Chapitre 107 : Un moment suspendu
La soirée se déroulait bien, malgré tout. Le film qui tournait en fond sonore n'était qu'un prétexte pour nous retrouver ensemble, pour oublier pendant quelques heures les examens et la pression qui pesait sur nos épaules. Le groupe était détendu, et je pouvais presque sentir cette légèreté revenir petit à petit, comme une brise douce après une journée lourde.
Je m'installai sur le canapé, à côté de Lenie, mais je ne savais pas trop comment aborder la situation. Les derniers échanges que nous avions eus dans ma chambre tournaient encore dans ma tête. Je voulais lui parler, la rassurer, mais je ne savais pas par où commencer. Ce n'était pas le moment pour ça, je le savais. Nous étions ici, tous ensemble, et je voulais profiter de ce temps avec les autres sans que la tension entre Lenie et moi ne nous rattrape.
Je jetai un coup d'œil furtif vers elle. Lenie était bien là, à mes côtés, et bien qu'elle ne semble pas aussi distante que dans ma chambre, il y avait quelque chose dans son regard, une forme de mélancolie, peut-être de frustration, que je n'arrivais pas à ignorer. Elle avait tendance à garder ses pensées pour elle, et je la connaissais bien pour savoir qu'elle n'allait rien dire, pas ce soir en tout cas.
Le film se poursuivait, mais personne ne semblait vraiment y prêter attention. Chacun était plongé dans ses propres réflexions, ou peut-être que tout le monde essayait simplement de faire comme si de rien n'était, de tout oublier pour un instant. Louis était confortablement installé, le regard fixé sur l'écran sans vraiment regarder. Pierre, assis à côté de Candice, semblait plus détendu que tout à l'heure, ses sourires à elle lui donnaient de l'énergie. Julien et Clara s'étaient installés ensemble dans le coin du canapé, rigolant à chaque blague du film, tout en restant assez silencieux sur tout le reste.
Je pris une gorgée de mon thé, essayant de me concentrer sur la scène devant moi. Mais quelque chose, un sentiment étrange que je n'arrivais pas à identifier, persistait. Je sentais que Lenie n'était pas totalement présente. Elle était là, mais pas tout à fait. J'avais cette sensation étrange, presque palpable, qu'elle me fuyait un peu, même dans un simple moment comme celui-ci.
Soudain, une main se posa sur mon épaule, et je sursautai légèrement, attirant mon attention loin de mes pensées. C'était Pierre, qui me regardait avec un petit sourire en coin.
« Hé, tout va bien ? Tu sembles un peu ailleurs. » me dit-il d'un ton léger.
Je lui souris, un peu gênée par la question. « Oui, tout va bien. Juste un peu fatiguée, tu sais... »
Pierre hocha la tête, comprenant probablement plus que ce que je voulais bien lui dire. « Je te comprends, on dirait que tout le monde est dans le même état. Mais ça va passer, tu verras. »
Je hochai la tête, ne sachant pas vraiment quoi répondre. C'était vrai, cette période d'examen faisait ressortir les angoisses de tout le monde, mais c'était aussi l'incertitude sur ce qui allait se passer après qui nous affectait. Les vacances approchaient, mais personne ne semblait vraiment savoir ce qu'il en serait.
Le film se termina dans un éclat de rires, et tout le monde se leva presque en même temps, l'atmosphère légère et un peu plus animée qu'avant. Il était tard, et une part de nous avait envie de faire durer ce moment un peu plus longtemps. Mais le sommeil commençait à se faire sentir, et l'épuisement des révisions, des examens, et de la journée pesait lourdement sur nos yeux.
Je me levai à mon tour, m'étirant, avant de jeter un regard en coin à Lenie, qui se tenait dans le coin du salon, son regard plongé dans le vide. Elle n'avait pas bougé depuis un moment, et je savais que c'était mon tour d'aller la voir.
Je m'approchai doucement d'elle, ne voulant pas la déranger dans son silence. Lorsqu'elle tourna la tête vers moi, je pus voir un léger sourire se dessiner sur ses lèvres, mais il ne touchait pas ses yeux.
« Ça va ? » demandai-je, mes paroles un peu hésitantes.
Elle hocha la tête, mais il y avait quelque chose dans son regard qui me disait qu'il y avait bien plus à dire. « Oui, ça va. Juste... fatiguée, je crois. » répondit-elle, d'une voix plus basse, presque absente.
Je voulus poser une main sur son bras, mais je n'eus pas le courage. Elle se leva lentement, me souriant une dernière fois avant de se diriger vers la porte. « Je vais me coucher. Bonne nuit, tout le monde. »
Je la regardai s'éloigner sans dire un mot, mon cœur battant un peu plus vite. Elle ne m'avait pas dit ce qu'elle ressentait, mais je savais que ce n'était pas la fatigue. C'était autre chose. Et, pour la première fois, je me rendais compte que je ne savais pas vraiment comment la comprendre, ni comment gérer cette distance.
Je soupirai profondément et me retournai vers le reste du groupe. Tout le monde se préparait à aller se coucher aussi. La journée avait été longue, et il était temps de se reposer avant la dernière ligne droite des révisions.
Je pris une profonde inspiration avant de souffler doucement, mes pensées s'entremêlant. La pièce était calme, à peine éclairée par la lumière tamisée de la lampe de chevet. Je pouvais sentir la chaleur du corps de Lenie, juste là, à côté de moi, et pourtant, il y avait une distance que je n'arrivais pas à combler, une distance que je ne savais pas comment franchir.
Je glissai sous les couvertures, profitant de la douceur de la laine contre ma peau, mais mon esprit était ailleurs, préoccupé par tout ce qui s'était passé ce soir. Lenie, son regard fuyant, son silence... je ne savais pas comment la comprendre. J'avais l'impression qu'elle se perdait un peu, ou peut-être que c'était moi qui la perdais. Ou que c'était nous deux. Peut-être que c'était juste l'incertitude des prochains jours qui nous écartait lentement l'une de l'autre.
Je fermai les yeux quelques instants, cherchant à me détendre. Puis, je pris mon courage à deux mains et passai doucement mon bras par-dessus sa hanche, me rapprochant de Lenie. J'avais besoin de la sentir près de moi, de lui dire qu'elle n'était pas seule, même si elle ne semblait pas vouloir en parler.
« Je ne sais pas ce qui t'inquiète... » murmurai-je doucement, ma voix presque un souffle. « Mais je suis là, Lenie. Toujours. »
Il y eut un long moment de silence. Je n'avais pas l'impression d'avoir brisé la glace. Elle ne répondit pas, mais j'espérais qu'elle entendrait. Que peut-être mes mots, même murmurés, arriveraient à atteindre quelque part ce qu'elle cachait.
Je me penchai lentement pour poser un baiser doux sur son épaule, en espérant lui transmettre un peu de réconfort. « Bonne nuit, » ajoutai-je, plus doucement encore, le cœur lourd, mais serein de savoir que, pour l'instant, c'était tout ce que je pouvais faire.
Je me laissai aller dans le silence de la pièce, mes pensées tourbillonnant autour de tout ce que j'avais dit, de tout ce que je n'avais pas dit. Mais pour ce soir, je n'insistai pas. Si elle voulait en parler, elle le ferait quand elle se sentirait prête. En attendant, je pouvais lui offrir ma présence silencieuse. C'était déjà un début. Une façon de lui montrer que je comprenais qu'elle avait besoin de temps.
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Ce que nous sommes.
FanfictionHello, nouvelle histoire Helenie dans un autre univers. Elle se retrouve en secondaire (Lycée pour les Français je pense) Ont du coup entre 16 et 18-19 ans. Extrait : Bang, un seul son, pas de cri, pas de traces de freinage, rien, juste se bang, u...