Chapitre 104 : Dernière ligne droite

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Chapitre 104 : Dernière ligne droite

La semaine des examens touchait presque à sa fin, et la tension devenait palpable. Chaque jour, après les épreuves, je retrouvais Lenie, Candice, Pierre, Julien, Louis et Clara chez moi pour réviser. Ça semblait la meilleure idée : un endroit tranquille, sans les distractions du lycée. Entre les livres ouverts, les fiches de révisions éparpillées et les blagues pour relâcher la pression, on essayait de s'encourager mutuellement, comme une petite équipe soudée.

Ce mardi marquait l'épreuve tant redoutée : l'oral de français. Le thème choisi par le professeur était vaste et intimidant : "Dans quelle mesure la littérature permet-elle de mieux comprendre le monde et les autres ?". Un sujet qui réclamait qu'on aille chercher dans nos lectures, nos souvenirs, nos expériences... tout ce qui pourrait nous permettre de répondre avec sincérité et profondeur.

On s'entraînait tour à tour, comme si on passait déjà devant l'examinateur. Louis ouvrit le bal avec quelques hésitations, expliquant comment certains romans l'avaient aidé à comprendre des réalités très éloignées de la sienne. Candice, avec ce sourire bienveillant qui la caractérise, raconta comment la littérature avait développé son empathie, et Julien, toujours aussi décontracté, mit l'accent sur l'humour et la satire comme outils de critique sociale. Quand ce fut au tour de Lenie, elle parla de sa découverte de la poésie et des récits intimes, et je sentis que ces mots avaient un écho particulier pour elle, une émotion à peine voilée.

Je l'écoutais avec attention, me préparant mentalement pour mon tour. Je voulais expliquer comment les héroïnes de certains romans m'avaient inspirée, m'avaient donné la force de grandir avec plus de détermination. Lorsque je terminai, les encouragements de mes amis me réchauffèrent le cœur, et je sentis une vague de soulagement collective nous envahir. L'ambiance, un peu tendue au départ, s'était transformée en quelque chose de doux et de solidaire.

Vers 18 heures, après avoir fait le tour de tout ce qu'on pouvait réviser, on commença à ranger nos affaires. L'épuisement se lisait sur nos visages, mais les blagues revenaient, ramenant une légèreté bien méritée.

Clara, en s'étirant, lâcha un soupir dramatique : « Moi, j'abandonne ! Si je dois encore lire une phrase de Baudelaire, je crois que je vais exploser. »

Pierre éclata de rire et répliqua : « Clara, avoue-le, tu adores les poètes torturés. Ça a toujours été ton style. »

Candice et moi échangions un sourire amusé en secouant la tête. « Allez, on tient bon, c'est presque fini ! » répondit-elle.

Peu à peu, tout le monde finit par partir, un peu plus léger qu'à leur arrivée. Quand la porte se referma, je réalisai que seuls Lenie et moi restions. Un silence doux et confortable envahit la pièce, seulement troublé par les bruits de la rue qui filtraient à travers les fenêtres.

Je m'assis sur le canapé, un sourire en coin, et regardai Lenie. « On dirait bien qu'on est les deux dernières survivantes. »

Lenie me regarda, un sourire amusé au coin des lèvres. Elle vint s'asseoir à côté de moi sur le canapé, s'étirant doucement. « Survivantes, oui... » murmura-t-elle, son regard s'attardant sur le mien avec une lueur complice.

Je sentais cette légère tension familière s'installer entre nous, cette chaleur douce mais palpable, celle qui me donnait envie de tout arrêter, de m'oublier dans l'instant. Mais je savais que cette semaine d'examens demandait toute notre énergie et notre concentration. Pourtant, avec Lenie à mes côtés, il était de plus en plus difficile de rester pleinement concentrée. Chaque sourire, chaque regard échangé semblait me rappeler combien j'avais envie d'elle, combien cette proximité me troublait.

Ce que nous sommes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant