23. Tests (part. 2)

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Trop brusque. La lame ne se plante même pas dans la cible et tombe au sol. Je souffle encore moins rassurée qu'avant. J'ai raté. Tous les yeux sont posés sur moi. Je prends le deuxième couteau. Au moment du lancé mon bras tremble encore. Le couteau rejoint le précédent au sol. Mes mains sont poisseuses. Je les essuie sur mon jogging.

-        Si c'était juste pour faire ça je vois pas pourquoi elle voulait me prendre mon élastique et mes habits, ricane une voix derrière moi.

Cela me fait me sentir encore plus mal. Pourquoi là je n'y arrive pas ! J'en ai marre de ce foutu stresse ! Je prends un couteau et le lance. Il transperce la cible. Mais sur son extrémité. Ni en son centre rouge. Ni dans le orange. Ni même dans le jaune. Mais dans le blanc, à la limite de la cible ? Je ris intérieurement. Si j'avais réellement voulu viser cette fine bande je ne suis pas sûr que j'y serai arrivée. Mon cœur bat la chamade. Je rate mes deux derniers lancés. Mon cœur bat la chamade. Mon dos est transpirant. Fabuleux. Je me suis bien ridiculisée. A présent la seule chose que je souhaite est de rentrer chez moi et de rester dans ma chambre durant les prochains jours. Sauf que ce n'est même pas 'chez moi'.

-        Bon... Passons à la deuxième partie. Un combat au corps à corps, sans armes. Alors, qui se porte volontaire ? demande le général.

-        Attention, faudra faire doucement pour pas trop l'amocher, se moque une voix masculine.

Je m'avance vers un tapis où s'avance également un homme. Je ne regarde pas autour de moi de peur de croiser le regard de Jonas. Je dois vraiment faire pitié. Je lève la tête vers le blondinet qui me fait fasse. Je vois dans son regard qu'il pense que ça va être facile pour lui, comme s'il regardait une fillette de six ans. Et pendant un instant je me dis qu'il n'a pas totalement tort. Lorsque je me rends compte de ce à quoi je pense, je me mets une gifle mentalement. Si je suis là ce n'est pas pour me laisser faire comme une petite fille. J'ai déjà combattu. Peu c'est vrai, mais je sais comment faire. Avant que le moment de départ ne soit annoncé, j'observe mon adversaire. Il est musclé et grand. A quelque chose près le même gabarit que Matt. Je vais me baser là-dessus.

-        C'est un combat jusqu'à ce que l'un soit KO ou déclare forfait.

-        Essaie de tenir au moins quelques secondes, glousse une femme.

Je l'ignore et me concentre. Lorsque le général déclare que cela commence je n'ai même pas le temps de bien me placer qu'il me frappe de plein fouet. Je me prends un coup dans le ventre suivi d'un dans le dos lorsque je me baisse. Je recule brusquement et me place correctement. Je me force à contrôler mes tremblements. Il sourit. Il faut que j'arrête de penser à ce qui m'entoure, à ma peur de ne pas réussir. Calme. Je tente un uppercut qu'il pare sans soucis. Il m'en envoyant un que j'évite. Je le frappe derrière le genou avec mon os du pied. Il perd l'équilibre quelques secondes mais cela me suffit pour lui lancer un coup dans la mâchoire. Alors qu'il tombe à la renverse il m'attrape le bras. Je chute avec lui. Nous nous relevons avec peine puisque chacun bouscule et frappe l'autre à tout bout de champ. Je m'essuie le visage d'où coule du sang. Une fois debout, je lui envoie mon genou dans le ventre. il l'attrape en vol et me retourne face contre terre. Dans ma rotation je lui envoie ma jambe en pleine figure. Je me retrouve sur lui, au sol. Il me retourne et je lui renvoie la pareille. Je le bloque cette fois-ci avec son bras contre son dos et mes jambes qui préviennent toute attaque provenant des siennes. Il est immobilisé. Le combat prend fin. Je me relève dans le silence, face au général. Il a l'air blasé. Je me tourne vers l'homme que j'ai battu et lui tends ma main pour l'aider à se relever. Il hésite. Fixe ma paume. Et se décide finalement à l'accepter.

-        Tu te débrouilles pas trop mal, ça va, il m'annonce.

-        Toi non plus.

Il sort un chiffon de sa poche et s'essuie avec puis me le tend.

-        Tu saignes au coin de la bouche.

Alors je tapote l'endroit en question, il se présente.

-        Tu peux m'appeler Lek et toi c'est quoi ton nom ?

-        Theresy, je dis en lui rendant son chiffon tâché de nos sangs.

Nous avançons vers les autres. Je rejoins Jonas, ignorant les autres au passage. Je ne prête pas attention à ceux qui se sont payé ma tête il y a à peine quelques minutes.

-        Bon ça pourrait être mieux, mais là tu vas te rattraper tu vas voir.

-        J'espère, c'est quoi comme épreuve ?

-        Le pourquoi j'ai demandé à ce que tu passes ces tests.

Son petit sourire ne me réchauffe pas le cœur comme je pourrais. Je ne comprends toujours pas pourquoi le stress a pu me faire rater une épreuve comme celle-ci. Je ne sais dire si je suis dépitée ou énervée. Disons que cela m'agace. Je suis la petite foule de personne jusqu'au stade. La course. Un truc sur lequel je ne peux perdre, ou du moins tout faire capoter. Cela va me calmer.

-        Tu as une demi-heure, quoique non disons vingt minutes parce-que je suis fatigué pour une mini course d'endurance. Plus ta course sera régulière et rapide mieux elle sera, il déclare.

Il me donne vraiment l'impression que je lui fais perdre son temps. Je me positionne alors sur une piste du stade et me baisse jusqu'à ce que mes mains touchent mes pieds. Un minimum d'étirement pour avoir de belles enjambées. Lorsque je suis prête il siffle le départ. J'accélère progressivement. 20 minutes. Ce n'est pas très long. Mais ce n'est pas un sprint. Seulement il faut que je réussisse haut la main pour qu'il me remarque malgré mon échec de première épreuve. Je cours à une vitesse plutôt rapide. Pas autant que le soir où Matt et moi avions fuit les guerriers, mais presque. Allez Tery, tu peux le faire. Mes foulées s'accélèrent à ce rythme pour y rester callées. Je calme les battements de mon cœur. Régulier. Doucement. Régulier. Je prends une respiration stable.

Inspire. Expire. Expire.

Régulier. Je me vide la tête. Je ne pense plus à ce qui m'entoure. Je ne vois plus des soldats qui me regardent inattentivement.

Inspire. Expire. Expire.

L'endorphine engourdie tous mes muscles. J'ai l'impression de voler. La seule chose qui me rappelle à la réalité est la brûlure de mes cuisses. Maus j'aime cette sensation.

Inspire. Expire. Expire.

Les minutes s'écoulent sans que je ne le sente. Et bientôt un coup de sifflet me sort de mes rêveries manquant de me faire trébucher. Je ralentis petit à petit jusqu'à m'arrêter. Jonas me regarde en souriant. C'est bon signe. Je me tourne vers le général, attendant un signe, quelque chose. Son visage clair est neutre. Il se lève avec l'énergie d'un grand-père et retourne dans le couloir. Nous le suivant en silence. Jonas se frai un chemin jusqu'à moi. Je me sens bien. La course est un vrai remède pour moi.

-        Tu as été super sur ce test.

-        Il en reste encore ?

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant