surprise.

Lenie me jeta un regard nerveux, visiblement mal à l'aise à l'idée de rencontrer mon père. Je tentai de la rassurer d'un sourire avant d'ouvrir la porte.

À l'intérieur, mon père nous accueillit avec son habituel sourire chaleureux, mais il ne put s'empêcher une remarque qui me fit instantanément rougir :
« Ah, enfin, je rencontre la fille qui fait battre le cœur de ma chère fille ! »

Je sentis une vague de gêne monter en moi tandis que Lenie étouffait un rire.
« Papa ! » soufflai-je, nerveuse. « Tais-toi, s'il te plaît... »

Il haussa les épaules en riant doucement, comme si la situation l'amusait plus qu'autre chose.
« Bon, bon, je me tais. Mais c'est vrai, non ? »

Je levai les yeux au ciel en évitant le regard moqueur de Lenie.
« Pourquoi t'es rentré plus tôt que prévu, au fait ? » demandai-je, changeant de sujet.

« J'ai réussi à finir quelques jours plus tôt au travail, mais je repars bientôt. Je voulais juste passer quelques jours avec toi. » Il posa son regard sur Lenie, son sourire toujours présent. « Vous voulez commander des pizzas ? Ou des sushis peut-être ? On peut discuter du tournoi de basket pendant le repas. »

Je tournai la tête vers Lenie, qui me lança un grand sourire. Je m'excusai d'un air désolé pour l'attitude de mon père, mais elle secoua la tête.
« Ce n'est pas grave, t'inquiète. »

Pendant le repas, nous racontâmes à mon père notre séjour en Espagne pour le tournoi de basket, en passant soigneusement sous silence toute mention de notre relation ambiguë. C'était presque naturel de rire et de plaisanter sur le sport, de laisser de côté les tensions entre nous. Lenie avait retrouvé son sourire lumineux, et je ne pouvais m'empêcher de la regarder un peu plus longtemps à chaque fois.

Le dîner terminé, Lenie finit par se lever.
« Je devrais y aller, il se fait tard. »

Je hochai la tête, même si une petite part de moi souhaitait qu'elle reste encore un peu.
« Je te raccompagne. »

Nous sortîmes ensemble de l'immeuble. La rue était calme, seulement éclairée par les réverbères, et l'air frais de la nuit nous enveloppa doucement. Je marchais aux côtés de Lenie, partagée entre l'envie de la retenir et la crainte de précipiter les choses. À chaque pas, je sentais cette tension familière entre nous, ce tiraillement entre l'amitié et ce quelque chose de plus.

Alors que nous arrivions devant son immeuble, une partie de moi voulait faire le premier pas, l'embrasser là, maintenant. Mais je me retins. J'avais promis de ne plus tout précipiter, de faire les choses correctement cette fois-ci. Et cette promesse, je comptais la tenir.

« Dis-moi... » commençai-je doucement, en m'appuyant contre le mur. « Demain après l'entraînement, tu veux qu'on fasse quelque chose ? »

Lenie haussa un sourcil, visiblement intriguée. « Quoi donc ? »

Je pris une inspiration avant de demander :
« Tu me fais confiance ? »

Lenie me regarda, un sourire mystérieux aux lèvres.
« Toujours. » 

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