Chapitre 36 : Une soirée sous tension
La soirée du match de basket s'annonçait prometteuse. Nous avions remporté une victoire éclatante, et l'excitation flottait dans l'air. Les rires et les éclats de voix résonnaient alors que mes coéquipiers et leurs amis se rassemblaient chez Margot pour célébrer. Pourtant, alors que je sirotais mon verre, une sensation d'anxiété s'installait en moi.
Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de Lenie, qui se tenait là, rayonnante, entourée de Marie Maude. C'était insupportable de les voir si proches. Chaque geste de Marie Maude, chaque éclat de rire partagé avec Lenie me piquait le cœur. Je me sentais comme une spectatrice dans une pièce de théâtre où je n'étais pas invitée.
Je jetai un coup d'œil à Julien. Il se tenait là, les sourcils froncés, le regard fixé sur Lenie, comme s'il était en train de peser ses mots avant de s'approcher d'elle. Une part de moi voulait croire qu'il ressentait quelque chose de similaire, mais une autre part me disait que je me faisais des illusions. Alors que je scrutais Lenie, je remarquai aussi que Julien était préoccupé, l'air troublé par ce qu'il voyait. Était-ce de la jalousie ?
Soudain, une main de Marie Maude glissa le long du bras de Lenie. Je ne pouvais plus supporter cette vision. J'avais besoin d'air. Je me levai brusquement, prétextant un besoin d'éloigner les pensées sombres qui m'envahissaient, et je filai sur le balcon de la chambre de Margot.
L'air frais de la nuit contrastait avec l'atmosphère pesante de la fête. Je m'appuyai contre la balustrade, respirant profondément pour apaiser mon cœur en émoi. C'est alors que Pierre sortit à ma suite.
"Tu sembles un peu déconnectée de la fête, Hele. Ça va ?" demanda-t-il en se penchant contre la balustrade.
Je soupirai, incapable de cacher mon malaise. "C'est juste... compliqué. Je pensais que cette soirée serait différente."
Pierre m'écouta attentivement, et je vis dans ses yeux une compréhension profonde. "On dirait que tu es préoccupée par quelque chose. C'est à cause de Lenie ?"
Je hochai la tête. "Je ne sais plus ce qu'elle ressent. La façon dont elle est avec Marie Maude me fait douter. Et moi, je me sens comme une spectatrice dans ma propre vie."
Il me regarda, et je pouvais voir qu'il comprenait ma douleur. "Parfois, il faut laisser le temps faire les choses. Peut-être que tu dois lui dire ce que tu ressens, ou peut-être qu'il est temps d'accepter que certaines choses changent."
Je me tournai vers lui, reconnaissante pour son soutien. "Merci, Pierre. Je pense que j'ai besoin de temps pour y réfléchir. C'est juste... difficile."
Pierre sourit, et sa présence rassurante m'apaisa un peu. "Tu n'es pas seule dans cette histoire. On est tous là pour toi, même si parfois on ne sait pas comment t'aider."
J'inhalai lentement, réalisant que, malgré la confusion et la douleur, j'avais encore des amis sur qui compter. C'était une petite lumière dans la tempête que je ressentais à l'intérieur. Je pris une profonde respiration, prête à affronter la suite de la soirée, quoi qu'il en soit.
Alors que nous sortions de la chambre, je tombai sur une scène qui me glaça le sang. Lenie et Marie Maude s'embrassaient, totalement absorbées l'une par l'autre. Mon cœur se serra. Pierre se figea à mes côtés, ne sachant plus où se mettre. Lenie, elle, n'osait pas croiser mon regard, l'air gêné et désorienté.
Je me sentis désespérée, une vague de tristesse m'envahissant. Que faisais-je là, à les observer, alors que tout semblait si facile pour elles ? Finalement, je haussai les épaules, incapable de trouver les mots. Je me détournai et quittai le couloir, laissant Pierre et la scène derrière moi.
En redescendant, je sentis mes pensées tournoyer dans un tourbillon de confusion. Mon regard se posa sur une bouteille à moitié pleine, laissée là sur une table. Sans réfléchir, je l'attrapai, sentant le poids réconfortant du verre entre mes mains. Clara et Margot étaient en pleine discussion, trop concentrées l'une sur l'autre pour remarquer mon geste. Je croisai leur regard brièvement, mais aucune d'elles ne sembla prêter attention à ma détresse.
Je vis Pierre redescendre à son tour, répondant à l'appel de Margot. Il se dirigea vers elle, son regard plein de réticence, comme s'il ne savait pas encore comment aborder ce qu'il venait de voir à l'étage. Quant à moi, je cherchais une échappatoire.
C'est à ce moment que Julien s'approcha de moi, passant son bras autour de mes épaules d'un geste familier et protecteur. Il se pencha légèrement vers moi, son souffle chaud effleurant mon oreille.
"Ça te dit qu'on aille faire un tour ?" me murmura-t-il.
Je n'avais pas envie de rester ici, à me noyer dans mes pensées. Sans un mot, je lui fis signe que j'étais partante, et nous quittâmes discrètement la fête. Nos pas nous menèrent au terrain de basket, cet endroit familier où tant de choses s'étaient jouées entre nous tous.
Assis sur les marches en béton, sous la lumière tamisée des lampadaires, Julien ouvrit la bouteille que j'avais emportée. Nous buvions en silence, le liquide brûlant descendant dans ma gorge, laissant une chaleur inconfortable dans mon estomac. Pourtant, c'était le seul réconfort que je trouvais en cet instant.
"Qu'est-ce qu'elle lui trouve, à Marie Maude ?" lâchai-je, brisant enfin le silence.
Julien haussa les épaules, un demi-sourire triste étirant ses lèvres. "Je me pose la même question."
Il prit une gorgée, son regard perdu dans l'obscurité du terrain devant nous. "Je veux dire, Lenie est... Lenie, tu vois ? Elle est spéciale. Et Marie Maude... Je ne sais pas. Elle ne me semble pas être quelqu'un de fiable."
Je tournai la tête vers lui. "Tu penses qu'elle la manipule ?"
Julien soupira, les épaules légèrement affaissées. "Pas nécessairement. Je pense juste que Marie Maude sait ce qu'elle veut, et pour l'instant, ce qu'elle veut, c'est Lenie. Mais je doute que ça dure. Et Lenie mérite mieux. Bien mieux."
Je serrai la bouteille entre mes mains, l'angoisse montant à chaque seconde. "Peut-être que Lenie est mieux avec elle. Peut-être que je ne lui apporte pas ce qu'elle recherche."
Julien se tourna vers moi, ses yeux sérieux et perçants. "Hé, arrête ça. Tu sais que ce n'est pas vrai. Lenie a toujours eu quelque chose pour toi. Elle est juste perdue. Tout comme toi."
Je détournai le regard, fixant le terrain comme si j'y cherchais une réponse que je ne trouvais jamais. "Alors pourquoi ça fait si mal, Julien ? Pourquoi je me sens aussi inutile ?"
Il se pencha vers moi, son bras toujours sur mes épaules, et me serra un peu plus fort. "Parce que tu tiens à elle, Hélène. Et c'est normal. Mais tu ne peux pas tout contrôler. Ni Lenie, ni la situation avec Marie Maude."
Je fermai les yeux un instant, essayant de calmer le tumulte à l'intérieur de moi. Mais rien ne semblait pouvoir apaiser ce tourment.
"Et toi ? Comment tu le vis ?" demandai-je finalement, curieuse de savoir ce que Julien ressentait vraiment, lui qui avait aussi eu des sentiments pour Lenie.
Julien s'esclaffa légèrement, un rire amer. "Moi ? Je pense que je me suis fait des illusions pendant longtemps. Je pensais que j'avais encore une chance, mais en réalité, je savais que son cœur n'était pas libre. Et maintenant, je suis juste là, à espérer que tout ne s'écroule pas."
Je ne pus m'empêcher de ressentir un certain soulagement en entendant ses mots. Au moins, je n'étais pas la seule à me sentir perdue.
Nous restâmes là, à boire en silence, nos pensées dérivant autour de la même personne. Lenie. Toujours Lenie.
VOUS LISEZ
Ce que nous sommes.
Fiksi PenggemarHello, nouvelle histoire Helenie dans un autre univers. Elle se retrouve en secondaire (Lycée pour les Français je pense) Ont du coup entre 16 et 18-19 ans. Extrait : Bang, un seul son, pas de cri, pas de traces de freinage, rien, juste se bang, u...