Chapitre 35 : Ombres et Conflits

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Chapitre 35 : Ombres et Conflits

Les entraînements de basket s'étaient enchaînés toute la semaine. Chaque jour, Marie Maude rejoignait Lenie au terrain, un rituel qui, petit à petit, faisait grandir un sentiment de tristesse en moi. Je ne le montrais pas, bien sûr. Tout le monde semblait tellement absorbé par ses propres soucis que personne n'avait remarqué à quel point voir Lenie et Marie Maude si proches me blessait.

Julien, lui aussi, avait repris ses entraînements de foot, et il n'avait pas pu nous rejoindre avant ce jeudi soir. Ce jour-là, après l'entraînement de notre équipe – moi, Lenie, Margot, Djebril, Victorien, Candice et Axel –, je rangeais mon sac quand j'entendis des éclats de voix près des vestiaires.

Julien et Marie Maude étaient en pleine dispute. Je m'avançai doucement pour mieux entendre ce qu'ils se disaient. Leur voix étaient basses, mais suffisamment tendues pour qu'on perçoive la gravité de la situation.

« Je ne te trouve pas honnête avec Lenie, » lança Julien d'un ton accusateur. « Tu vois d'autres personnes, n'est-ce pas ? »

Marie Maude leva les yeux au ciel, exaspérée. « Ce ne sont pas tes affaires, Julien. Que je voie d'autres personnes ou non, ça ne te regarde pas. Et encore moins ce qui se passe entre Lenie et moi. »

Je sentis une boule se former dans ma gorge. Julien, même en colère, semblait se battre pour protéger Lenie. J'avais toujours su qu'il lui portait une affection sincère, mais de là à intervenir dans ses affaires de cœur...

« Ce n'est pas que ça, » s'énerva Julien. « Je ne veux pas que tu la fasses souffrir. Lenie a déjà assez traversé de choses. »

Marie Maude croisa les bras, son regard défiant. « Tu crois vraiment que Lenie a eu besoin de moi pour avoir le cœur brisé ? » Sa phrase claqua dans l'air comme un coup de poing.

Je me tournai alors vers Lenie, qui se tenait non loin, immobile. Son visage, d'ordinaire si expressif, était maintenant fermé. Mais ce qui me bouleversa le plus, c'était l'évidence derrière les mots de Marie Maude. Ils étaient destinés à moi, je le sentais. Cette phrase cruelle n'était pas juste une remarque en l'air, c'était une attaque directe, un rappel que j'avais peut-être brisé Lenie avant même que Marie Maude entre en scène.

Un poids immense s'abattit sur mes épaules. J'étais responsable de cette douleur. C'était à cause de moi que Lenie avait ce regard perdu, que son cœur avait été brisé. La culpabilité me rongeait de l'intérieur, me privant de tout courage pour réagir. Je ne savais plus quoi dire, ni quoi faire.

Julien, quant à lui, ne laissa pas la phrase de Marie Maude passer sans réagir. D'une voix froide, il rétorqua : « Tu ne sais rien, Marie Maude. Si tu ne debarquerais pas tout le temps, tout ça serait déjà réglé depuis longtemps. »

Sa voix trahissait un mélange de frustration et de protection. Il se battait non seulement pour Lenie, mais pour une vérité que Marie Maude ne semblait pas comprendre. C'était étrange de voir Julien prendre ma défense, indirectement, mais c'était aussi un douloureux rappel que je n'avais pas su protéger Lenie de cette situation.

Avant que Marie Maude puisse répondre, Margot intervint. « Julien, arrête. Ça ne sert à rien de t'énerver. » Sa voix était ferme mais apaisante. Elle jeta un regard rapide vers Lenie, dont le malaise devenait palpable. « Ce n'est pas comme ça qu'on va régler les choses. »

Julien ferma les yeux un instant, tentant visiblement de se calmer. Marie Maude croisa les bras, le regard provocateur, mais elle ne rajouta rien. Margot s'approcha de Lenie et posa une main sur son épaule, un geste de soutien silencieux. Moi, j'étais toujours figée, incapable de m'approcher, me sentant de plus en plus étrangère à cette scène.

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