Chapitre 23 : Nouvelles Dynamiques

209 26 0
                                    


Chapitre 23 : Nouvelles Dynamiques

Les jours passaient, mais le froid entre Lenie et moi persistait, comme une brume épaisse que je n'arrivais pas à dissiper. J'observais Lenie de loin, essayant de capter ses émotions, mais chaque fois que nos regards se croisaient, elle feignait l'indifférence, détournant les yeux vers autre chose. Clara et Louis, de leur côté, semblaient retrouver un peu de complicité avec elle, se lançant des piques, ce qui apaisait un peu la tension. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser que les sourires de Lenie semblaient un peu trop forcés.

Candice, tout comme Pierre, avait essayé de me pousser à aller parler à Lenie.

— Helena, tu dois lui dire ce que tu ressens, m'encourageait Candice. Ça ne fera qu'aggraver les choses si tu restes ici à attendre.

Mais je restais en retrait, le cœur lourd et l'esprit embrouillé. Comment pourrais-je aborder le sujet après tout ce qui s'était passé ? Chaque tentative me semblait vouée à l'échec.

La dynamique dans notre classe changeait lentement. Même Julien avait fini par présenter ses excuses à Lenie, bien que je n'aie pas vu cette interaction moi-même. Candice m'en avait parlé, précisant que Julien évitait toujours de nous approcher, ce qui me laissait perplexe. Avait-il réellement changé, ou était-ce simplement une façade ?

Les entraînements de basket reprenaient, apportant une bouffée d'air frais, mais même là, je ne pouvais m'empêcher de ressentir cette tension palpable. Clara et Louis, bien que présents, paraissaient aussi hésitants, comme s'ils ne savaient pas comment naviguer dans cette nouvelle réalité.

Un jour, alors que je m'échauffais sur le terrain, je remarquai Lenie au loin, s'isolant dans un coin. Un instinct me poussait à aller la voir, mais je me retenais, figée par la peur du rejet. C'était là que Clara et Louis décidèrent de passer sur le terrain pour la voir.

— Hey, Lenie ! s'exclama Clara avec un enthousiasme feint. Prête à te montrer sur le terrain ?

Lenie leva les yeux, et pour un instant, son sourire sembla authentique. Je serrai les poings, jalouse de voir qu'ils pouvaient lui apporter un peu de bonheur, même si c'était temporaire. Mais lorsque je réalisai qu'elle leur répondait avec une légèreté qui m'échappait, je me sentis encore plus perdue.

— Je ne sais pas trop, répondit-elle, mais j'imagine que ça ne peut pas faire de mal.

J'observais, le cœur serré. Chaque mot échangé entre eux était un coup de poignard qui me rappelait ce que j'avais perdu.

À ce moment-là, Pierre s'approcha de moi.

— Helena, il faut vraiment que tu lui parles, dit-il, sa voix douce mais ferme. Je sais que c'est difficile, mais rester ici sans rien faire ne va rien arranger.

Je hochai la tête, mais ma voix restait bloquée dans ma gorge. Chaque fois que j'ouvrais la bouche pour exprimer ce que je ressentais, les mots me faisaient défaut.

Les entraînements avançaient, et je voyais de plus en plus Lenie rire et plaisanter avec Clara et Louis, ce qui ne faisait qu'accroître ma frustration. J'avais l'impression de devenir une spectatrice de ma propre vie, incapable de changer le cours des événements.

Plus la semaine avançait, plus je me sentais isolée dans mes pensées. Chaque geste, chaque sourire échangé entre Lenie et les autres était un rappel constant de ma douleur. Je savais que je devais faire un pas en avant, mais je ne savais pas comment.

Alors que l'entraînement se poursuivait, une partie de moi espérait qu'un jour, Lenie et moi retrouverions le chemin l'une vers l'autre. Je ne voulais pas laisser notre amitié se perdre dans les méandres de l'incompréhension et de la peur.

La semaine s'étirait, et l'atmosphère dans la classe restait tendue. J'étais assise à une table, feuilletant distraitement mes notes lorsque j'entendis des rires provenant du couloir. Curieuse, je me levai et me dirigeai vers la source du bruit. Mon cœur s'arrêta presque lorsque je vis Lenie et Julien, tous deux à l'extérieur, plongés dans une conversation apparemment légère.

— Quoi, tu penses que tu pourrais me battre au basket ? lança Julien avec un sourire provocateur, ses bras croisés sur sa poitrine.

Lenie, visiblement amusée, lui répondit en riant.

— Oh, je ne sais pas, je suis plutôt douée sur le terrain, tu sais !

Un frisson d'inquiétude me parcourut. Ce ton, cette complicité que je voyais, me laissaient perplexe. Je me sentais comme une intruse dans un moment qui semblait tout à fait intime.

Julien continua, avec une taquinerie dans la voix :

— Un vrai homme ne recule jamais devant un défi. Prépare-toi à être écrasée, Lenie.

Elle leva les yeux au ciel, mais son sourire trahissait un certain plaisir.

— Ça, je veux bien le voir ! Mais attention, ne pleure pas quand je te mettrai à terre.

Leur échange était empreint d'une légèreté que je n'aurais jamais imaginée. Je savais que leur histoire était censée être terminée, et pourtant, il y avait quelque chose dans l'air qui me rendait nerveuse. Était-ce juste de la camaraderie ou quelque chose de plus ?

Alors que je les observais, une part de moi se mit à ressasser les souvenirs des moments passés avec Lenie. Je me sentais de plus en plus éloignée d'elle. Aurais-je réellement perdu Lenie ? Le doute s'immisçait dans mon esprit, et je me surpris à envier la facilité avec laquelle ils échangeaient des mots.

— Je sais que tu es forte, Lenie, dit Julien d'une voix plus douce, son regard se faisant plus sérieux. Je ne veux pas que tu te sentes obligée de faire quoi que ce soit. C'est toi qui décides.

Cette phrase résonna en moi. Julien, malgré son attitude taquine, respectait vraiment Lenie. Il ne la forcerait jamais à rien, et cela me fit réaliser à quel point ma propre incapacité à communiquer mes sentiments était paralysante. Pourquoi ne pouvais-je pas être aussi ouverte avec elle ?

Je me sentais prise au piège, incapable de bouger, comme si je dérangeais quelque chose de précieux. Leurs rires, les taquineries, tout cela me rappelait ce que j'avais perdu. Je me détournai lentement, sentant mon cœur se serrer alors que je rentrais dans la salle de classe, ne voulant pas qu'ils me voient.

À mesure que je prenais place, je sentais le poids de l'incompréhension et de la frustration m'envahir. Pourquoi avais-je attendu si longtemps pour parler à Lenie ?

Les jours suivants, je tentai de retrouver un semblant de normalité, mais chaque interaction avec elle était teintée de cette peur d'être rejetée. Chaque regard échangé était chargé d'une tension que je n'arrivais pas à comprendre.

Julien avait peut-être un respect sincère pour Lenie, mais cela ne changeait rien à mon sentiment d'inquiétude. J'avais l'impression que le temps m'échappait et que chaque instant passé loin d'elle me rapprochait un peu plus de l'échec. 

Ce que nous sommes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant