24. Invités Surprises (part. 3)

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Une fois douchée, changée, coiffée, je m'installe dans le canapé. Je regarde un livre image de la famille. Au début, il y a beaucoup de portraits de Gabany et Faeny lorsqu'ils étaient jeunes, puis plus tard avec un bébé dans les bras. Puis d'un deuxième. Et par la suite plus d'images des enfants que des parents. Un portrait montre une fille tenant par les épaules son petit frère. Celui-ci a son pantalon tâché de boue alors que sa sœur sourit de toutes ses dents – ou presque puisqu'il lui en manque deux devant. Une inscription accompagne l'image en dessous. Jonas, 5 ans et Elona, 8 ans.

Une tête blonde se penche au-dessus de moi, regardant ce que je fais.

-        J'me rappelle que ce jour ma mère m'avait crié dessus parce qu'on devait aller à une réunion importante, je sais plus laquelle, et moi je m'étais amusé dans la terre, se remémore Jonas en apercevant ce portrait.

-        Tu m'étonnes ! Regarde dans l'état où tu étais, je glousse.

-        Ouais, bon je te dis à demain, j'y vais.

Il pose une main sur mon épaule en guise de salut et s'en va tandis que je lui réponds un aurevoir.

Un peu plus tard, Gabany descend et me demande si je suis prête. Il sent encore le savon et l'eau de toilette. Je lui dis que oui et alors il m'annonce que ces fameux invités ne vont pas tarder à arriver.

-        C'est qui ? je demande en me retournant vers lui avant qu'il ne s'éloigne.

-        Je ne pense pas que tu les connaisses, c'est un père et son fils. J'ai besoin d'eux pour des renseignements sur ton baume et quoi de mieux qu'en parler autour d'un bon repas ?

Il s'en va à la cuisine, vérifier que tout est en état.

Une demi-heure plus tard, quelqu'un frappe à la porte. Gabany se dépêche d'ouvrir la porte dans un grand sourire, puis de s'effacer pour les laisser passer. Faeny fait son entrée dans la salle à manger à ce moment précis. Je me lève et vais accueillir nos invités. Un grand homme d'une trentaine d'années passées me salut, faisant apparaître des pattes d'oie aux coins de ses yeux. Sa chevelure brune est coupée court. Alors qu'il échange une accolade avec le médecin, son fils se laisse apparaître. Ses yeux grisonnants se posent sur moi avec étonnement. Je fronce mes sourcils.

-        Maygas, je te présente Theresy. Theresy, voici Maygas un homme très utile pour des renseignements extérieurs aux murs. Je vous laisse faire connaissance, déclare Gabany en nous invitant à prendre place autour de la table.

Le fils prend place à côté de moi suite à la demande de Faeny.

-        Je ne pensais pas te voir ici, j'articule.

-        Pareil, acquiesce Wyden.

Une discussion animée ne tarde à s'installer entre les deux hommes. Elle s'interrompt uniquement lorsque Faeny apporte le plat à table.

-        Tu vois, j'ai fait une découverte fascinante y a quelques temps grâce à Theresy, fanfaronne Gabany en me jetant un regard en maintenant le suspens. Elle m'a donnée un baume qui permet de cicatriser, j'ai étudié la composition mais y a des plantes utilisées que je n'connais que de nom.

-        Donc tu as évidement besoin de certaines connaissances que je possède. Laisse-moi deviner, tu aurais besoin d'en produire afin de venir en aide à de multiples personnes. Mais tu ne sais point comment ou bien à quels endroits les acquérir, réfléchit-t-il en souriant.

Il hoche la tête et débute une liste certainement retenue par cœur de nombreuses choses aux noms complexes. Tandis qu'ils se perdent dans des réflexions, Maygas ne tourne vers moi.

-        Puis-je savoir où l'as-tu obtenu ?

-        Vous n'êtes pas d'ici, j'affirme pausément. 

-        Effectivement, toi non plus cela se perçoit facilement.

Il penche sa tête sur le côté, intéressé.

-        Vous aussi, à votre manière de parler et à votre prénom, dis-je curieuse.

-        D'où je viens d'après toi ?

-        Je n'en ai aucune idée, je lève les yeux en haussant mes épaules, pas d'ici.

-        Et donc pourquoi Gabany s'adresse-t-il à moi ?

-        Puisque vous avez vu plus de choses que lui. Comme vous avez voyagé, vous avez plus d'expérience et de connaissance.

-        Très belle déduction, et exact même si le terme du 'voyage' ne me convient pas réellement.

Une bien longue conversation s'étend sur tout le dîner où tout le monde participe, donne son avis, partage ses connaissances ou celles apprises du voisin. Puis Faeny, Wyden et moi nous désintéressons de ce flot incessant de paroles. Il fait une chaleur étouffante dans la pièce. Je n'ai qu'une envie c'est d'ouvrir la fenêtre pour laisser pénétrer la fraîcheur nocturne. Mais je renonce à demander lorsque je comprends que je ne pourrais pas placer un mot. Je me lève et déverrouille le loquet, puis ouvre en grand.

-        Sors un peu prendre l'air si tu veux, me propose Faeny en me voyant faire.

Je lui lance un sourire et m'écarte.        

-        Je viens avec toi alors, s'exclame Wyden.

Une fois dehors, la porte refermée, il pousse un soupir de soulagement.

-        On mourait d'chaud là-dedans.

-        J'ai mal à la tête avec toutes leurs paroles, j'annonce en mettant la main sur mon front.

Une brise nous enveloppe tendrement. Le simple silence de la nuit suffit à m'apaiser, j'en oublierai presque la présence de Wyden.

-        Tu ne parle pas comme ton père.

-        C'est normal, quand on est arrivé ici j'étais un gamin.

-        Que vous deux ? je questionne.

-        Pourquoi tu es ici en fait, tu vies là ?

-        C'est Gabany qui a tenu à m'accueillir chez lui.

Il n'y a que pour seul bruit celui des habitants environnants, ils discutent. Le frémissement bercé des feuilles me manque.

-        Et bravo pour ta course à ton troisième test, t'étais vraiment rapide.

Son regard n'est pas dirigé vers moi mais vers les nuages qui survolent dangereusement nos têtes.

-        Je ne savais pas que tu étais là-bas, je ne t'ai pas vu.

-        Parce-que tu m'as cherché ?

Sa tête dérive vers la mienne et j'aperçois son sourire immature bordé d'un regard coquin. Je ne m'empêche pas d'esquisser un sourire en lui rétorquant que cela lui aurait peut-être plu mais que ce n'était pas le cas.

Et je suis contente de ne pas avoir voulu chercher son regard parmi les soldats. J'aurai peut-être aussi perdu le combat au corps à corps, qui sait ?

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant