18. Horrible Attente (part. 2)

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Les vapes du sommeil m'étreignent encore. J'ai l'impression d'être sur un petit nuage. Mes membres sont enveloppés dans du coton. J'ouvre un œil. Un rayon de lumière philtre à travers un rideau. Je me laisse m'enfoncer dans ce matelas. C'est vraiment fantastique de retrouver un bon lit. Je me tourne sur mon dos et regarde le plafond, en resserrant la couverture qui recouvre mon corps. Je m'étire doucement. Je suis si bien que je ne voudrais plus jamais bouger de toute ma vie.

Soudain, une bonne odeur me monte dans les narines. Mon ventre est plus fort que mon envie de rester dans ce lit confortable. Je me lève et m'avance vers la porte, déjà habillée. Mes cheveux sont en bataille. Je les attache rapidement avec l'élastique que j'avais gardé dans ma poche. Je descends les marches de cette maison que je n'ai jamais vu. Je m'approche doucement d'où vient l'odeur d'œufs brouillés. Je ne sais pas à quoi m'attendre, je me souviens seulement d'une personne m'ayant prise avec elle – enfin, lui je pense. Il est rare qu'une femme ait autant de force.

J'entre dans une pièce qui doit être une cuisine. Un homme, de dos, s'active. L'odeur me fait grogner le ventre. Je ne sais pas trop comment engager la conversation, en fait. 'C'est bien toi qui m'a kidnappé hier soir ? C'était vraiment bien de dormir dans un lit. Non, ce n'est pas une bonne idée.

- Bonjour, dis-je en me raclant la gorge.

Il se retour brusquement, surpris. Il tient une assiette en mains et manque de tout faire tomber.

- Salut, bien dormi ?

- Certainement beaucoup mieux que sur un banc, je souris.

Il me rend mon sourire et pose son assiette sur la table haute en bois qui nous sépare. Il se frotte le front. Son visage bien dessiné est face à moi. C'est ses iris qui me frappent en premier lieu, peu commune.

- Si tu veux manger un truc, y reste des œufs, de la salade et du jambon.

Je m'approche du plan de travail derrière lui. Une pile d'assiettes propres tient juste à côté d'une pile sale. Je me sers et pars m'asseoir en face de lui. Il me tend des couverts. Je pique un bout d'œuf sans attendre. C'est bon et je lui dis. Ses yeux gris foncé striés de blanc, en amande sont à la fois profond et mystérieux – et ils ne cessent de me fixer, en mangeant. Cela en devient stressant.

- Arrête de me regarder, tu serais gentil.

- Je n'ai jamais dit être gentil. Je fais ce que je veux.

- En ce qui me concerne, non.

J'entends des pas dans l'escalier et me raidis. Une personne se rapproche.

- Honnêtement Wyden, t'as encore ramené une fille hier-soir ? Tu m'exaspères, soupire une voix masculine dans me dos.

Comprenant exactement de quoi il veut parler, ayant moi-même eu ce discours de nombreuses fois avec Matt, je me retourne. Il se trouve que c'est le fameux sergent qui m'avait escorté qui est en train de mettre ses chaussures. Ses yeux verts me frappent plus que la première fois que je l'ai vu.

- Je ne suis pas une de ses conquêtes, alors tu serais prié de me montrer un peu plus de respect, ma voix est calme.

J'apprécie vraiment pouvoir dire les choses tels que je les pense. Puisque à part avec Matt et mon père, je n'ai jamais pu parler sans crainte à un homme comme je le souhaite. Ici, les gens semblent parler comme bon leur semble sans prendre de formes alors profitons-en. Après avoir pris un sac, il me regarde en haussant un sourcil.

- Mais tu ne serais pas la fille que j'ai ramenée, il y a quelques jours ?

- Il semblerait, oui.

- Comment va ton copain, il est mort ou pas ?

Son regard est inquiet, mais son manque de tact me surprend et je m'étouffe avec un bout de jambon. Je tousse fortement et reprends une respiration. Je le fixe.

- Il n'est pas encore mort, cela est gentil de demander, je balbutie en me retenant de rajouter 'même si je suis sûre que tu n'en as rien à faire'.

Avec un aurevoir général, il part sans demander son reste. Je reste un petit moment à regarder l'endroit où il se tenait quelques instants au part avant. Soudain, cela me revient en tête. Je devrais déjà être à l'école ou au chevet de Matt ! Je me tourne vers mon assiette, la finis rapidement.

- Il faut que j'y aille, j'annonce à la volé.

- Prends au moins une douche avant de partir, tu seras mieux.

Je regarde un instant ses mèches brunes lui tomber devant les yeux et hoche la tête. Il m'indique la direction vers la salle d'eau que je suis en courant. Je monte les escaliers et débouche sur un couloir. La première porte à gauche est celle de la chambre dans laquelle j'ai dormi. La suivant est celle que je cherche. Je m'y glisse et me déshabille en quatrième vitesse. J'ouvre le robinet de douche et l'eau se met à couler sur ma tête. Mince ! Maintenant que mes cheveux sont trempés, il faut que je me les lave. Je me savonne de partout et me rince.

Je trouve une serviette propre sous l'évier, dans un placard. Je m'enroule dedans. Une fois sèche, j'enfile mon pantalon ainsi que mon débardeur. Je frictionne ma chevelure brune dans le tissu éponge. Comprenant que je ne pourrais pas mieux les sécher, j'étends la serviette. J'ouvre le placard, à la recherche d'une brosse. Je ne trouve qu'un peigne fin. Je tente tant bien que mal de démêler mes cheveux légèrement bouclés avec cela.

Je sors de cette pièce et rentre dans la seule chambre que je connaisse. Je tire le rideau et découvre une chambre d'homme. Les murs sont d'un bleu marin et les affaires rangés avec une précision subjective à certains endroits. J'attrape ma veste au passage et me précipite vers la sortie. Je m'arrête devant la cuisine.

- Merci pour tout.

Wyden se contente d'hocher la tête, un sourire en coin, tenant une tasse fumante. Une fois dans la rue, je me rends compte que je ne sais pas par où aller. Je fais demi-tour et fais une nouvelle apparition dans la pièce centrale. Il ne semble pas surpris de me voir.

- Par où est l'hôpital, je questionne de but en blanc.

- Une fois à droite puis deux à gauche.

Je sors cette fois-ci pour de bon. Je marche d'un pas plus que pressé dans la rue. Je cours parfois. Je tourne à droite. Puis à gauche. Il avait dit quoi ? Deux fois à gauche. Sauf que je ne connais pas les chiffres. Alors je me mets à guetter les panneaux. Je tourne encore une fois à ma gauche et rapidement je me retrouve devant une grande bâtisse bleutée m'apparaît. Je rentre en courant dedans et ne m'arrête pas avant d'être devant la porte de la chambre de Matt. Je prends une grande inspiration. J'ai peur. A chaque fois que je passe le seuil de cette porte j'ai peur de trouver mon meilleur ami mort, où d'en trouver un autre à sa place. Je pousse la porte.

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant