HAMLET. - C'est aussi facile que de mentir. Promenez les doigts et le pouce sur ces soupapes, soufflez ici avec la bouche ; et cela proférera la plus parfaite musique. Voyez ! voici les trous.
William Shakespeare, Hamlet
Je suis assise en tailleur au centre de la pièce tandis que Matt me parle en faisant les cents pas dans la salle. Il est en train de m'expliquer comment réaliser un certain mouvement. Pendant qu'il me dit les gestes à effectuer, moi, je les imagine en action. Ses mains se tiennent l'une à l'autre derrière son dos et son regard concentré me fait vaguement rire. Je l'imagine bien, dans plusieurs années, général. Il serait sévère, exigeant et adopterait une expression proche de celle-ci. Soudain, il se stoppe et tourne son regard dans ma direction, ce qui me fait sursauter. En voyant mon hoquet de surprise, un léger sourire étire ses lèvres.
- Mademoiselle, avez-vous écouté ce que je viens de dire ?
J'hoche la tête.
- Mais oui, Monsieur Sourcils-Froncés !
Un air amusé vient prendre place sur son visage avant qu'il ne reprenne comiquement l'expression sévère qu'il avait adopté quelques temps au par-avant.
- Comme ceci, voulez-vous dire ?
Je ne peux répondre puisque je suis prise d'un soudain fou rire. Je bascule en arrière tandis que mes rires fusent dans la pièce. Quelques instants plus tard, je vois Matt se dresser au-dessus de moi, en riant.
- Alors comme ça on se moque de moi ? dit-il avant de me tendre sa main pour m'aider à me relever, que j'accepte volontiers.
- Ce n'est pas de ma faute !
- Allez, arrête un peu de ronchonner et vient te battre.
Je me place en face de lui en mettant mes deux poings en face de moi, les coudes pliés. Il fait de même et se balance d'avant en arrière sur ses deux jambes.
- Tu te rappelles ce que j'ai dit ?
J'hoche positivement la tête et il m'envoie un coup dans les côtes. Je n'ai pas eu le temps de l'esquiver. Il en profite pour m'en donner un dans le bassin, ce qui me fait pivoter. Mais je prends cela pour un avantage. Puisque je finis mon tour en prenant de l'élan. Et juste avant que je ne revienne dans ma position initiale, je tends ma jambe en l'air. Ce qui fait que Matt se la prend en pleine tête. Il recule pendant que je souris. Mais mon sourire n'est que de courte duré puisque il revient à la charge. Et c'est après plusieurs esquives de sa part comme de la mienne, qu'il passe sa jambe derrière la mienne. Me donne un coup de poing sur le thorax, ce qui m'empêche de respirer durant quelques secondes. C'est-à-dire moins de temps qu'il n'en faut pour que je me retrouve au sol, après avoir tourné une fois sur moi même.
Une fois à terre, Matt m'aide à me mettre debout à l'aide de sa main tendue vers moi. Je suis debout et je l'écoute parler pendant que je reprends mon souffle.
- Tu vois ? C'est de ce mouvement dont je te parlais. Il te suffit de bloquer les jambes de ton adversaire, puis de lui donner un grand coup au thorax, là, dit-il en me montrant avec sa main.
- Oui, ne t'en fait pas, maintenant je sais où cela se trouve, dis-je en rigolant.
Il me sourit et reprend.
- Quand cela est fait, normalement ça l'a propulsé en arrière. Et c'est à ce moment-là que tu relèves vivement ta jambe. Grâce à ça, la personne va pivoter sur elle-même et prendre de la hauteur, ce qui rendra la chute d'autant plus importante. Cool, non ?
- Ouais, je chuchote en me massant le cou, heureusement que tu ne m'as pas tapé aussi fort que ce que tu m'as expliqué.
- Je n'avais pas envie de t'abîmer la première fois.
Un sourire en coins apparaît sur son visage alors que moi, je supprime la distance qui nous sépare et tente de lui faire le même coup. Mais j'échoue lamentablement et c'est lui qui réussit à me mettre au sol d'une manière extrêmement basique. Je me relève en ronchonnant, mais n'abandonne pas pour autant.
Voyant que je compte repartir à la charge, et par la même occasion recommencer un combat, Matt envoie une droite dans ma direction. L'ayant prévu, je me baisse en lui faisant un croche-patte. Il bascule en arrière et son dos cogne le sol. Cependant, il ne lui faut qu'un quart de seconde pour se remettre debout. Il enchaîne coup sur coup, et je les évite tous. Je retente une seconde fois en plaçant ma jambe droite derrière les siennes. J'envoie une droite dans son thorax. Seulement, Matt se réceptionne à l'aide d'une pirouette.
Ce nouveau mouvement est assez complexe puisqu'il faut y mettre beaucoup de force. Cependant, je l'ai fait de ma main droite alors que je suis gauchère. Je le saurais pour la prochaine fois.
Après plusieurs minutes d'acharnement, Matt réussit à me renvoyer au sol. Mais, tandis que je tournais sur moi-même, dans les airs, je lui ai donné un coup de pied dans la tête. C'est comme cela que nous nous retrouvons tous deux allongés sur le plancher. Mon ami se relève tandis que je suis encore en train de reprendre mon souffle, couchée au sol.
- Tu t'es améliorée cette semaine en combat.
- Mais pas assez pour te battre, dis-je en me relevant.
- Tu ne me battras jamais, fillette, sache-le.
Durant sa phrase, il prit un petit air supérieur.
- Mais oui, bien sûr. Qui est-ce qui t'as battu la semaine dernière ? Ce n'est sûrement pas ton ombre, mais bien moi.
Matt me tire la langue. Dans ces moments-là, j'ai vraiment l'impression d'avoir le Matt enfant devant moi. C'était une époque où nous étions encore insouciants, et légèrement naïfs il faut bien se l'avouer. Si un quelconque problème survenait, il suffisait d'appeler notre mère et elle accourait. Maintenant, nous aurions beau crier à l'aide, au secours, aucune de nos mères de viendraient. Chacun grandit à sa manière, chacun à ses déclics. Pour nous deux, Matt et moi, cela a était la mort, la trahison, puis l'abandon, et cela en moins de deux mois. Les malheurs se sont enchaînés et nous ont volés notre innocence, notre enfance. Tout cela à cause d'une action, oui, une seule action a déclenché tout cela.
Les malheurs sont des choses fourbent. Ils attendent qu'une toute petite faille apparaisse pour se faufiler dans votre vie et se rependre à l'intérieur comme un feu dans un champ d'herbes sèches.
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Guerrière
Science Fiction2183, Westen : 2 751 habitants Cela fait maintenant un siècle qu'un virus a contaminé la majeur partie de l'espèce humaine, les mutant en créatures ignobles. Westen, ville entourée d'immenses murs la protégeant, est dirigée par un système sexiste et...