Soudain, un homme sorti du couloir principal et s'avance vers l'accueille. En nous voyant, il s'arrête et nous fixe. Son épaulette rougeoyante contraste fortement avec l'uniformité des lieux.
- Que faites-vous ici ? Vous étiez attendus pour quatorze heures précises au près du Conseil et vous arrivez en retard ? gronde-t-il de sa forte voix.
Machinalement, je trouve un soudain intérêt pour mes chaussures.
- Général, je vous prie de nous excuser. Cependant, nous sommes venus à l'heure indiquée, formule poliment Matt.
Le général nous regarde perplexe.
-Expliquez-vous.
Son ton est froid et neutre.
-Le secrétaire a mis du temps à trouver notre convocation, dis-je timidement.
Si ce doit être mon dernier jour sur Terre, alors autant parler et ne plus autant me soumettre aux hommes sous prétexte que cela est la loi. Le général tourne son regard dans ma direction et acquiesce. Puis, il s'oriente vers le fameux secrétaire.
- Attention Browili, menace-t-il, cela fait deux fois aujourd'hui. La prochaine fois c'est la porte, proclame-t-il d'un ton dur.
Après nous avoir ordonné de le suivre, il marche rapidement vers le couloir principal d'où il vient. Celui-ci est large et tout aussi dénudé de couleur. Quelques gardes y sont placés à des intervalles plus importants que dans le hall. Chaque fois que nous passons devant l'un d'eux, ils inclinent la tête comme politesse.
Ce couloir semble interminable, quelques fois ponctué de portes symétriques. Cette blancheur me fait frémir.
Enfin, nous débouchons sur une double-porte en bois. Inconsciemment, nous retenons tous notre souffle. Le guerrier pousse les deux battants et s'engouffre dans cette salle. Lorsque j'y rentre à mon tour, je découvre une grande salle ovale. Mais surtout, un plafond extrêmement haut, comme je n'en avais jamais vu. Plusieurs rangées de bancs sont alignées devant nous, laissant seulement un passage en leur centre. L'homme nous précédant semble entièrement crispé, tout comme nous. Son menton est hautainement relevé tandis que ses mains tremblent faiblement. Est-ce dû au stress ? A la colère ou à la tristesse ? Je ne saurais le dire. Avant que je ne puisse étudier plus profondément ce comportement étrange, Matt me prend la main. Je suis surprise. Il me semblait qu'il m'en voulait de tout ce qu'il s'était passé ? Mais apparemment non puisque celui-ci esquisse un léger sourire dans ma direction. Je dois avouer que je suis perdue. Entre tous ces événements et Matt, je ne sais plus grand chose. Comme pour me rassurer, Matt exerce une petite pression sur ma main.
Nous arrivons à la première rangée. Devant nous se dresse une estrade en bois où est posté un long bureau. En son milieu, notre Aîné - vieil homme âgé d'une trentaine d'année - est assis sur le siège le plus décoré, sculpté d'une multitude de graphiques. A sa gauche se trouve notre Cadet, reposé sur une chaise travaillée de motifs abstraits, de vagues semblables aux vents des temps passés. Puis, à leur droite se situent cinq autres sièges, où sur chaque est gravé le devoir attribué à son occupant. Ces 7 membres du Conseil sont présents aujourd'hui pour nous condamner.
Le général s'arrête à quelques mètres devant l'estrade, et nous l'imitons. Il s'incline rapidement.
- Excusez ce retard dont je suis à l'origine. Lors de leur arrivée, j'ai préféré leur poser quelques questions pour me renseigner et ensuite mieux vous informer. J'ai pensé qu'il parlerait certainement plus facilement avec un général plutôt qu'en face du Conseil, annonce notre escorte.
Son attitude me surprend, dans ses paroles perce une insolence à peine dissimulée.
- Dans ce cas, général Victhorion, je vous déconseille de prendre ce genre de responsabilité. Nous verrons cela plus tard, vous nous avez déjà assez mis en retard comme cela, assure strictement l'Aîné.
L'homme nous ayant servi de guide hoche tête et nous fait signe s'asseoir sur la première rangée. Il s'approche ensuite et nous chuchote de ne parler que lorsque l'on nous y autorise et de se lever quand on formule une phrase. Nous n'avons pas non plus le droit de demander la parole, seul lui peut le faire. J'hoche doucement la tête et me pose aux côtés de Matt. Je suis crispée. Le général se place à quelques pas devant nous, tenant sur l'appui de ses deux pieds.
Alors que L'Aîné commence à énoncer les faits, le guerrier passe ses mains derrière le dos et les accroche ensemble.
- ... nous a rapportés de graves accusations à votre égare et par conséquent nous avons envoyé des forces de l'ordre à votre rencontre.
Il incline la tête en direction d'un membre du Conseil. Celui-ci, vêtu d'un uniforme en cuir noir altéré par deux épaulettes et deux manches rouge sang, s'élance dans une explication plus développée.
- Nos unités sont venues dans votre demeure démentir la véracité de ces propos. Malheureusement, ceux-ci s'avéraient vrais pour la plupart. Nous avons trouvé plusieurs armes dans la chambre d'une femme, annonce l'homme.
Il se lève et claque des doigts. Devant mon air étonné, un homme en uniforme s'avance vers lui et lui remet une large boîte. Il s'ouvre et en sort mes deux anciennes lames ainsi qu'une petite dague. Elles me rappellent tellement de souvenirs... Je secoue mentalement la tête. Ce n'est ni le lieu ni le moment de se livrer à ce genre de pensées. Je reprends ma respiration et me replace, droite, sur ce siège. L'homme aux cheveux ébène lève ces armes et nous les montre.
- Est-ce que ceci vous appartient ? questionne-t-il sèchement.
Ses yeux me fixent sans cligner une seule fois des paupières. La main de Matt se pose spontanément sur la mienne à l'entente de cette phrase. Dois-je dire la vérité ? Ces couteaux pouvaient très bien être rangés au mauvais endroit.
Que je dise la vérité ou non, je perds quelque chose qui m'est cher. La seule vraie question est laquelle me sera ôtée ? Ma liberté, mon lieu de naissance - le seul que je connaisse, ou tout simplement la vie ?
Ne dit-on pas que seule la vérité triomphe ?
Je me mets debout et lâche la main de mon meilleurami. Il faut savoir assumer les conséquences de ses actes. Sansun regard pour Matt qui doit sûrement me supplier duregard, j'ouvre la bouche clairement et distinctement.
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Guerrière
Science Fiction2183, Westen : 2 751 habitants Cela fait maintenant un siècle qu'un virus a contaminé la majeur partie de l'espèce humaine, les mutant en créatures ignobles. Westen, ville entourée d'immenses murs la protégeant, est dirigée par un système sexiste et...