Chapitre 64 : Entre deux eaux

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Chapitre 64 : Entre deux eaux

Le soleil s'était déjà levé depuis plusieurs heures lorsque je m'éveillai, un peu plus tard que d'habitude. Le silence régnait dans la chambre, seulement troublé par les bruits lointains de l'océan à travers la fenêtre ouverte. Je fronçai les sourcils en sentant un poids sur ma poitrine. Lenie était là, à moitié allongée sur moi, son bras enroulé autour de ma taille et sa jambe drapée sur les miennes. Un instant de confusion me traversa. Elle devait passer la nuit avec Marie Maude, non ? Puis, en regardant l'heure, je me rappelai que Marie Maude, Louis, Julien et Amélie étaient partis très tôt pour arriver chez eux à une heure raisonnable.

Je tentai de me dégager doucement, mais le bras de Lenie m'enlaçait fermement. Elle bougea légèrement et murmura d'une voix encore ensommeillée :

« Reste encore un peu... »

Son souffle chaud effleura ma peau, et je me figeai un instant. Mon corps se détendit malgré moi, et je laissai tomber ma tête contre l'oreiller, décidant de savourer ce moment inattendu. Sa proximité, la chaleur de son corps contre le mien, créaient une atmosphère étrange, presque troublante. Je fermai les yeux à nouveau, me perdant dans ce contact, un sourire se dessinant sur mes lèvres.

Plus tard dans la journée, je rejoignis Axel sur le terrain de basket. Il faisait déjà chaud, et la lumière éclatante du soleil rendait l'air presque étouffant. Pourtant, ce moment avec Axel me rappelait les débuts, nos entraînements, nos moments de complicité loin des autres.

Axel fit quelques dribbles, esquivant habilement ma défense avant de lancer le ballon dans un tir parfait. Je souris, amusée par son air victorieux.

« Tu t'es amélioré depuis la dernière fois, » plaisantai-je, les mains sur les hanches.

Il éclata de rire en attrapant le ballon.

« Ou c'est toi qui es un peu rouillée. »

Après plusieurs minutes à jouer, nous finîmes par nous asseoir sur un banc, épuisés mais ravis de ce moment. Nous restâmes un instant silencieux, profitant de la quiétude du terrain.

« Ça fait du bien de se retrouver, » dit Axel en me jetant un regard sincère. « Ça faisait un moment qu'on n'avait pas passé du temps juste tous les deux. »

Je hochai la tête, consciente que notre groupe et nos dynamiques avaient bien changé ces derniers temps.

« C'est vrai, » dis-je en regardant le ballon qui roulait doucement sur le sol. « Mais tout change, non ? Je veux dire, avec tout ce qui se passe... c'est pas comme avant. »

Axel soupira, pensif.

« Ouais. J'adore Candice, Pierre, Lenie et Julien, mais... c'est différent. Et puis... toi et Lenie... » Il me lança un regard entendu.

Je baissai les yeux, sentant mes joues s'empourprer.

« Ça se voit tant que ça ? » demandai-je, nerveuse.

« Honnêtement ? C'est assez évident. Vous deux, c'est... électrique. » Axel sourit, comme pour m'encourager. « Et je pense que tu devrais te laisser aller un peu. »

Je haussai les épaules, incertaine.

« Parfois, je me demande si je suis prête... et si elle l'est. »

Axel posa une main réconfortante sur mon épaule.

« Je pense que tu te poses trop de questions. Laisse-toi porter. Ne réfléchis pas trop. Si c'est vraiment ce que tu veux, tu le sauras. »

Ses mots résonnèrent en moi, et je me surpris à espérer qu'il ait raison.

Plus tard, nous nous retrouvâmes tous à la piscine. Le soleil descendait lentement, baignant le ciel de teintes dorées. Les garçons jouaient à un match de volley dans l'eau, tandis que Margot et Candice se prélassaient sur les transats. Quant à moi, je m'étais assise au bord de la piscine, les jambes trempant dans l'eau.

Je contemplais l'eau paisiblement, lorsque Lenie fit soudain irruption, son téléphone à la main. Elle le balança sur le transat à côté de Margot avant de courir vers la piscine et de plonger d'un coup dans l'eau. Elle éclaboussa tout sur son passage, et je ne pus m'empêcher de rire alors que l'eau me frappait.

« Lenie ! » protestai-je avec un sourire.

Je glissai doucement dans l'eau pour me rafraîchir, me laissant porter par la sensation apaisante de l'eau sur ma peau. À peine étais-je remontée à la surface que Lenie se rapprocha rapidement de moi. Ses bras vinrent se poser de chaque côté de mon corps, ses mains agrippant doucement le rebord de la piscine, m'enfermant presque entre elle et le mur. Elle était si proche que je pouvais sentir la chaleur de son souffle contre ma peau. Mes yeux firent un effort pour rester concentrés sur son visage, mais c'était difficile de ne pas remarquer la proximité de nos corps.

« Alors, tu regardes quoi comme ça ? » lança-t-elle d'un ton taquin, ses yeux brillant d'une malice familière.

Je sentis mon cœur battre un peu plus vite, la tension palpable. Essayant de garder mon calme, je lui répondis avec une lueur dans les yeux :

« Peut-être bien que je regarde ce que j'aime. »

Un sourire provocateur se dessina sur les lèvres de Lenie, et elle s'avança légèrement, réduisant encore plus l'espace entre nous. Ses yeux plongèrent dans les miens, cherchant quelque chose.

« Tu joues à quoi, Helena ? »

Je sentais mon souffle se faire plus court, mais je refusai de détourner les yeux.

« Je te retourne la question, » murmurai-je, ma voix plus faible que je ne l'aurais voulu.

Lenie laissa échapper un rire bas, presque sensuel, avant de murmurer à son tour, sa voix rauque :

« Je pense que je joue avec le feu... mais ça me va. »

Son regard s'assombrit, et avant que je ne puisse réagir, elle glissa ses bras autour de mon cou, rapprochant encore plus nos corps dans l'eau. Par réflexe, je retirai mes coudes du rebord pour l'attraper par la taille. Je sentis le contact de sa peau mouillée contre la mienne, et mon cœur s'emballa. Elle approcha son visage du mien, ses lèvres effleurant presque les miennes, et je retins mon souffle, la tension entre nous devenant presque insoutenable.

« Tu sais, » murmura-t-elle tout près de mon oreille, sa voix suave me faisant frissonner, « à force de jouer avec moi, tu pourrais te brûler. »

Je souris, ma respiration irrégulière.

« Peut-être que je suis prête à prendre le risque, » murmurai-je à mon tour, jouant avec le feu à mon tour.

Lenie rit doucement, un son grave qui résonna dans ma poitrine.

« C'est bien ce que je pensais, » souffla-t-elle avant de m'embrasser juste au coin des lèvres, un geste léger, mais chargé de promesses.

Soudain, dans un geste rapide, elle donna un coup de pied contre le rebord, nous détachant du mur et nous faisant dériver dans l'eau. Nous nous retrouvâmes toutes les deux immergées, éclatant de rire en remontant à la surface. La tension s'était dissipée en un instant, remplacée par une complicité ludique, mais le poids de ce qui venait de se passer restait suspendu dans l'air. 

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