Il ne sourit pas. Je ne peux voir d'autres détails de son visage avant qu'il ne soit à côté de moi. Nous nous sommes tous levés, en cercle, autour de lui. Son regard nous effleure tous, mais s'arrête sur moi.
- Il n'y avait rien. Pas un papier, un document ou une petite note près de son lit. Je suis désolé, mais sa tente était vide à l'exception d'armes et d'un lit de fortune.
Le regard de Matt s'éteint, rejoignant l'éclat de celui de Jonas et le mien.
- Personne ne t'a vu ou reconnu ?
Il nie. Un sourire crispé se plaque sur ma bouche tandis que je lui prends la main.
- Au moins tu es là sans égratignure et ils ne savent toujours pas que nous les suivons. Nous n'avons pas régressé.
Jonas me renvoie alors un sourire encore plus faux que le mien. Je suis plus que déçue, je dois l'avouer. J'avais placé beaucoup d'espoir en lui. Si aucune information n'est écrite alors nous ne pourrons pas récupérer le remède sans intervenir au près d'eux. Cela m'étonnerait que le général Victhorion ait confié de telles informations à de lambda guerriers. Un chantage n'est pas forcément la meilleure option vu notre position d'exilée, d'ennemis et d'Examen. Nous le leur volerons donc. Rapide et efficace. Je suis tout de même triste. Tout cela sera quand même plus compliqué. Mais rien n'est simple dans la vie et il faut se battre pour y avoir sa place.
Pour signe de réconfort Thaym lui touche le bras en le remerciant. Une grimace foudroie le visage de Jonas durant moins d'une seconde. A tel point que je me demande si je n'ai pas rêvé. Il se dégage gentiment en murmurant qu'il a fait de son mieux mais qu'il faudra trouver autre chose. Je cherche le regard de Matt pour vérifier si nous avons choisi la même option par défaut. Mais celui-ci transperce fixement Jonas du regard, puis, il secoue la tête en se sortant d'une rêverie. Ses yeux tombent enfin sur moi mais il a l'air ailleurs. J'hausse mentalement les épaules, il nous reste encore huit jours avant d'arriver à Ew York.
Nous nous asseyons en cercle, partageant les derniers vivres que contenaient le sac de Thaym et celui de Shesy. Une simple discussion embaume l'espace, rempli de banalité et de petites histoires ou ragots concernant Lowick.
- Sérieusement ? Il a vraiment fait ça ? s'offusque Wyden.
- Et oui ! Il était prêt à tout pour voir la tête de nos deux fameux arrivants de Westen, se moque gentiment Shesy.
- Bhen quoi, c'est important de se renseigner sur ce qui nous entoure non ? tente de se racheter Thaym.
- Mais... en plus de cela tu nous avais déjà vu le soir de notre arrivé, c'était même toi qui m'avais escortée jusque dans le bureau de Lesly !
- Oui, mais il faisait nuit justement ! Et puis merde, pourquoi je me justifie d'abord ?
Un sourire étire mes lèvres. Mais malgré ces moments désinvoltes, je n'arrive pas totalement à me détendre. L'angoisse que La Conseil nous trouve, que Victhorion se rende compte de notre présence ou que Lesly nous prépare un mauvais coup. A cette pensée, mon regard se dirige vers sa fille. Sa courte chevelure couleur de lune volette lorsqu'elle rit. Elle me regarde un instant en souriant, puis se replonge au cœur d'une conversation que je ne suis plus que d'une oreille. De jour en jour la pression augmente et je déteste cela au plus au point. J'en finis presque à regretter quelques minutes le temps où nous vivions, juste tous les deux, à Westen.
Une main se pose sur ma cuisse, m'extirpant de cette pensée.
- T'es avec nous ?
Wyden me fouille du regard, interessé. J'acquiesce d'un signe de tête et lui souris pour faire réapparaît son sourire à lui. Il étire alors ses lèvres, dévoilant ses dents blanches tout en creusant de délicates fossettes au creux de ses joues. Je secoue la tête. Cette époque est révolue et pour une bonne cause. Maintenant je fais ce qui me plait sans attendre l'approbation d'une société qui ne voulait pas de moi. Et puis j'ai fait de belles rencontres, n'est-ce pas ?
Dans la nuit, un bruit de fond attire mon attention et fait évaporer les fragiles bras de Morphée. Je me lève discrètement. Ce n'est pas un bruit de combat, je vous rassure, et aucune odeur putride ne l'accompagne. C'est le point positif d'être proche d'un grand groupe de guerrier. C'est eux qui attirent les créatures. Non, c'est simplement le son d'une discussion. Vous vous demandez alors pourquoi je me suis levée ? Et bien cette conversation me semble plutôt animée et je veux en connaître la raison. C'est donc à pas de loup que je me rapproche suffisamment près pour distinguer les paroles ainsi que reconnaître ces deux personnes.
- Arrête de mentir. Tu peux berner les autres autant que tu le souhaites, mais pas moi.
- C'est pas parce que tu veux quelque chose que c'est la réalité. Redescend sur terre et vois la vérité en face, tu avais tort c'est tout.
- Tort ? Je n'avais rien affirmé, par contre toi oui. Dis-moi, est-ce que cela est puisque tu n'as pas eu le temps de récolter toutes les informations, qu'elles ne t'ont pas plu ou que tu étais trop froussard pour pénétrer dans leur campement ?
Jonas a du mal à se contenir, je peux l'entendre à sa respiration violente et pleine. La tension et le mépris est à peine dissimulé dans leurs intonations.
- S'il y a un lâche ici c'est bien toi.
- Qu'est-ce que tu insinues par-là ?
Matt s'approche du soldat dans un geste d'intimidation.
- Je t'en prie va au bout de tes idées au lieu de te cacher derrière des mensonges et des sous-entendus.
- Parce que tu n'as pas abandonné ta mission d'origine peut-être ?
Un silence de mort m'écrase au sol. C'est angoissant. J'aimerai qu'ils parlent et cassent ce silence assourdissant. Matt laisse échapper un petit rire qui me fait froid dans le dos.
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Guerrière
Science Fiction2183, Westen : 2 751 habitants Cela fait maintenant un siècle qu'un virus a contaminé la majeur partie de l'espèce humaine, les mutant en créatures ignobles. Westen, ville entourée d'immenses murs la protégeant, est dirigée par un système sexiste et...