18. Horrible Attente (part. 3)

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Sa tignasse châtaigne est ébouriffée. Son visage est en sueur et sa respiration ne s'est pas améliorée. Le bon côté dans cela est qu'à l'heure qu'il est il est encore en vie. Je m'approche de lui, lui essuie le front avec un torchon posé sur table.

- Dépêche-toi de te réveiller, je lui souffle en lui caressant tendrement la joue.

Je n'ai pas le temps de rester plus longtemps. Je sors rapidement et fils jusqu'à l'école. Je pénètre dans ma salle de classe en m'excusant. Le professeur – Chreas me fait un signe de tête pour me dire de m'asseoir en continuant son cours. Je me dirige sans tarder vers ma place. J'ouvre le livre qui se trouve sur ma table.

- Nous venons de terminer les lignes d'écritures, m'infirme-t-il, maintenant nous allons passer à l'apprentissage des chiffres.

En effet, le petit texte écrit à la craie sur la pierre noire me l'indique.

- Melvil, lis-nous ce que j'ai marqué au tableau.

L'enfant en question ne semble pas vouloir obéir, tenant ses bras croisés sur sa poitrine. Son air boudeur me fait discrètement sourire. Chreas répète son ordre.

- Je n'suis pas censé être là mais deux classes au-dessus, je ne vais en plus vous faire l'animation, il rétorque.

- Tu sais très bien pourquoi tu es ici, sa voix est plus autoritaire. Si tu ne gribouillais pas sur les murs de ta salle de classe tu verrais que tu ne serais pas puni. Arrête tes histoires et lis.

Le visage innocemment juvénile contraste avec son air désapprobateur. Après un autre sermon du professeur, le garçon se met à lire d'une voix insolente.

- Il existe dix chiffres : 0 ; 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9. Ils nous servent quotidiennement. On peut les assembler pour former des nombres plus ou moins grands.

- Je te remercie Melvil pour cette lecture, sourit Chears l'air de dire 'tu vois ? ce n'était pas si compliqué'. Alors, nous avons le premier chiffre, zéro, c'est lorsqu'il n'y a rien – aucun.

- Alors à quoi il sert, questionne une petite fille blonde au premier rang le coupant.

- Il sert surtout lorsqu'on veut former des nombres, tu vas voir par la suite qu'il est très utile.

Le professeur nous explique chaque chiffre en dessinant en nombre de cailloux sur le tableau. J'écoute attentivement et assimile rapidement le principe. A certain moment je jette un coup d'œil au petit garçon à la tête brune, juste devant moi – Melvil. Il n'écoute rien du cours contrairement à moi, préférant dessiner sur sa table. Après plusieurs exercices, nous faisons la même chose avec les nombres.

Lorsque le soir vient, cela fait un bout de temps que je révise avec le professeur, seulement nous deux. Les cours sont terminés depuis longtemps.

- Je pense qu'il est temps de rentrer, Theresy.

- Oui, à demain monsie... Chreas, je me reprends.

Il me sourit et nous sortons ensemble.

- Tu as aimé le livre que je t'avais laissé hier ?

- Je n'ai pas tout lu, mais j'ai appris beaucoup de chose et je vous en remercie.

- C'est normal, c'est mon rôle d'enseigner. Si ça t'a été utile je suis content.

Nous nous disons aurevoir et partons dans une direction différente. Je me dirige vers l'hôpital en vitesse. Je ne veux pas me faire enfermer cette fois-ci. Quand je passe devant l'homme blond de l'accueil. Avant que je ne puisse l'ignorer il me dit d'approcher, ce que je fais.

- Si tu comptes rester ici chaque soir, essaie de revenir avant la fermeture, à 20 heures.

Il me dit cela en regardant l'horloge. Je ne sais toujours pas lire l'heure mais je reconnais quelques chiffres. J'acquiesce en notant dans un coin de ma tête de penser à demander demain à Chreas comment je vais faire pour reconnaître ces vingt heures. Je monte dans la même chambre. Mais cette fois-ci je m'arrête de temps à autre pour m'exercer en tentant de lire les nombres sur les portes. Je me ravise en voyant qu'il y a trois chiffres pour chaque numéro. Cela est trop compliqué pour moi encore, trop frais.

J'entre et découvre le mêmemédecin que le premier jour penché sur le corps de Matt. Un infirmier est àcôté de lui et lui donne certains instruments. Je contourne le lit. A partir dumoment où mes pas s'arrête, mon corps ne répond plus.


GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant