Chapitre 89 : Au Bord du Gouffre

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Chapitre 89 : Au Bord du Gouffre

En rentrant chez moi, la fatigue et le poids des événements de la journée m'écrasent de toutes parts. À peine ai-je tourné la clé dans la serrure que je sens mes jambes faiblir, et je dois m'agripper à la poignée pour ne pas m'effondrer là, sur le seuil.

Cinq minutes plus tard, la sonnette retentit. C'est Margot. Elle ne dit rien en me voyant, son regard perçant posant mille questions en silence. Dès que je la vois, mes barrières tombent, comme si son simple regard avait déclenché un flot de sentiments que je n'arrive plus à contrôler. En deux pas, elle se trouve devant moi, et je me laisse aller. Je n'essaie plus de retenir mes larmes ni de contrôler les tremblements qui secouent mon corps.

"Je... Lenie... et moi..." balbutié-je entre deux sanglots. "On était ensemble, Margot... et je crois que c'est fini. Tout est en train de s'écrouler."

Margot reste calme, mais ses bras m'enveloppent aussitôt, me permettant de respirer un peu entre mes mots hachés. Elle ne pose aucune question, me laissant parler à mon rythme, comme elle sait si bien le faire.

"Et il y a aussi Virginie..." murmuré-je, le cœur lourd. "Elle... elle m'a droguée, Margot. Elle a profité de... Je ne me souviens de rien, sauf d'avoir perdu le contrôle, et je me suis réveillée seule chez moi, complètement..."

Margot se redresse soudainement, son regard passant de la compassion à une colère fulgurante.

"Attends, quoi ?! Tu es en train de me dire que Virginie t'a droguée, qu'elle t'a fait des trucs sans ton consentement et qu'elle a même pris une photo pour tout afficher ?!" Sa voix tremble autant de rage que de choc.

Je hoche lentement la tête, les yeux embués. Margot inspire profondément pour se calmer, et elle me fixe avec un sérieux presque glaçant.

"Helena, il faut que tu portes plainte. Elle ne peut pas s'en sortir comme ça. Ce qu'elle a fait est... abject. Injustifiable. Et tu ne peux pas laisser ça passer. Il faut que tu le fasses, pour toi."

Les mots résonnent en moi, mais ils semblent se heurter à une barrière, un mur de confusion et de fatigue que je n'arrive pas à percer.

"Et ça changera quoi ?" soufflé-je, défaite. "Il reste trois semaines avant les examens. Si je fais ça, ce sera encore plus de drama, et je ne sais même pas si Lenie me croira après tout ça. Peut-être que je devrais juste... je ne sais pas... prendre un certificat, rester chez moi et ne revenir que pour les examens."

Je vois l'inquiétude de Margot se mêler à sa colère. Elle secoue la tête, visiblement réticente à me laisser m'éclipser comme ça.

"Je comprends que ce soit dur. Mais il ne s'agit pas que de Lenie ou des examens. Il s'agit de toi, Helena. Et si jamais... si tu as besoin que quelqu'un parle à Lenie pour lui faire comprendre ce qui s'est vraiment passé, je le ferai. Dis-le-moi et je lui parlerai."

Je serre sa main pour la remercier, mais je secoue la tête. "Non, Margot. C'est à moi de le faire, si elle accepte de m'écouter. Pierre et Candice sont déjà au courant pour Lenie et moi, mais je leur ai demandé de ne rien dire. Ce genre de chose... j'ai besoin que ce soit moi qui le lui dise, si elle veut bien m'entendre."

Margot hoche la tête, compréhensive. Puis elle pose une main sur mon épaule, avec cette douceur qu'elle sait avoir dans les moments critiques. "Et tu comptes faire quoi maintenant ?"

Je reste silencieuse un instant, le regard perdu dans le vide.

"Pour l'instant, j'essaie juste de respirer," dis-je dans un soupir. "J'ai le dernier match de l'année ce vendredi. Je ne veux pas tout gâcher, je ne veux pas que toute l'équipe paye pour... pour mes problèmes. Je vais maintenir l'entraînement, et ensuite, après le match, je parlerai à Lenie."

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