Chapitre 41 : Les Cartes sur la Table

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Chapitre 41 : Les Cartes sur la Table

La soirée battait son plein, et Maia et moi étions plongées dans une discussion animée sur nos groupes de musique préférés. J'appréciais vraiment ces moments où je pouvais être moi-même sans l'angoisse qui pesait habituellement sur moi.

« Alors, tu préfères qui ? The doors ou Pink Floyd ? » demanda Maia, un sourire malicieux sur le visage.

« The Doors, sans hésitation ! » répondis-je, enthousiaste. « Mais j'adore Pink Floyd aussi. Leur énergie est incroyable. »

À cet instant, Julien et Amélie, arrivant d'un coin de la pièce, s'ajoutèrent à notre discussion. Julien, avec sa bonne humeur habituelle, commença à débattre sur les mérites de chaque groupe, tandis qu'Amélie hocha la tête en accord.

En levant les yeux, je remarquai que Lenie était assise seule, un peu à l'écart. Un sentiment de culpabilité me traversa l'esprit, mais je n'arrivais pas à m'y résoudre. Maia, perceptive comme toujours, me poussa légèrement en direction de Lenie.

« Vas-y, parle-lui ! Ça ne fera pas de mal, » m'encouragea-t-elle.

Je secouai la tête, mal à l'aise. « Non, vraiment. Je ne veux pas gâcher la soirée. »

Heureusement, la discussion sur la musique me distrayait, et je me replongeai dans la conversation avec Maia et Julien. Le temps fila, et après avoir dîné, Axel proposa une partie de Uno. L'idée enthousiasma tout le monde, et Pierre et Julien se mirent à déplacer les tables pour que chacun puisse s'asseoir en cercle.

Maia s'installa à ma gauche, tandis que, à ma grande surprise, Lenie prit place à ma droite. Mon cœur s'emballa un peu à cette idée. Étrangement, la proximité de Lenie m'intimidait.

Le jeu commença dans une ambiance de rires, les +2 et +4 entraînant des cris de joie et des faux reproches. Chacun était concentré sur ses cartes, la bonne humeur régnait, et pour un instant, j'oubliais mes tracas.

Cependant, au fil des tours, je remarquai que Lenie semblait s'en prendre à moi avec un certain acharnement. Au départ, je ne m'en préoccupais pas, me concentrant sur les plaisanteries de Maia.

Mais alors que les rires éclataient autour de nous, une petite remarque de Lenie – « Une de plus ? » – jeta un froid palpable sur la table.

Je restai figée, la voix de Lenie résonnant dans ma tête. Qu'entendait-elle vraiment par là ?

Le jeu de Uno s'interrompit alors que chacun avait besoin d'une petite pause. Les rires se turent lentement, remplacés par des chuchotements et des murmures d'excitation. Alors que les autres se levaient pour se servir à boire, je remarquai Lenie, seule sur la terrasse. Son regard perdu dans le vide me serra le cœur.

« Vas-y, rejoins-la, » insista Maia, posant une main réconfortante sur mon épaule. « Ça ne peut pas faire de mal. »

Je regardai Lenie, puis Maia, et finalement je hochai la tête, me levant lentement. L'air frais de la nuit me frappa au visage alors que je sortais. Je me dirigeai vers la terrasse, mon cœur battant la chamade.

« Lenie ? » dis-je, prenant une voix douce.

Elle se tourna vers moi, surprise. « Helena. Je ne t'avais pas vue. »

« Je... je voulais voir si ça allait, » murmurai-je, prenant place à côté d'elle. Le silence qui s'installait entre nous était lourd, rempli de non-dits et d'une tension palpable.

« Oui, ça va, » répondit-elle, mais je pouvais percevoir une note de tristesse dans sa voix. Elle fixait toujours l'horizon, les lumières de la ville scintillant au loin.

« Écoute... » commençai-je, mais je ne savais pas par où prendre la conversation.

Lenie tourna enfin son regard vers moi, un mélange de frustration et de douleur dans ses yeux. « Pourquoi tu ne me parles pas, Helena ? Pourquoi tu évites de me regarder pendant la soirée ? »

Je pris une profonde inspiration, me préparant à aborder le sujet délicat. « Je ne voulais pas que notre... situation nuise à la soirée, mais... » Je laissai ma phrase en suspens, hésitant à formuler mes pensées.

« Mais ? » Lenie insistait, son impatience se mêlant à une douleur que je ne savais pas comment apaiser.

« Mais je ne peux pas faire comme si tout allait bien entre nous. Ça me frustre, et je sens que ça te frustre aussi. »

Elle baissa les yeux, jouant avec ses mains. « C'est exactement ça, Helena. Je ne comprends pas pourquoi on en est arrivées là. »

L'atmosphère entre nous était tendue, mais je savais qu'il fallait qu'on en parle. Nous avions besoin d'éclaircir nos sentiments, même si cela signifiait confronter la douleur qui nous séparait. 

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