38. Calme Perplexe après la Tempête (part. 2)

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- Doucement, prends ton temps je ne vais pas m'envoler.

Son anxiété cesse lorsqu'il est enfin à ma hauteur et qu'il pose ses mains sur mes épaules.

- Tout va bien et toi, tu n'es pas blessé ? je demande, voulant ces paroles distantes.

Ses mains descendent le long de mes bras, de plus en plus rassurées, mais elles arrêtent leur caresse à mi-chemin.

- Qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux Tery ?

- J'avais envie d'une nouvelle coupe, t'aime bien ?

Mon petit rire est trop nerveux pour me détendre. Wyden garde son sérieux sans se laisser déconcentrer une fraction de seconde.

- Un petit accrochage, rien de grave puisque je suis là.

Il ne semble pas plus rassuré par mon explication. Mais avant que ne puisse développer d'avantage, je vois Matt arriver en trottinant tout en rangeant une arme autour de sa taille. Je m'écarte alors un peu de Wyden avec un sourire désolé et m'apprête à subir l'assaut de Matt. Je connais son excellente vue, et il a sûrement déjà remarqué mon nouveau look pantalon déchirée et cheveux coupés. Lorsqu'il est à ma hauteur, il me regarde paniqué. Le sourire que je lui fais dois plus ressembler à une grimace puisqu'il m'interroge du regard. Mes yeux observent une seconde le sol et remontent vers lui. Il comprend certainement quelque chose suite à cela puisqu'il me prend dans ses bras. Je souffle et me laisse porter par ses grands bras m'entourant. Il pose une main sur mon crâne et dépose un baiser paternel sur mon front, tout en me serrant contre son torse. Et je me laisse écraser. C'est lui mon Etoile apaisante.

Il s'écarte doucement pour nous rassembler. Il faut partir. Les guerriers ont dû avancer eux-aussi, c'est ce qu'ils apprennent comme base en formation. Je vérifie que tout le monde est bien là et je m'élance, mon sac sur mes épaules. Mais Thaym pose une main sur mon épaule, me ralentissant jusqu'à l'arrêt.

- Tu es sûre que ça va ? Tu es partie comme une furie quand tu es passé près de moi.

Ses sourcils clairs esquissent une curiosité amicale. Je hoche la tête, nous devons suivre les autres.

- Tery, je... il se reprend dans une respiration puis poursuit. C'est vrai qu'on se connaît depuis seulement quelques semaines et je comprends que tu me fasses pas totalement confiance. Mais là t'étais pas dans état normal, tout visage était différent.

Sa voix est grave et vibre dans la nuit. Un petit timbre chantant me parvient tout de même du fond de sa gorge. J'ouvre la bouche, un sourire en coin, mais il me coupe.

- Et non, je dis pas qu'il est différent à cause de tes cheveux mais par rapport à l'expression que tu affichais.

Je souffle et mon regard se tourne sur ma droite.

- Si nous les perdons ce sera de ta faute, je te préviens.

- Je connais le chemin, t'en fais pas pour ça.

- Comment cela se fait-il ? Tu ne l'as jamais dit.

- Bien tenté la diversion, mais ça marche pas avec moi.

Je prends une grande respiration et lui fais signe d'avancer. Même si on ne court pas, marcher est mieux que rien. Au départ, je ne dis pas un mot. Comme il l'a si bien dit, nous ne nous connaissons pas tant que cela. Wyden lui fait confiance et il semble sincère. Quoi qu'il ne m'a jamais tenu au courant du fait qu'il sait pas où passer pour rejoindre Ew York. La sincérité est une des qualités que j'aime le plus chez une personne, mais elle peut aussi jouer en ma défaveur. Je secoue la tête, ce n'est pas une affaire d'état, ou du moins pas toute l'histoire.

- Tu sais très bien que je suis une exilée de Westen à cause de mes entraînements avec Matt. Et bien, disons que Le Conseil n'aime pas me voir me balader tranquillement. Tandis que nous nous battions contre les créatures, un guerrier s'est approché. Il m'a reconnue et ma emmené de force avec lui pour me livrer au général. Tu te doutes bien que je lui ai échappé.

Sa mâchoire se crispe, les dents écrasées les unes contre les autres.

- Dis-moi qui c'est que j'aille lui régler son compte à cet... il grogne en étouffant un juron. Ca signifie que Victhorion es au courant de notre présence ?

La contrariété de sa voix se change en anxiété. Avant que je ne le rassure à ce sujet, il se reprend.

- Bien sûr que non, qu'est-ce que je dis comme bêtises, tu n'l'aurais jamais laissé partir en vie.

D'un mouvement de main il tape doucement son front.

- Il ne fera plus de mal à personne en effet, mes paroles sont dures dépourvues d'émotions.

Il ne prononce plus un mot en moi de même. Nous nous contentons de marcher vite, laissant planer ces phrases entre nous. Nous ne courons pas tout de suite puisque malgré ce silence, un sentiment me crie que cette conversation ne touche pas tout à fait à sa fin.

- Il t'a tiré par les cheveux ou il te les a coupés exprès pour t'humilier ?

Sa question me surprend. Est-ce qu'à Lowick aussi une femme avec les cheveux courts est un signe de trahison et d'humiliation ? Cela m'étonnerait beaucoup étant donné que Shesy possède un carré. Je savais que les habitants de cette ville apprenaient quelques pratiques politiques et citoyennes, mais pas que des mœurs semblables avaient aussi réussis à traverser les murs de la ville. Westen est une cité très renfermée sur elle-même et Le Conseil fait tout son possible pour laisser échapper le moins d'information aux yeux du monde, et même à ceux de sa propre population.

- C'est moi qui les ai tranchés, si je ne l'avais pas fait je serais déjà six pieds sous terre, blessée et souillée.


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