Chapitre 43 : Le chemin du pardon
Cela faisait quelques jours depuis notre conversation dans la maison de Margot. Depuis, une nouvelle dynamique semblait s'installer entre Lenie et moi. Rien n'était encore clair ou totalement résolu, mais un vent de changement soufflait doucement entre nous, comme si nous étions prêtes à nous redécouvrir l'une l'autre, cette fois-ci en prenant le temps qu'il fallait.
Chaque matin, je la croisais à l'entrée du lycée. Les premiers jours, elle semblait hésitante, comme si elle ne savait pas encore comment me traiter. Mais le silence pesant que nous avions partagé durant ces dernières semaines avait laissé place à des échanges plus légers. La tension avait disparu, remplacée par quelque chose de plus doux, plus naturel.
Lenie m'attendait parfois près des casiers, et on échangeait quelques banalités sur les cours, les devoirs, ou la pluie incessante. Ces moments, simples et anodins, étaient réconfortants. Comme une vieille habitude retrouvée. Pourtant, à chaque sourire échangé, je ne pouvais m'empêcher de me demander si cela suffirait vraiment. Est-ce que je pouvais me contenter de ça, de cette relation amicale en reconstruction, ou est-ce que j'espérais toujours plus ?
Un jour, alors que nous nous dirigions ensemble vers la salle de sport, elle m'avait lancé, d'un ton taquin :
« Toujours aussi nulle au basket, Helena ? »
Je lui avais répondu, amusée :
« On va voir ça sur le terrain ! Mais je ne te laisserai pas gagner cette fois. »Cela avait provoqué un petit rire chez elle, un son que je n'avais pas entendu depuis longtemps. Dans ce rire, je retrouvais l'écho de notre complicité d'avant. Il y avait encore de la réserve, mais ces moments d'insouciance me donnaient de l'espoir. Peut-être qu'on pouvait vraiment retrouver ce qu'on avait perdu, même si ce n'était qu'une amitié.
Le samedi suivant, je lui avais proposé de m'accompagner au terrain de basket. Nous n'étions que toutes les deux, loin de l'effervescence de l'équipe et des autres amis. Juste nous. Au début, elle avait hésité, sans doute encore méfiante, mais elle avait fini par accepter.
Le terrain était désert, l'air légèrement frais. Nous avions passé l'après-midi à jouer, à nous lancer des défis idiots, à rire de nos maladresses. À chaque tir, chaque passe, la distance entre nous se réduisait un peu plus. C'était étrange, comme si chaque mouvement sur le terrain était une façon de recréer un lien. Il n'y avait plus la pression des attentes, juste une envie sincère de passer un bon moment.
À un moment, après une action particulièrement ratée de ma part, nous nous étions écroulées de rire sur le sol. Essoufflée, j'avais laissé tomber le ballon à côté de moi et lui avais lancé :
« Tu te rappelles la première fois qu'on est venues ici, toi et moi ? »
Elle avait hoché la tête, souriant doucement.
« Oui, je crois que c'est ce jour-là que je me suis dit que t'étais différente. »
Ses mots m'avaient touchée plus que je ne voulais l'admettre. Mon cœur s'était serré, mais je n'avais rien dit.
« J'avais aussi ce sentiment-là, » avais-je murmuré en retour.Un silence confortable s'était installé entre nous, alors que nous contemplions le terrain devant nous. On ne parlait pas encore de ce qui s'était passé entre nous, mais ces petites phrases, lancées comme des sous-entendus, laissaient entrevoir que, sous la surface, il y avait encore des choses à dire. Des choses que ni elle ni moi n'étions encore prêtes à aborder.
Les jours passaient, et je remarquais que la tension qui régnait entre nous s'effaçait progressivement. Même si Lenie restait encore un peu sur la défensive, il était clair que son attitude envers moi était plus détendue. On retrouvait des moments où la légèreté s'invitait sans qu'on l'ait cherchée.
Un mercredi après-midi, nous nous étions retrouvées dans un café avec Candice et Pierre. Leur présence apportait une légèreté bienvenue, et j'étais surprise de constater à quel point être entourées par nos amis nous permettait de nous comporter naturellement. Candice racontait des anecdotes sur leurs derniers entraînements, et Pierre faisait des blagues maladroites qui nous faisaient toutes éclater de rire.
À un moment, pendant que Candice s'esclaffait après une de ses histoires, Lenie et moi nous étions regardées. Nos sourires s'étaient croisés, furtivement, mais dans ce bref échange, j'avais senti quelque chose de plus profond. Peut-être que nous n'avions plus besoin de mots pour comprendre que nous avancions, pas à pas, l'une vers l'autre.
Quand nous étions sorties du café, Pierre m'avait donné un coup de coude :
« On dirait qu'elle te cherche à nouveau, » avait-il murmuré avec un sourire en coin.
Je n'avais rien répondu, mais au fond de moi, cette remarque avait réveillé quelque chose. Oui, peut-être que Lenie me cherchait, mais j'avais encore du mal à y croire. Après tout ce qui s'était passé, comment pouvais-je être sûre que ce que nous reconstruisions était réel ?Pourtant, tout n'était pas aussi simple. Lors de l'entraînement de basket du vendredi suivant, une petite tension était apparue entre nous, une de ces petites piques qui, autrefois, auraient été anodines, mais qui, maintenant, avaient un poids différent. Après avoir manqué un tir, Lenie m'avait lancé :
« Tu dis toujours que c'est une question de stratégie, mais parfois, tu penses trop ! »Je savais qu'elle avait raison, mais ses mots avaient piqué plus que je ne l'aurais cru. J'avais souri pour cacher mon agacement, mais cela m'avait rappelé que, malgré nos efforts pour retrouver une relation légère, il restait encore des zones d'ombre à éclaircir. La complicité revenait peu à peu, mais avec elle, venaient aussi les risques de malentendus, de petites blessures qu'on ne savait pas encore guérir.
En rentrant chez moi ce soir-là, je m'étais sentie plus sereine. Il y avait encore beaucoup de choses que je ne comprenais pas, beaucoup de non-dits entre nous, mais je sentais que nous avancions, à notre rythme. Avant de m'endormir, j'avais reçu un message de Lenie. Rien de très profond, juste un lien vers une vidéo amusante qu'elle avait trouvée sur les réseaux, accompagné d'un petit message :
« Ça m'a fait penser à toi. »Ce simple geste en disait long. C'était sa façon à elle de me montrer qu'elle baissait peu à peu sa garde. Qu'elle était prête à redonner une chance à ce qu'on avait, même si ce n'était que sur un plan amical. Et moi, j'étais prête à prendre ce qu'elle était prête à offrir, sans rien précipiter. Un pas à la fois.
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Ce que nous sommes.
FanficHello, nouvelle histoire Helenie dans un autre univers. Elle se retrouve en secondaire (Lycée pour les Français je pense) Ont du coup entre 16 et 18-19 ans. Extrait : Bang, un seul son, pas de cri, pas de traces de freinage, rien, juste se bang, u...