20. Des Larmes Juvéniles

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Rien n'est soit bon ou mauvais, la pensée le rend tel.

William Shakespeare, Œuvres Complètes.


Je m'éveille doucement dans ces draps devenus familiers. Cela fait une semaine que j'habite chez Gabany, sa femme Faeny et son fils Jonas. Ils sont très gentils avec moi, vraiment. Aujourd'hui, je passe à la classe supérieure. Je suis déjà montée quatre fois au niveau d'au-dessus durant ces quelques jours. J'ai appris énormément en peu de temps. Tellement que maintenant, lorsque je réfléchis à ce que j'aurai pu dire il y a encore de ça quelques semaines, je glousse. Je sais parfaitement lire, écrire, compter. Il n'y a que avec certaines choses absurdes de ce qu'ils appellent les mathématiques que je suis encore perdue. Actuellement le plus compliqué consiste à retenir notre Histoire, certaines bases de biologie ou de – comment nomment-ils cela déjà ? M.P.V.S. signifiant méthode et pratique de la vie sauvage ou quelque chose comme cela. Je hausse les épaules en me levant.

Je vais prendre ma douche. Je laisse couler l'eau sur mon corps. Je me dépêche puisqu'après c'est au tour de Jonas de se laver, même si j'ai normalement le temps puisque je me lève plus tôt que lui. Pour cause, j'aime passer voir Matt chaque matin. Il est malheureusement encore inconscient mais le baume a fait effet, c'est le principal. Il guérit peu à peu. Gabany m'a pris ce qu'il restait de ce baume cicatrisant pour continuer le l'examiner afin d'en refaire.

Je m'habille d'un short et d'un débardeur basique. L'hiver est arrivé et les températures qui vont avec aussi. Je descends. Le déjeuner est déjà installé. J'ai pris l'habitude de manger seule le matin puisque je pars avant Jonas et après Gabany, qui est à son travaille depuis près de 5 heures du matin. Faeny, elle me tenait compagnie les premiers jours, mais à présent elle déjeune en même temps que son mari.

J'engloutis rapidement un bol de céréales que je ne connaissais pas jusqu'à présent mais qui me remplissent très bien le ventre – l'estomac si je ne me trompe pas. Après avoir débarrassé mes affaires, je me précipite vers la porte d'entrée. J'aimerai bien avoir au moins un quart d'heure à consacrer à Matt et pas seulement 3 minutes comme hier. J'étais en retard. Mais avant que je franchisse le pas de la porte, j'entends Faeny m'appeler. Elle avance d'un pas assuré vers moi.

- Comme ça tu t'en vas sans dire au revoir, comme une voleuse !

Elle s'approche de moi et me tend la joue. Ayant compris le message je lui dépose un vif baiser sur celle-ci.

- Je te souhaite une bonne journée, je lui lance en souriant.

Elle me regarde filer, un torchon tenu dans sa main, sur sa hanche. Sa bouche plissée m'indique qu'elle n'apprécie toujours pas la manière dont je la tiens à distance. Il ne faut pas m'en vouloir, je ne suis pas habituée à ça. Je ne veux pas qu'elle prenne la place d'une mère dans mon cœur. Je n'ai pas aimé ma première expérience.

J'entre dans la bâtisse bleue, comme tous les matins.

- Bonjour ! je lance à l'homme de l'accueil.

Il me rend mon salut dans un sourire. Il faudrait quand même que je pense à m'arrêter un jour pour lui parler, je ne sais toujours pas comment il s'appelle. Je monte machinalement. Je n'ai plus besoin de réfléchir où poser les pieds, ils y vont d'eux-mêmes. En quelques minutes, je suis dans cette chambre devenu, à mon malheur, familière. Son sol, recouvert de dalles blanches, contraste avec mes chaussures noires. Je m'approche du lit, amenant la chaise – positionnée n'importe comment par ma faute. Je l'installe le près possible. J'écarte un peu la couverture, remontant à présent jusqu'au haut de son cou. Je ne sais pas qui l'a mise comme ceci, il va mourir de chaud. Je découvre alors que son torse est – comme son visage baigné dans la sueur. Je vais chercher un torchon propre sur la table en fer et viens éponger son corps. Avec cette eau sur son corps, il peu attraper froid au moindre coup de vent. Je n'ai pas envie que quelconques microbes ou je-ne-sais-quoi vienne perturber sa guérison. J'écarte quelques mèches châtain de son visage. Je vérifie que le bandage a été changé. C'est le cas. Tant mieux.

Assise sur cette chaise, je laisse glisser ma tête et ma poitrine sur le lit. Je ferme les yeux quelques minutes, savourant seulement sa présence. Dans un soupire, je me redresse.

- Dépêche-toi, veux-tu ?

Je sais que peu importe ce que je peux lui dire, il ne m'entendra pas. Ou peut-être que si ? Je n'en sais rien à vrai dire, mais ce qui est sûr c'est que je n'obtiendrais pas une réponse. Je colle ma paume gauche contre sa joue. Il a encore de la fièvre.

Je descends et marche en direction de l'école. J'aime bien cette ville à vrai dire. Elle est construite sur le même modèle que Westen, d'un point de vue cartographique. Mais la grande différence, qui fait tout le contraste, c'est bien évidement les couleurs et la vie. Ces façades aux coloris multiples me fascinent chaque matin. Des fleurs poussent aux fenêtres, aux portes, dans les jardins minuscules qui bordent une maison sur trois. Et cette ambiance pleine de joie entre les passants. Même s'ils ne sourient pas tous, il se dégage d'aux une paix qui ne colle absolument pas aux tensions entre hommes et femmes de Westen. En y réfléchissant, qui ne collent pas non plus avec une guerre avec ces deux villes.

Je n'ai pas le temps de me pencher plus sur la question puisque je rendre dans l'école avec une classe encore différente de la veille. Je m'assieds à une table. La classe se remplit en quelques secondes. Un garçon vient se placer à côté de moi, ne voyant pas d'autres places. C'est le même enfant que celui qui râlait lors de mon premier cours. Comment s'appelait-il déjà ?

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant