43. Intrusion (part. 3)

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Ses bras croisés sur sa poitrine et son dos droit observent la moindre erreur de ses trois guerriers. Il surveille leur travail et ses affaires qui sont rangés à leurs pieds, dans des sacs. Je peux le sentir, le remède est dans l'un de ces bagages.

Comment y accéder ? C'est impossible d'y accéder sans qu'ils ne nous voient. S'approcher, prendre les sacs et courir ? Mauvaise idée. Très mauvaise. Les distraire ? Pourquoi pas. Attendre qu'ils s'en éloignent ? Ce sera long ou n'arrivera peut-être jamais.

Soudain, un cri étranglé tranche le doux silence estival. Il y a du mouvement. Une partie de la section semble d'agiter non loin. Victhorion tente d'oreille, intrigué. L'agitation se transforme en vrai remous. En voyant que cela s'empire et que certains semblent désemparés, le général sort une lame et s'avance.

- Vous deux, restez ici, ordonne-t-il durement.

Les trois guerriers se regardent. A qui parlait-il ? Avant d'obtenir une réponse, l'un deux s'éclipse vers l'agitation. C'est maintenant ou jamais. Une lame vole. Elle se plante dans la cuisse d'un grand blond. Matt se faufile derrière son camarade, une main sur la bouche et une dague entaillant son cou. Le guerrier ne fait plus un geste, par peur de voir ses jours s'écourter. D'un coup sec, Wyden fait crouler l'autre au sol, évanoui. Tandis que Matt regarde l'agitation au loin, je me précipite sur les sacs. Je sors tout et Wyden m'imite. Il n'y a que de la paperasse. Mon cœur bat la chamade. Matt grogne, le brouhaha fait par la section tend à se dissiper. Je jette le premier sac afin de passer au deuxième. Seulement, un bruit de verre attire mon attention. Je saisi le sac vide et le retourne. Un bout de tissu tombe dans un bruit atypique. Je le prends et l'étoffe glisse. Une fiole opaque. Je n'ai pas le temps de sourire que le guerrier pris au piège pousse un cri ahuri. Je me retourne. Wyden se redresse également, près à partir avant qu'il ne soit trop tard. Quand soudain je me rends compte d'une chose. Le deuxième guerrier a disparu. Je me décale rapidement, stressée. Ma respiration se coupe et mes yeux semblent vouloir sortir de leurs orbites. Une douleur lancinante traverse mon corps entier. Une dague est enfoncée dans ma cuisse. Dans un juron, je me tourne. Le grand blond. Je retire la lame en serrant les dents et vise sa tête. La dague se plante dans son cou. Encore mieux. Dans un soubresaut, il s'allonge dans l'herbe.

Matt pousse le guerrier en avant et lui tranche l'arrière des genoux et du dos. Blessé, il tombe au sol. Enfin dégagés, nous nous élançons à l'extérieur du campement. Seulement, dès que je pose un pied en avant, je sens ma gorge se tordre. A mon tour, je tombe au sol, m'agrippant le cou. J'y trouve alors accroché un fils de cuir.

- Où comptais-tu aller comme ça, jeune fille ? grince une voix calme.

Sans réponse, je glisse ma lame contre mon cou et sectionne ce qui l'opprimait. Respirant enfin correctement, j'avale une gorgée d'air et crache par terre. Rapidement, je me redresse en ignorant ma jambe lourde. Je ne peux pas l'ignorer, alors je lui fais face. A moins de deux mètres de moi, le général se tient droit. Je relève le menton et plonge mon regard dans le sien. Je n'ai pas peur de le regarder en face. Et si cela me traverse l'esprit un instant, il est hors de question qu'il ne sache.

- L'on ne dit plus bonjour ? Ta génitrice t'a donc bien mal élevé.

Sa bouche sourit, mais pas ses yeux.

- Je ne salue que les personnes que je juge respectables. Enfin, si cela ne vous ennuie pas, je vais m'en aller. J'ai seulement été attiré ici par tout le bruit que vous faîtes.

Je ne crains pas de soutenir son regard, je sais qu'il ne me reconnaîtra pas. Il m'a vu un jour seulement et alors je portais une robe et de longs cheveux.

- Non, cela me dérange. Voyez-vous, je pensais que nous pourrions dîner ensemble.

Tandis que j'hausse un sourcil, il précise.

- Vous et vos amis, annonce Victhorion d'un sourire mesquin.

Je n'ai pas besoin de jouer la surprise puisque mes yeux s'écarquillent tous seuls lorsque j'aperçois Thaym, Jonas et Shesy derrière lui. La mine navrée de Jonas se fond avec celle emplie de mépris de la jolie blonde qui se tient à sa gauche. Thaym semble ailleurs, perdu dans des souvenirs inaccessibles et si lointains qu'ils le retiennent dans un coin de son propre cœur.

Je me tourne et retourne dans toutes les directions afin d'observer les alentours, les personnes, mes supposés amis et, officieusement, si Matt et Wyden sont à l'abris. Et, en effet, ils doivent l'être puisque mes yeux ne retrouvent pas leurs silhouettes familières. Sans le montrer, mon cœur se relâche un peu à l'idée que les deux personnes que j'aime le plus soient en sécurité. Dans un geste théâtral, le général se penche à mon oreille :

- Ne t'en fais pas Theresy, mes hommes sont après eux. Ils seront près de toi d'ici quelques minutes.

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant